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04 mars 2007

Le FMI et la Mondialisation : La fin du projet humaniste dans l'Economie politique ?

Des l'origine basé sur les principes de la coopération internationale pour relever les défis du développement à nos jours selon le nouveau credo de la concurrence des marchés spéculatifs : comment expliquer l'échec moral et la subordination aux intérêts financiers de l'autorité internationale ? Quel est le plan d'organisation financière qui aurait évité l'effondrement dans la crise néo-libérale ?

Introduction

"Durant les années 1930, les grandes économies du monde se sont trouvées aux prises avec des taux de change instables et des politiques commerciales restrictives. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les économies européennes durement touchées ont nécessité une forte injection de fonds provenant de l’extérieur pour les aider dans leurs activités de reconstruction et de développement. La coopération internationale s’imposait d’urgence pour relever ces défis." (1)

Or nous verrons comment par le glissement sur le régime monétaire et l'adoption du système de "spéculation régulative", nous sommes passés de la politique de coopération internationale à la situation de guerre économique. Quelles sont les réformes à mettre en place et les nouvelles perspectives économiques ?

Origines et fonctionnement du FMI

"Les accords de Bretton Woods furent signés le 22 juillet 1944 au Mount Washington Hotel, à Bretton Woods, suite à trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l’ensemble des 44 nations Alliées. Ils ont dessiné les grandes lignes du système financier international de l'après-guerre. Leur objectif principal fut de mettre en place les bases de la politique monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la Seconde Guerre mondiale.

Ils furent principalement préparés par John Maynard Keynes, qui dirigeait la délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor américain. La France y était représentée par Pierre Mendès France; il y avait aussi un observateur soviétique. Le plan Keynes fut ébauché dès 1941, et préparait un véritable système monétaire mondial (le bancor). La partie américaine, construite à partir de 1942, proposait plutôt de créer un fonds de stabilisation, construit sur les dépôts des États membres, et une banque de reconstruction pour l'après guerre."(2)

Ce "fonds de stabilisation monétaire" ou Fonds monétaire international (FMI) est donc créé afin de promouvoir la coopération monétaire à l’échelle internationale, de favoriser la stabilité des taux de change et de fournir une aide financière temporaire aux pays membres ayant de la difficulté à équilibrer leur balance des paiements.

Aujourd’hui, 184 pays sont membres du FMI. Chaque pays membre est représenté par un gouverneur au sein du Conseil des gouverneurs du FMI, qui prend les grandes décisions de l’organisme; dans la plupart des cas, plusieurs pays sont représentés par un même gouverneur. Le FMI est dirigé par un directeur général qui préside le Conseil des gouverneurs.

Chaque pays membre s’engage à verser au FMI, aux fins de la création d’un fonds commun, une souscription égale à sa quote‑part, laquelle détermine également son droit de vote. La quote‑part est fondée sur l’importance sur les plans économique et politique du pays dans le système commercial et financier international.

Ces quotes‑parts fournissent au FMI les ressources financières dont il a besoin pour venir en aide aux pays membres, et un pays membre peut emprunter, sous quelques contraintes, jusqu’à concurrence de la limite de la première tranche (les premiers 25 %) de sa quote‑part. Pour contracter un emprunt sur la valeur d’autres tranches, un pays doit satisfaire à d’autres conditions.

Pendant les 30 premières années de son existence ou presque, le FMI s’est préoccupé surtout de maintenir un système de taux de change fixe appelé le système des parités. Dans le cadre de ce système, les États‑Unis ont convenu de fixer le prix de l’or à 35 $US l’once. Les taux de change des devises des pays membres pouvaient être rajustés en fonction du dollar américain et dans des fourchettes déterminées.

L'abandon de Bretton-Woods

Au début des années 1970, le système de taux de change fixe de Bretton Woods, qui s’est révélé irréalisable pour des raisons politiques et économiques, a été remplacé par un système de taux de change flottant.

Les architectes de Bretton Woods avaient pour but premier d’assurer la stabilité des taux de change.
Le nouveau système donne une place prépondérante au dollar, et les autres monnaies voient leur cours indexé sur lui. C'est le système de l'étalon change-or ou Gold Exchange Standard. Seul le dollar était une monnaie suffisamment forte pour satisfaire la demande internationale croissante en liquidités. La force de l’économie américaine, le taux fixe du dollar par rapport à l’or (35$ l’once) et le fait que ce taux soit garanti par le gouvernement américain rendaient le dollar aussi attractif que l’or. En réalité il était même plus attractif car il produisait des intérêts et était plus flexible d’utilisation que l’or.
Les réserves des Banques Centrales doivent alors être constituées de devises et non plus d'or (En fait, il est théoriquement possible de gager une monnaie nationale sur l'or, mais seuls les États-Unis peuvent se le permettre. La tentative en ce sens de la Grande Bretagne a été un échec.).

Cependant, le système de l’étalon-or reposant sur des taux figés n’apparaissait plus adapté aux exigences de l’économie moderne. De plus la production mondiale d’or ne permettait plus de faire face aux besoins de l'économie liés à la croissance du commerce et de l’investissement.

"Dans L'or et la crise du dollar (1960), Robert Triffin note que le système de Bretton Woods induit que les États-Unis aient une balance des paiements déficitaire afin d'alimenter le monde en moyens de paiements internationaux. Toutefois, ce phénomène a un autre effet : il contribue à un affaiblissement progressif de la confiance des étrangers dans le dollar. Ainsi, les besoins importants de l'économie mondiale en une devise fiable, le dollar, contribuent paradoxalement à la perte de confiance en la fiabilité de cette monnaie." (2)

Une critique formulée à l’encontre du système mis en place par ces accords qui porte sur le fait qu’aucun contrôle n’avait été instauré sur la quantité de dollars émis, ce qui permettait aux Etats-Unis de faire tourner la planche à billets et ainsi de s’enrichir sur le dos du reste du monde obligé de subir l’inflation résultante.

Le 15 août 1971, Nixon abolit de fait la convertibilité du dollar, mettant ainsi fin aux différentes formes d'étalon-or. Les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar.

La contrebande du Dollar

L'érosion de la valeur du dollars US n'est pas étrangère a un trafic international illégal sur cette devise. La monnaie britannique qui avait été utilisée avant guerre pour seconder l’or, ne remplissait plus ce rôle, mais la City de Londres va redevenir la première place financière du monde, du fait de la convergence de plusieurs facteurs :

1. Des dollars sont utilisés en monnaie palpable (dollars papiers) par les firmes américaines investissant surtout dans l'Europe d'après-guerre ;

2. Une partie des réserves d’or mondiales était détenue par l’Union Soviétique qui ne participerait pas à un système capitaliste de régulation des changes. Dans les années 50, la place anglaise est favorisée par les autorités soviétiques comme lieu de dépôt de leurs avoirs en dollars, par crainte de voir ceux-ci bloqués si elles les confiaient à des banques américaines ;

3. Aux Etats-Unis La Regulation Q plafonne le taux de rémunération des dépôts bancaires à terme. N'étant pas conçue pour un univers inflationniste, elle a causé des déséquilibres importants dans le système financier américain dans les années 1960 et 1970 ;
4. Les agents financiers de la City ont eux-mêmes préparés leur revanche sur la domination de Wall Street et surtout sur la réglementation financière inter-étatique. Dans « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière" Gary Burne, de l'université du Sussex ecrit :
"la création du marché de l'Eurodollar dans la City à la fin des années 50 a été la conséquence directe de la détermination de l'élite financière britannique à rétablir un ordre de régulation qui soit largement indépendant de l'Etat. Car le contrôle de l'activité bancaire, initialement introduit par les demandes d'une banque privée [la Banque d'Angleterre] sous les ordres d'une élite à la City, était demeurée jusqu'à la crise de 1931 l'affaire privée de la Banque d'Angleterre et de la communauté bancaire des marchands de la City, ne relevant pas du domaine public, au parlement ou au gouvernement. Cela dit, l'effondrement du gold standard et de l'ordre financier international, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui mit le pays sur un pied de guerre financier, amena la Banque et la City sous le contrôle croissant du gouvernement, qui devait inévitablement se conclure par la nationalisation de la Banque en 1946."

« Il est généralement admis que l'année 1957 a vu l'apparition d'un nouveau marché international de l'argent à la City de Londres, le
marché de l'eurodollar, qui a marqué le début d'un tournant fondamental dans les relations financières internationales ; d'une
période orientée vers la perpétuation de différents régimes nationaux distincts d'accumulation, au sein d'un système qui était
presque entièrement régulé, à la période actuelle caractérisée par l'adaptation aux demandes de la spéculation globale avec un
système déréglementé pour l'essentiel (...) rétablissant l'hégémonie du marché financier international sur la souveraineté
économiques des Etats et minant dans ce processus leur capacité à gouverner.
« Le marché naissant des eurodollars en 1957 est la pierre angulaire du système financier international actuel ; il marque le commencement du retour à l'ordre libéral international du laisser-faire, entre les mains de banques privées et de banques centrales, qui s'était effondré dans l'ignominie en 1931 (.) Ainsi, avant même que ne soit effectivement opérationnel le système de Bretton Woods (1958), créé avec l'intention explicite de prévenir une réédition de 1931 en appelant au contrôle de tous les mouvements de capitaux internationaux afin de stopper l'étranglement du commerce international par les flux financiers spéculatifs, son esprit même était déjà détourné par les événements intervenus à la City. Le capital financier, subordonné au capital productif comme il l'était dans les débuts de l'après-guerre (...) était finalement libre à nouveau. "

"La Banque avait trouvé en Montagu Norman la personne idéale pour conduire la City dans ce qui était tout d'abord une bataille
idéologique. Il croyait en la primauté des marchés et son idée force, selon Emile Moreau (gouverneur de la Banque de France, 1926-30),
était que la stabilité dans les relations internationales ne pouvait être assurée que si les banques centrales parvenaient à "sortir les
problèmes économiques du champ politique". Le fait pour l'Angleterre d'être dans le gold standard, avant que n'éclate la Guerre de 14,
assurait que la politique monétaire restait hors du contrôle gouvernemental et ainsi techniquement "en dehors du politique". (3)

Ces dollars investis hors des Etats-Unis ou eurodollars sont utilisés par les banques non-américaines. "Ils sont négociés à des taux légèrement inférieurs aux taux du marché et cette aubaine a le don d'attirer les banques internationales qui les négocient progressivement en monnaie impalpable (dollars scripturaux).
Les eurodollars se multiplient alors mécaniquement (effet multiplicateur du crédit) par le jeu de prêts en chaîne entre banques du Nord (Société Générale, Crédit Lyonnais, Bank of America, etc.). Ce mécanisme est au départ développé dans le plus grand secret. Personne ne s'émeut de cette multiplication de dollars apatrides.
Au milieu des années 60 débute le développement des euro-obligations, c'est-à-dire des prêts octroyés par les banques en eurodollars, le tout en dehors de tout contrôle étatique : il s'agit d'un marché parallèle libre de toute règle.

Les eurodollars croissent alors de manière exponentielle et le phénomène débouche sur la "surliquidité" des banques. Ayant accumulé les dépôts en eurodollars sans trouver suffisamment d'emprunteurs, les banques du Nord vont alors prêter leurs surplus à des taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs, aux pays du Tiers Monde." (a)


La mutation néo-libérale du FMI


Réuni à Kingston en Jamaïque, pays membre du Commonwealth depuis son indépendance en 1962, les 7 et 8 janvier 1976, le Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) adopte des accords qui mettent un terme définitif au système monétaire de parités fixes mais ajustables. Il ne s'agit en fait que d'une régularisation, les monnaies étant flottantes depuis le 19 mars 1973.

Les accords de la Jamaïque s'appuient sur trois dispositions essentielles:
- l'abandon du système des taux de changes fixes et la légalisation du nouveau système : le régime des changes flottants
- rôle de surveillance attribué au FMI
- suspension de toute référence au Dollar et à l'or au sein du Système monétaire international et place prépondérante accordée aux droits de tirage spéciaux (DTS). Il s'agit d'une monnaie fictive ou plutôt d'un panier de monnaies telles que la Livre, le Dollar, et le Yen. (A titre d'information la Banque centrale européenne garde 40 millions d'euro en réserve dont 15% en or et 85% en dollars et en yens).

Le régime de change flottant est un système permettant de donner une valeur à la monnaie. Pour ce faire on ne se base pas sur une valeur étalon, il n'existe pas de parité officielle entre des monnaies. Le taux de change d'une monnaie varie librement sur le marché des changes en fonction de l'offre et de la demande pour cette monnaie. Le taux de change varie donc en principe selon la quantité de crédit émise par chaque pays. Une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises.
Sur le plan national il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette auprès des institutions financières. (4)

La soumission aux exigences de la finance spéculative

Le rôle de surveillance de la politique économique nationale par le FMI vient appuyer les nouvelles prétentions des pourvoyeurs de crédit.

"Par exemple, avant de consentir un prêt sur la valeur d’une deuxième ou d’une troisième tranche, le FMI peut s’entendre avec le pays membre sur un programme visant à maintenir son déficit budgétaire en deçà d’un certain pourcentage de son produit intérieur brut, ou à éliminer les obstacles à l’investissement à l’étranger."

Ici les conditions posées par le FMI en terme d'orthodoxie financière dans la gestion de la dépense publique et le conditionnement à des mesures de désengagement de l'état du secteur privé paraissent systématiquement favorable aux investissements étrangers par le maintien d'une parité élevé de la monnaie, la diminution des prélèvements fiscaux, la vente des secteurs économiques rentables à des intérêts privés, la déréglementation tarifaire pour les marchandises importées et la libre circulation des capitaux. Mais est-ce réellement les mesures nécessaires au développement économique du pays ?

Ces conditions qui paraissent tantôt utiles, tantôt contestables vont transformer le FMI en une machine infernale pour les économies du Tiers-monde.

Ainsi : "Dans la seconde moitié des années 70, les deux chocs pétroliers entraînent le développement des pétrodollars (les dollars issus du pétrole), venant s'ajouter aux eurodollars dans les caisses de banques de plus en plus "surliquides".

Alors que la crise au Nord se généralise et que les débouchés se contractent dangereusement, le recyclage des eurodollars et des pétrodollars des banques du Nord vers le Tiers Monde prend des proportions démesurées. Entre 1970 et 1980, le montant de la dette du Tiers Monde contractée auprès des banques internationales est multipliée par 33, alors que la dette contractée auprès des Etats et des institutions financières multilatérales (souvent pour financer les "éléphants blancs" et autres projets "clé sur porte" inadaptés aux besoins locaux et écologiquement destructeurs) n'est multipliée que par 5.
En 1979, les Etats-Unis décident unilatéralement d'augmenter de manière drastique leurs taux d'intérêt. Or, les taux des prêts octroyés au Tiers Monde par les banques "surliquides" étaient variables et directement déterminés par les taux américains. L'augmentation des taux américains aboutit ainsi à une explosion mécanique des remboursements de la dette du Tiers Monde et à la crise d'insolvabilité des années 80." (a)

Nous ne voulons pas ici créer de polémique sur l'origine de la dette du Tiers-monde dont la responsabilité repose aussi sur les autorités nationales. Mais il faut aussi mettre en cause l'activité de prédation financière qui s'est organisée sans que le FMI n'affiche d'autre réaction que symbolique. D'abord dans le laxisme face à la spéculation sur les eurodollards qui contribue à la dévaluation de la monnaie-étalon, ensuite sur l'endettement incontrollé des pays en voie de développement qui semblent avoir été les cibles de stratégie de déstabilisation financière. Enfin sur l'endettement croissant de la plupart des nations industrielles qui ont poursuivi après 1973 une politique fiscale et redistributrice qui n'était possible que dans le cadre de taux de change ajustables et d'une régulation économique stricte sur le plan des flux financiers, des protections tarifaires et des paiements internationaux.

Il faut donc reconnaître ici que le FMI a fait défaut dans toutes ses missions : que ce soit dans le maintien du régime de taux de change fixes de Bretton-Woods qui a permi un remarquable développement économique de 1945 à 1973, dans l'assistance aux pays contributeurs en vue de la stabilité et du développement économique national et enfin dans le cadre du régime des changes flottants en acceptant ce système de création monétaire par les institutions financières en échange de bons du Trésor ; système qui contribue à gonfler artificiellement la dette nationale à mesure du besoin de liquidités et la charge des intérêts a payer par les contribuables au bénéfice des financiers.

Un nouveau système monétaire


Ainsi aux excès des politiques inflationnistes des Etats qui avaient fait de l'émission monétaire un moyen de politique clienteliste répond
les excès d'une spéculation financière, rendue possible avec la complicité des banques centrales et des politiques monétaristes qui ont permis de détourner le droit régalien de création monétaire, dans le but d'organiser une pénurie de la contrepartie monétaire destinée à la production et l'échange des biens par les familles et les entreprises, de manipuler les marchés monétaires et d'augmenter les moyens financiers disponibles pour de nouvelles opérations financières spéculatives.

Dans la confusion de cette mondialisation de l'économie, basée sur la spéculation sur les devises et sur les créances des États, dont les principes fondamentaux concernant l'ouverture douanière et financière n'aboutissent finalement - en passant par l'endettement et la désinflation - qu'à une situation de concurrence et de guerre économique, c'est à dire à l'opposé du projet de coopération économique internationale : il est temps de fixer les objectifs et les moyens d'une réorganisation de l'économie. Une économie qui soit un moyen de développement et de désendettement au service de l'homme et des nations plutôt qu'un asservissement de l'un et une ruine programmée de l'autre.

Face à l'échec évident du système de "régulation spéculative" mis en place avec le régime de changes flottants, il nous faut donc revenir à l'étude du plan Keynes qui a été écarté au profit du projet White lors de la négociation de Bretton-Woods.

"Pour l’après-guerre, Keynes avait imaginé un système où les grandes nations ne seraient pas contraintes de placer le respect d’accords commerciaux au-dessus des objectifs de progrès social, notamment le plein emploi. Il y voyait coexister le libre-échange avec un système de protection généreux assuré par des institutions financières internationales. Celui-ci aurait été caractérisé avant tout par un dispositif d’« ajustement des créances » imposant des sanctions aux pays en excédent commercial, et non aux nations en déficit. Cela aurait contraint les premiers soit à accepter une discrimination à l’encontre de leurs ventes, soit à élargir leurs marchés intérieurs pour absorber plus d’importations. Parallèlement, chaque débiteur aurait eu droit à une ligne de crédit dans un système international de paiement, appuyé sur un mécanisme de compensation et une monnaie de réserve mondiale (le bancor)."

"Un tel ordre était inacceptable pour les États-Unis. Dans un monde dominé comme il l’était alors par la supériorité écrasante de leur industrie manufacturière, l’idéal américain était le laissez-faire économique et l’étalon-or. Un moyen de paiement international qui prenne en compte les intérêts des débiteurs était aussi étranger à la pensée de Wall Street que le serait, pour le commun des mortels, l’idée de confier la direction d’une prison aux détenus. Les dettes contractées devaient être remboursées le lendemain, coûte que coûte. Les finances de l’après-guerre devaient être gérées par les riches. Au bout du compte, les Etats-Unis acceptèrent un FMI et une Banque mondiale sur des bases beaucoup plus traditionnelles que ne l’avait espéré Keynes, malgré quelques concessions." (6)

Sur le plan national il est également nécessaire de restaurer la souveraineté nationale sur la politique monétaire en restaurant le droit d'émission monétaire par une banque nationale. Une institution qui sera responsable de la mise en circulation de la contrepartie monétaire des richesses produites. Et, a cet effet, chargée de superviser les investissements industriels en faveur du développement régional. Ainsi par divers moyens juridiques et techniques, par la Banque centrale qui régule la création monétaire en “encadrant” le crédit et les opérations de change : Les gouvernements doivent imposer la loi aux financiers. (7)

De plus il est souhaitable de mettre en place un système de crédit social. Ceci en plaçant sur des comptes de banques régionales, à la disposition des particuliers et des entreprises détentrices une ligne de crédit en fonction de leur besoin de solvabilité et secteur d'activité. (8)

Ces réformes salutaires nous permettront d'échapper aux affres de la guerre économique et sociale et de la spéculation sur la dette pour renouer avec les objectifs ambitieux et humanistes d'une économie comme moyen d'action au service de l'humanité et du développement durable.

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(1) http://www.canadianeconomy.gc.ca/francais/economy/1944imf.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods
(3) « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière par Gary Burne
(a) http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/eurodollars.htm
(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie#Par_les_autorit.C3.A9s_financi.C3.A8res
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9culation
(6) http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/GALBRAITH/10174
(7) http://economiedistributive.free.fr/spip.php?article975
(8) L'île des naufragés de Louis Even