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14 août 2008

OTAN : Attention Danger !

L'OTAN avait peut-être une petite utilité du temps de la guerre froide en tant que traité d'assistance et de coopération militaire entre l'*Europe et les USA.

Il faut dire "peut-être" et "petite" puisque la France qui a refusé d'y participer entièrement a pu ainsi garantir son indépendance politique et sa capacité d'intervenir comme médiatrice dans certaines crises et apaiser les tensions entre blocs dogmatiques, armés jusqu'aux dents et prêts à détruire le monde pour avoir le dernier mot dans quelque quiproquo ridicule. C'est ce non-alignement relatif de la France qui a certainement sauvé le monde de l'horreur.

Mais aujourd'hui cette organisation apparait de plus en plus comme un moyen d'intervention militaire pour contourner à la fois les principes de la Charte de l'ONU comme ceux de règlement pacifique des différents et de non-recours à la force et aussi ces mandats d'intervention contraignants de l'ONU qui fixent un cadre strict pour les interventions armées respectueuses du droit international.

Ce réseau d'alliance militaire sous commandement unifié qui maintient une solidarité presque mécanique entre les forces armées de différentes nations augmente le risque ; en multipliant le nombre de ses membres, en favorisant un réarmement général, en suivant une politique sécuritaire court-termiste de réponse immédiate, en prônant une sorte de pré-éminence des militaires sur les diplomates, en jouant quasiment le rôle d'une autorité souveraine sans se tenir strictement aux règles et aux procédures des institutions internationales qui permettent le dialogue, la concertation et une réflexion pluraliste, de se laisser entrainer à quelques gestes de provocation ou d'y répondre sans le recul nécessaire pour modérer les réactions et réfléchir aux conséquences : entrainant ainsi le monde entier dans une terrible tragédie.

Nous en avons eu la démonstration au cours de cette crise géorgienne et il faut suivre les différentes réactions de cette organisation pour évaluer le parti pris extrême et la dangereuse fragilité nerveuse de ses dirigeants.

Ce mardi 12 aout 2008 une réunion extraordinaire des ambassadeurs des 26 pays membres de l'Otan s'est tenue au siège de l'Alliance peu après l'annonce de la décision des autorités russes d'arrêter leurs opérations militaires en Géorgie.

Ils ont reçu le chef de la mission de la Géorgie auprès de l'Otan, Revaz Beshidze, chargé de représenter la ministre des Affaires étrangères Eka Tkeshelashvili, "bloquée en Géorgie par la situation sur le terrain".

Mais l'Otan à refusé d'entendre M. Rogozine, représentant permanent de la Russie auprès de l'Otan, qui avait demandé la possibilité d'exposer la position de son pays. (1)

Le secrétaire général de l'Otan a assuré mardi que ce conseil "se tiendra très prochainement".

Dmitri Rogozine a pris acte de cette explication et mis en garde les alliés. "Un partenariat donne une possibilité d'écouter. Si nos partenaires ne veulent pas nous écouter, alors ce n'est plus un partenariat", a-t-il averti.

Tout au long de son intervention, le secrétaire général de l'Otan M. Jappe de Hoop a condamné à plusieurs reprises "l'usage excessif et disproportionné de la force par la Russie", mais il s'est refusé à critiquer l'intervention militaire menée par la Géorgie en Ossétie du sud, une région séparatiste pro-russe, considérée comme le détonateur de la crise avec Moscou.

"Je ne veux pas entrer dans les considérations de qui a fait quoi quand", a-t-il éludé, lorsque la question lui a été posée.(2)

Bien au contraire dans la déclaration officielle de l'Otan le parti est pris donc d'écarter le porte-parole russe et d'orienter les critiques vers la Russie dont - il faut le rappeler - les forces
d'interposition présentes en Ossetie depuis 16 ans n'avaient jamais fait l'objet de réclamation officielle suffisamment fondée de la part de la Georgie devant la communauté internationale pour être acceptée. (3)

Mais chose plus extraordinaire le conseil des ambassadeurs de l'Otan à exprimé leur solidarité et leur soutien aux autorités de Tbilisi alors qu'il ne faisait plus de doute à ce moment que ces mêmes autorités avaient pris l'initiative le 7 aout d'ouvrir les hostilités en bombardant des cibles civiles à l'aide de lance-roquettes multiples et en ordonnant à leurs forces terrestres et aérienne de pénétrer sur le territoire d'Ossétie du sud sans tenir compte des avertissements des forces d'interposition !

Pour ajouter au tableau, hier le 13 aout 2008, les Etats-unis demandent une nouvelle réunion de l'Otan...

"Les Etats-Unis ont officiellement demandé une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan sur la situation en Géorgie, a annoncé mercredi une porte-parole de l'Alliance atlantique, Carmen Romero. La porte-parole, qui a précisé que la Russie ne participerait pas à la réunion, a indiqué que celle-ci pourrait avoir lieu en début de semaine prochaine." (4)

Mais ils insistent pour que la Russie n'y soit pas présente , ni entendue pour présenter sa position et ses objections.
On devine donc facilement par là que ce sont les Etats-unis qui ont décidé d'exclure de la réunion du 12 aout M. Dmitri Rogozine pour mieux organiser un front anti-russe et pro-georgien conforme à leur doctrine sécuritaire et à leur stratégie caucasienne.

Mais en allant plus loin on pourrait se laisser prendre à réfléchir...
Quel est l'intérêt pour les Etats-Unis : d'occulter la responsabilité georgienne dans l'éclatement de cette crise, de prendre le risque d'une dégradation du partenariat avec la Russie, de réagir avec autant de maladresse et une mauvaise foi si évidente ?

La réponse est peut-être trouvée lorsqu'on lit cette déclaration du
candidat républicain à la Maison-blanche datée du 11 aout :
"Ossétie du Sud: McCain propose l'envoi d'un contingent de l'OTAN
"Le Conseil de l'OTAN devrait se réunir en session extraordinaire pour réclamer le cessez-le-feu et examiner la possibilité d'introduction en Ossétie du Sud d'une force internationale de maintien de la paix, et se pencher sur les conséquences (du conflit) pour les relations entre l'OTAN et la Russie", a-t-il déclaré lors d'une allocution lundi en Pennsylvanie."

"Cui Bono ?" A qui profite le crime ?
Et si cette provocation georgienne, si cette réaction inévitable des forces russes, si ces crimes contre des civils impuissants et terrorisés aussi bien en Ossetie qu'en Georgie n'était qu'une mise en scène pour mettre en place un nouveau scénario, un nouvel ennemi à abattre ? Pour forcer les citoyens américains à serrer les rangs autour d'un homme fort qui saura avec l'aide du complexe militaro-industriel et de nouveaux crédits affronter une menace nouvelle (fabriquée de toutes pièces sous nos yeux) selon une recette qui a fait si souvent pencher les votes vers le parti républicain et les va-t'en-guerre extrémistes ?

Si cette hypothèse se trouvait vérifiée cela voudrait dire que l'Otan a perdu toute crédibilité et ne peut plus assurer cette mission originelle de coopération et d'assistance militaire en toute sérénité et avec le sérieux nécessaire. Mais que cette organisation est devenue au fil des ans aussi terroriste et illégale que l'ennemi qu'elle a toujours prétendu combattre.
Dans ce cas il faut déjà se résoudre à ajouter ce nom à la liste des organisations mettant en danger la paix et les droits fondamentaux des peuples au niveau international. Il faut réclamer la dissolution de l'Otan.

En conclusion nous devons certainement nous féliciter de la promptitude de réaction de M. Nicolas Sarkozy qui n'a pas voulu laisser se refermer sur Moscou le piège médiatique et diplomatique mis en place par l'Otan et les Etats-unis. Avec vivacité et ouverture d'esprit, il a décidé de rencontrer le président russe Dimitri Medvedev et son premier ministre M. Vladimir Poutine pour discuter avec eux les conditions de la paix avec le soucis fixe et constant d'épargner les vies humaines.

C'est en quelque sorte, même si cette initiative a été présentée comme celle du président de l'Union européenne, le retour au premier plan de la grande tradition d'une politique étrangère humaniste et conciliatrice de la France, loin de toute crise d'hystérie, de manipulation sournoise, de sinistre arrière-pensée mercantile.
Souhaitons qu'un tel sens de la politique internationale, qu'une présence active de cette classe se maintienne pour faire reculer la tyrannie d'où qu'elle vienne dans l'intérêt de tous les peuples et de la civilisation.