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23 août 2013

De Minos à Thésée et Ulysse : Relecture systémique du "choc de civilisation" en Grèce héroïque

Notre hypothèse de base1 est qu'il existe une logique propre au développement, à la prospérité et au déclin d'une société. Cette approche permet de dépasser un récit historique tronqué, basé sur des faits ponctuels ou des évènements fortuits pour ancrer l'interprétation dans une analyse systémique globale et multifactorielle2. Ainsi la société est considérée comme un système autonome doté d'une certaine finalité, d'objectifs à réaliser sur la base d'une organisation multipolaire et fonctionnelle.
Nous avons arbitrairement désigné ces pôles fonctionnels sous les termes de modèle social, culturel, économique et politique. L’intérêt d'une telle approche analytique est triple : nous pouvons tenter de déterminer quels sont les facteurs qui favorisent la phase de croissance sociale ; de stabilité et de déstabilisation.

Les archéologues ont longtemps cru après la découverte de Troie par H. Schliemann à un âge d'or mycénien... Mais la persévérance dans la recherche, l'intuition qu'il n'y a pas de génération spontanée a permis de découvrir un précurseur à Age du Bronze, une civilisation supérieure Minoenne. Mycènes en serait la pâle copie et l'accompagne dans un déclin vers les « ages obscurs ». Alors que la poésie homérique se révèle une véritable hagiographie de l'aristocratie mycénienne, évoquant des hauts faits de conquêtes, elle pousse à négliger le niveau réel de compétence de l'élite achéenne dans la gestion des affaires civiles. Ulysse illustre un cas peu glorieux d'activité de piraterie mycénienne en méditerranée. Et tandis qu’on valorise cette image du conquérant, on fait moins de cas du rôle d'administrateur et de négociateur de Thésée pourtant reconnu par les historiens athéniens classiques comme à l'origine de l'organisation de la cité-État et de son autorité politique.

Nous avons survolé dans un article précédent le moment de la rencontre entre l'invasion achéenne et la civilisation minoenne sans véritablement insister sur la valeur de l'ancien modèle minoen et les raisons de la faillite du nouveau modèle mycénien. Or, il était nécessaire – afin de justifier cet échec et révéler les interactions systémiques sous-jacentes - de mettre en évidence la complexité et la stabilité du système palatial et les vices profonds du modèle mycénien qui l'ont rendu inapte à reproduire les conditions de paix sociale et de prospérité économique après la conquête du territoire et l'usurpation mycénienne.

C'est l'objet de cet article de contribuer à complémenter et éclairer cette séquence historique. A cette fin la méthodologie systémique - selon l'intention de faire entrer cette notion dans le discours sur l'histoire des sociétés - nous permettra, en distinguant entrants, extrants et dispositif, d'évaluer de façon plus ou moins sommaire le formidable potentiel du système minoen et par opposition le faible niveau culturel et éducatif des nouveaux maîtres achéens qui s’avèrent in fine incapables de concevoir ou d'intégrer les exigences implicites de gestion d'un modèle social complexe. Ainsi la tentative mycénienne - bien que glorifiée par le mythe - ne restera qu'une imposture aristocratique, la caricature barbare (voir proto-féodale) et décadente d'une brillante civilisation crétoise.

Cette relecture systémique permet la déconstruction d'un mythe de l'aristocratie achéenne ou mycénienne qui a été transmis jusqu'à nous, notamment par les poèmes homériques, et qui, bien qu’ayant longtemps imprégné la culture occidentale, ne résiste pas longtemps à l'analyse.

Le système palatial minoen

Nous avons déjà vu que la civilisation minoenne sur l’île de Crète s’avère fort ancienne. Elle a bénéficié des progrès culturels d'un fond de peuplement néolithique égéen qui maîtrisait l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, et bénéficiait d'un réseau étendu d'échanges commerciaux. Ce fond de peuplement est apparenté sinon ethniquement du moins culturellement à la poussée migratoire anatolienne3 entre 7500 et 3500 av. JC - génératrice des Cardiaux, Seskliens et Pelasges - qui propagera la culture du Néolithique vers l'Italie, la France, l'Espagne, la plaine du Danube, etc..
On retrouve chez les Pelasges Diminiens4 qui occupent le territoire à l'age du Bronze « une facture préhellénique suggérant d’ailleurs des affinités avec le sumérien »5




Les chercheurs s'entendent sur la coexistence de trois civilisations apparentées aux Pelasges diminiens6 à l'âge du Bronze : le Cycladique7, l'Helladique8 et le Minoen.

La mythologie grecque a servi de support aux recherches archéologiques. Ainsi Heinrich Schliemann9 se lance dans une campagne de fouille à la recherche de la légendaire ville de Troie10 puis de Mycènes11 connue pour être la cité du roi Agamemnon dans la poésie homérique.
«La « préhistoire grecque » devient un centre d’intérêt pour les savants qui redécouvrent ce qu’ils pensent être le monde d’Homère. Une nouvelle civilisation, baptisée « mycénienne », est alors mise en lumière par H. Schliemann, mais de nombreuses questions se posent encore et les esprits se tournent vers la Crète, une île représentée dans la mythologie grecque par le légendaire roi Minos ou encore par Idoménée, compagnon d’Agamemnon. En effet l’importance mythologique de la Crète conduit certains savants à penser que l’origine de la civilisation mycénienne est à chercher dans cette île. C’est ce qui pousse un archéologue, parmi les plus charismatiques du XXe siècle, le britannique Sir Arthur John Evans, à entreprendre les fouilles du site de Cnossos. Ces fouilles marquent l’histoire de l’archéologie avec la découverte d’une nouvelle civilisation, baptisée « minoenne » par A. Evans, mais aussi des écritures égéennes qui permettent aux historiens et aux archéologues d’entrevoir l’histoire du monde égéen à l’âge du bronze, et de lui donner une place nouvelle dans les études grecques. »12
Loin d'une civilisation primitive et grossière qui aurait précédé le « miracle grec », on s’aperçoit alors – au contraire - que l'Age du Bronze minoen13 représente une civilisation beaucoup plus brillante. Les recherches mettent à jour d'immenses palais, constitués d’innombrables chambres, construits sur plusieurs étages et décorés de splendides fresques colorées.


Cueilleuse de safran, Palais de Théra. Détail de fresque 

« Ces palais étaient construits en pierre, mais les Crétois intercalaient dans les murs des poutres en bois, plus élastiques en cas de tremblements de terre. Les colonnes étaient en bois également, et plus étroites à la base qu'au sommet. Des puits de lumière permettaient d'éclairer toutes les pièces. Le plus remarquable, c'étaient les installations d'eau courante (captée à partir des sources voisines) et les égouts. »
Le Palais de Cnossos s’étend sur 30.000 m2 autour d'une place centrale, il comprend des magasins, des ateliers, des salles de cultes et sanctuaires, des appartements, etc. Il est doté d'un système d’approvisionnement d'eau courante et d'évacuation d'eau de pluie et des eaux usées. On découvre alors des objets précieux liés au culte ou à l'autorité, tels que des sceptres en or gravé, des sceaux, des tablettes ornées de signes scripturaux anciens et indéchiffrables.14 On a pu ainsi déterminer qu’à cette époque la Crète dispose d'un réseau d'échanges commerciaux qui s'étend de l’Égypte jusqu'à l'Espagne dans toute la méditerranée.


Vue d'artiste du palais de Cnossos

« Se basant sur ses découvertes, Evans théorise l’organisation de la civilisation minoenne autour de la notion de « système palatial ». En effet les palais seraient au cœur de l’organisation sociale, politique, et religieuse de la Crète au deuxième millénaire avant notre ère. Le palais semble s’imposer non seulement par sa taille et la richesse de ses décors, mais également par la sacralité qui s’en dégage. Pour Evans l’homme à la tête du palais serait un « prêtre-roi », une sorte de Juge suprême comme l’est Minos dans les Enfers, selon la mythologie grecque. »

Ce qui nous intéresse ici c'est la notion de système palatial. Il s'agit manifestement d'un type d'appareil d'Etat qui va permettre la régulation des flux d'approvisionnement et de distribution via un processus complexe de production, de contrôle de l'approvisionnement et de la distribution.
Dès lors qu'il y a identification d'un système, nous pouvons le schématiser sous la forme d'un dispositif auquel sont associés des flux entrants, sortants et une boucle de rétroaction visant à stabiliser un processus finalisé (c'est a dire doté en toute autonomie d'une finalité et d'objectifs intermédiaires). Une caractérisation plus évoluée peut être faite selon les critères d'identification d'un système.15


Ici le Palais-cité de Cnossos est représenté par un plan des fouilles laissant apparaître les murs, les communications et les chambres autour d'une place centrale.16 Il est défini comme un dispositif principal (B) destinataire d'un flux de ressources (A) et à l »origine d'un flux (C) régulé par une boucle de rétro-action selon un schéma systémique de type « boite blanche »17.
Par exemple le flux entrant (A) peut-être un approvisionnement saisonnier en céréales, qui va être stocké à l’intérieur du dispositif (B) dans une chambre de réserve (On a retrouvé des jarres géantes pithoï pour conserver l'huile, le grain, le vin, le miel18) et distribué (C) en cas de pénurie selon un débit rationné en fonction des besoins et des réserves (régulation).
Mais le Palais minoen semble plus complexe qu'un simple entrepôt – outre qu'il a pu éventuellement servir à la production artisanale à l'image des temples égyptiens - il est surtout un centre culturel (et cultuel), politique et administratif.


On se concentre ici sur quelques aspects du système palatial mais une description plus complète intégrerait les relations avec d'autres sous-systèmes ou systèmes. Par exemple avec le territoire rural, les relations entre palais-cités de Crète ou plus distantes comme Théra, avec les autres cités pélasges diminiennes comme Mycènes, Troie en Anatolie ou celles avec les autres civilisations : les débouchés égyptiens, libanais, ouest-méditerranéens, les tribus achéennes, etc.
On notera aussi l'interaction forte de la civilisation minoenne avec le système géologique régional puisque qu'une série d’événements telluriques (tremblements, éruptions volcaniques, raz de marée) détruiront nombres de palais vers -1700 (éruption explosive du Santorin vers 1600 avant J.-C. et destruction de Palaikastro) qui seront reconstruits au-début du néo-palatial (-1700/-1400) selon certaines précautions et techniques antisismiques.
L'intérêt de cette présentation systémique est multiple : elle permet une représentation cohérente et fonctionnelle selon un langage pluridisciplinaire, la possibilité de modélisation des interactions et de formulation des processus ; donne la possibilité d'identifier et de d'expliciter une problématique dans l'organisation et le fonctionnement, de localiser un dysfonctionnement et proposer ou supposer des préconisations d'ajustement ; de compléter les lacunes des sources et des témoignages historiques puisqu'on doit associer à un produit : un dispositif, des ressources et une supervision et vice versa. Ceci dans un contexte d'interaction avec d'autres systèmes humains ou naturels (géologique, climatique, etc.19).
Ainsi à un niveau de civilisation humaine donné, on entrevoit un ensemble complexe d'interactions et d'institutions qui permettent d’esquisser un modèle culturel, social, économique ou politique. Des modèles a priori évolutifs qui permettent d'assurer autonomie, stabilité et prospérité d'une société.

Dans le cas minoen on entrevoit l’épanouissement, la permanence sur une longue période puis la désorganisation d'un haut niveau de civilisation. Un processus qu'il s'agit d'analyser par l'effet de synergie d'un ensemble de modèles fonctionnels.
Le modèle social trouve ses sources dans un héritage ancestral. Le peuplement Pelasque - on l'a vu plus tôt - est rattaché ethniquement et/ou culturellement aux Mureybetiens. Ceux-ci sont au Moyen-orient des précurseurs du néolithique.20 Cette société de cultivateurs semble déjà dotée de fortes traditions de solidarité communautaire : « Les villages contiennent un grand bâtiment communautaire rond enterré. A l’intérieur se trouve une pièce centrale trapézoïdale, entourée de banquettes et de cellules de stockage des céréales (adoption des vases en pierre). Ce bâtiment peut aussi servir pour le culte des dieux (présence de statuettes) ou des morts (début du culte des cranes).»21 On retrouve ici non seulement une forme archaïque du palais minoen mais aussi ses fonctions traditionnelles comme lieu de stockage, de culte ou de délibération. On observe également une permanence du modèle culturel avec les mêmes objets de culte : la Déesse-mère de la fécondité ; et le Dieu-taureau maître des animaux.
A l’époque du Palais minoen se retrouveront donc ces petits sanctuaires, ces anciennes idoles, des fêtes tauromachiques mais bien sûr également une série d’innovations correspondant à une nouvelle échelle d'évolution culturelle. Il s'agit non seulement d'un nouvel urbanisme et de normes sanitaires (eau courante, égouts, évacuation des eaux de pluies) mais d'administration d'un vaste territoire, de gestion de flux diversifiés de ressources, d'organisation22 de routes commerciales23 et d'aménagement de points de rupture de charges, de collecte et de distribution (ports, comptoirs, marchés) ; de négociation d'accords d'échanges et de droits. Tout ceci induit un modèle d'administration complexe : une écriture ; des sceaux24 ; une hiérarchie bureaucratique (conseillers, comptables, secrétaires, inspecteurs, diplomates, etc.) ; des procédures d'évaluation et d'attribution des compétences ; des érudits25 et un cycle d'éducation supérieure entre -2000 et -1400 av-JC !

Cette civilisation urbaine et pacifique basée sur l'agriculture et le commerce va traverser une série de calamités. Pour les anciens, la colère des éléments relève certainement d'un jugement divin. Les tremblements de terre dévastateurs et l'irruption des guerriers achéens sembleront une punition pour les mœurs impies ou dépravées des habitants des palais. Une licence que l'on peut deviner du fait de l'imbrication des activités dans un espace clos, d'une promiscuité permanente, d'une abondance luxueuse.

Thésée et Ulysse : la récupération mycénienne de l'héritage minoen

Les tribus hellènes indo-européennes en mouvement depuis le nord-est de l'Europe déferlent en plusieurs vagues sur les côtes méditerranéennes. Les Achéens ont déjà conquis sur le continent les places diminiennes d'Athenes, Mycènes et Tirynthe lorsqu'elles se tournent vers la luxuriante Crète minoenne.
On imagine la stupéfaction des cavaliers et guerriers achéens faisant irruption dans ces immenses palais minoens. Le mythe du minotaure dans son dédale de couloirs et de chambres imprègne durablement les esprits. Il reflète bien cette impression de confusion et d'univers labyrinthique (kafkaïen avant l'heure) que des hommes rudes ou peu informés éprouvent dans un complexe administratif moderne.
Leur premier mouvement sera de prendre possession des lieux et de s’étaler sur les trônes des magistrats pour se partager avidement les richesses découvertes de chambres en chambres. Ils vont ensuite prendre possession des navires, des ateliers dont ils découvrent les splendeurs. Ils leur reste à partager le butin humain, les filles et fils de courtisans, les artisans pour les attacher à leur service.
Ensuite on peut penser que la colère de la population locale exaspérée par l’incompétence des nouveaux maîtres à répondre aux nécessités d'une administration complexe ou le simple calcul militaire26, conduit à l'incendie et la destruction des palais.
Mais curieusement, la civilisation Mycénienne27 ne survivra pas longtemps à l'effondrement Minoen. La simultanéité relative entre la destruction de Mycènes et des palais crétois peut faire penser qu'ils ont été les victimes d'une nouvelle vague d'invasion hellène par les tribus doriennes. Une époque sombre succède à cet âge d'or : ce sont les « âges obscurs » durant lesquels la Grèce perd tout rayonnement culturel, toute influence politique.

Deux figures de l'épopée mycénienne semblent révélatrices et déterminantes dans l'interaction avec le système minoen : Celle de Thésée et d'Ulysse. Il s'agit, à travers la déformation du mythe archaïque, de retrouver la piste d'une cohérence factuelle compatible avec l'analyse systémique.
Dans le mythe, Thésée fait partie d'une famille aristocratique d’Athènes, il est le fils naturel du roi Egée. Athènes comme tribut doit envoyer chaque année sept jeunes hommes et sept jeunes femmes à Minos le roi de Crète. Thésée s'embarque avec les autres jeunes gens sur un navire qui fait voile sans encombre vers la grande île et va présenter à Minos son souhait de combattre le Minotaure dans le dédale. Il sera soutenu dans son défi par Ariane la fille de Minos, amoureuse du héros athénien. La légende dit que son père Égée attend son retour avec impatience.
Rien dans ce récit légendaire ne contredit la réalité historique. On y retrouve une description de la puissance minoenne et la figure d'une autorité politique incontestée. Le Dédale est aujourd'hui considéré comme une représentation du palais-cité de Cnossos et le Minotaure à la fois comme une divinité antique du Dieu-taureau « maître des animaux » et l'animal à affronter dans les jeux tauromachiques traditionnels pour mesurer le courage et l'adresse des jeunes hommes. D'ailleurs Thésée est réputé pour avoir déjà participé à ces jeux à Marathon.
Ce qui est gênant c'est qu'on a pris cette aventure pour argumenter sur la violence tyrannique de l'empire minoen, sur la barbarie d'un sacrifice de la jeunesse athénienne, sur la nécessité de l'action décisive d'un jeune héros pour la libération nationale. Pourtant rien n'indique – outre la lutte contre la piraterie sur leurs routes commerciales - que les minoens se soient lancés dans la quête d'une hégémonie tyrannique. On sait que les minoens sont plutôt pacifiques28 ; les armes ne sont pas le point fort de leur industrie et l'image du guerrier rarement représentée ou valorisée dans leur culture. D'ailleurs Minos est unanimement célébré pour son sens de la justice : « De son règne reste l'image d'un souverain juste et bon, que son père prenait souvent comme conseiller ou confident. Après sa mort, il devient juge des Enfers avec Rhadamanthe29 et Éaque. Il s'occupe tout spécialement des gens qui ont été faussement accusés. »30 Il semble que l'on ait retrouvé chez eux (à Cnossos) des traces de sacrifices humains,31 (voire d'anthropophagie?). Mais dans l'état des recherches il s'agirait plutôt d'un cas isolé, bien que l'Ancien Testament rapporte des cas de sacrifices rituels dans la région32, notamment autour du culte de Moloch-Baal33.
En situant cette légende dans son contexte : Thésée a déjà pratiqué des jeux tauromachiques, il est libre d'aller et venir chez les Minoens, communique avec l'autorité et parvient à séduire la fille du Roi. Il est attendu chez lui par son père, etc. ; on pourrait croire qu'il ne s'agisse que d'une épreuve mi-sportive, mi-religieuse comme les jeux de Marathon qui témoigne de relations de bon voisinage comme celles avec la cité de Troie d'avant la guerre homérique.
Il est donc possible que les cités Pelasges aient envisagé une politique de coexistence pacifique dans le cadre d'une « pax minoanica ». Une sorte de politique d'échange culturel qui se justifie par le fait qu'une partie de la Grèce continentale, occupée par les achéens mycéniens, reste peuplée de Pelasges apparentés aux Crétois et Troyens. Cette cohabitation imposerait d’elle-même une politique de conciliation et de compromis. Ceci d'autant plus que la civilisation minoenne sort affaiblie et traumatisée de l’éruption cataclysmique du Santorin (vers -1600).34
Outre cette expérience mouvementée, Thésée devient un éminent réformateur d'Athènes.
« Les origines du mythe remontent au VIIe siècle , notamment d'une épopée archaïque appelée la Théséïde, transmise de manière orale, et dont les appositions par écrits ont été perdus. [...] C'est dans le courant du Ve siècle que le personnage de Thésée est récupéré par l'idéologie civique athénienne, qui fait de lui le fondateur de la cité, de son calendrier, de ses fêtes religieuses, et même de la démocratie. »35
« Sa réforme appelée synœcisme, c'est-à-dire réunir tous les peuples attiques en une entité politique unique, et organiser un pouvoir central établi sur l'Acropole, divisa les territoires contigus ainsi que la répartition du peuple en trois classes : les nobles, les artisans et les cultivateurs (selon Thucydide). Ce faisant, les royautés locales furent abolies, puis une réaction contre cette nouvelle forme de pouvoir populaire valut à Thésée d'être frappé d'ostracisme, banni, victime de sa loi.» Thucydide rapporte : « En effet, au temps de Cécrops et des premiers rois jusqu'à Thésée, les habitants de l'Attique étaient répartis par bourgades, dont chacune avait son prytanée et ses archontes. En dehors des périodes critiques, on ne se réunissait pas pour délibérer aux côtés du roi ; chaque bourgade s'administrait et prenait des décisions séparément. On en vit même faire la guerre aux rois, comme il arriva aux gens d'Eleusis conduits par Eumolpos contre Erechthée. Mais quand Thésée fut devenu roi, quand par son habileté il eut conquis le pouvoir, entre autres améliorations il supprima les consuls et les magistratures des bourgades36 ; les concentra dans la ville actuelle où il fonda un conseil et un prytanée uniques et forma avec tous les citoyens une seule cité. Pour ceux qui continuèrent comme avant à cultiver leurs terres, il les contraignit à n'avoir que cette cité. Tout dépendant d'Athènes, la ville se trouva considérablement agrandie, quand Thésée la transmit à ses successeurs. La fête du syncecisme date de ce moment et les Athéniens maintenant encore la célèbrent aux frais de l'État en l'honneur de la déesse. »37

La réforme attribuée à Thésée n'est pas innocente ; elle vise à établir un système d’État urbain organisé contre l'éclatement rural ou la décentralisation de l'autorité plus favorable aux potentats locaux et propriétaires fonciers. Cette réforme tend à effacer clivage et rivalité entre communautés et à réaliser une synergie des moyens humains et matériels. La « fête de la fédération » organisée par la nouvelle Cité-Etat démontre qu'elle dispose dès lors de ressources, d'un budget : qu'elle devient un système autonome orienté par objectifs et projets et contrôlé par une magistrature, un dispositif de régulation par conseil ou assemblée38. Si on peut supposer dans ce travail de réforme sociale et politique à Athènes l'influence culturelle minoenne, il faut admettre une réaction contraire de la part d’une aristocratie mycénienne opposée à l'adoption d'un modèle politique évolué. Cette réaction est probablement à l'origine d'un mouvement xénophobe qui provoque la guerre de Troie et finalement l'expulsion des Pélasges de la péninsule ou leur asservissement. À Athènes cependant, une coexistence précaire permet la coopération entre Achéens et Pélasges. Ceux-ci semblent exceller entre autre dans les travaux d'urbanisme39 et d'agriculture40. Une instabilité sociale et politique consécutive à la guerre de Troie et contemporaine d'une violente incursion dorienne ou « le retour des Héraclides » va conduire à la destruction des principaux Palais-forteresses Mycéniens ; plonger la civilisation hellène dans les « Ages obscurs » avec la perte de l'écrit et l'appauvrissement de la production artisanale. Ces événements concomitants semblent également provoquer une réaction en chaîne dans tout le monde méditerranéen par la migration de peuplement des Pelasges ou « peuple de la mer ».

En effet, a contrario du réformateur Thésée, Ulysse d'Ithaque - palais-forteresse mycénienne41 - propose une expérience contraire. De l'ambivalence entre fascination et répulsion avec le monde minoen c'est le second terme qui l'emporte. Le cas Ulysse illustre à merveille une rupture de coexistence entre Pelasges diminiens et l'influence d'une aristocratie mycénienne belliqueuse plus soucieuse de gloire et de rapines pour accroître ses privilèges et son patrimoine que de stabilité économique et sociale.
Il est significatif à ce titre que la valorisation de son statut héroïque et de son épopée mythique se soit perpétuée dans le monde occidental.42 Car le personnage et son parcours ne résistent pas à l'analyse rationnelle et n'ont pu être entretenus comme références que par un récit pro-aristocratique, une propagande grotesque destinée à des populations maintenues dans l'ignorance et la crédulité sous la tutelle féodale.
Ce que nous savons sur Ulysse, c'est qu'il est roi d'Ithaque mais pas seulement : « Chaque fois qu'Homère évoque le royaume d'Ulysse, il nomme toujours un archipel composé de quatre îles, et qui correspond à l'archipel actuel des îles ioniennes : IthaqueDoulichion qu'on peut identifier à l'actuelle Leucade, Samé, aujourd'hui Céphalonie, etZakynthos.  […] Dans l’Iliade, il est représenté comme un roi sage, favori d'Athéna43, et habile orateur ; il prit part à la guerre à la tête de douze nefs. Il occupe de ce fait une place d'honneur dans le Conseil des rois. »44 C'est là que se place son premier haut-fait : « Agamemnon veut mettre à l'épreuve les Grecs et leur volonté de combattre ; à cette fin, il propose à l'assemblée des chefs grecs d'arrêter la guerre, qui jusque là est restée vaine. Le projet échoue, car plutôt que de résister comme attendu, les Grecs se précipitent aux navires pour rentrer chez eux. C'est avec peine qu'Ulysse, qui a attrapé le sceptre d'Agamemnon, les ramène au camp, convainquant les chefs, frappant les simples soldats avec le sceptre :
« Mais quand il rencontrait quelque guerrier obscur et plein de clameurs, il le frappait du sceptre et le réprimait par de rudes paroles : - Arrête, misérable ! Écoute ceux qui te sont supérieurs, lâche et sans force, toi qui n'as aucun rang ni dans le combat ni dans le conseil. Certes, tous les Akhaiens ne seront point Rois ici. La multitude des maîtres ne vaut rien. Il ne faut qu'un chef, un seul Roi, à qui le fils de Kronos empli de ruses a remis le sceptre et les lois, afin qu'il règne sur tous. »45
L'assemblée se poursuit mais un incident révélateur se produit immédiatement : « Et, seul, Thersitès/ Thersite46 poursuivait ses clameurs. Il abondait en paroles insolentes et outrageantes, même contre les Rois, et parlait sans mesure, afin d'exciter le rire des Argiens. 
« […] il outrageait ainsi Agamemnôn : - Atréide, que te faut-il encore, et que veux-tu ? Tes tentes sont pleines d'airain [les minoens se servaient de plaques métalliques de bronze ou de cuivre comme unité de valeur dans leurs échanges commerciaux] et de nombreuses femmes fort belles que nous te donnons d'abord, nous, Akhaiens, quand nous prenons une ville. As-tu besoin de l'or qu'un Troien dompteur de chevaux t'apportera pour l'affranchissement de son fils que j'aurai amené enchaîné, ou qu'un autre Akhaien aura dompté ? Te faut-il une jeune femme que tu possèdes et que tu ne quittes plus ? Il ne convient point qu'un chef accable de maux les Akhaiens. O lâches ! opprobres vivants ! Akhaiens et non Akhaiens ! Retournons dans nos demeures avec les nefs ; laissons-le, seul devant Troiè, amasser des dépouilles, et qu'il sache si nous lui étions nécessaires ou non. N'a-t-il point outragé Akhilleus, meilleur guerrier que lui, et enlevé sa récompense ? Certes, Akhilleus n'a point de colère dans l'âme, car c'eût été, Atréide, ta dernière insolence ! »47
En exigeant le silence de Therside et le frappant, Ulysse vise non seulement à restaurer l'autorité politique royale et le despotisme des chefs militaires mais aussi à taire le prétexte fallacieux du casus belli et surtout la question des buts de guerre de ces derniers. Car si les achéens sont devant Troie - cité pélasge parente de Cnossos – c'est bien sûr pour détruire une puissance qui non seulement impose les termes d'une coexistence pacifique et par-là prive le monde mycénien d'une place hégémonique mais plus vénalement renferme des trésors à piller. Des trésors tant convoités dus à une administration régulière des ressources dont les achéens-mycéniens ignorent largement les principes systémiques et applications pratiques en vue d'une stabilité sociale. La cité-état de Troie renvoie aux chefs mycéniens l'image de leur propre barbarie. Ils sont fauteurs d'une guerre injuste et détruisent une civilisation brillante dont le monde grec (et indo-européen) aurait eu beaucoup à apprendre.
Il n'est pas anecdotique que dès le pillage du palais de Troie et la prise de butin de jeunes femmes et esclaves, les chefs achéens se séparent et retournent à leur foyer sans sacrifier aux dieux, les mains souillées de sang et les âmes dévastées d'un sentiment d'indignité.
Pour le reste l'errance d'Ulysse dans l'Odyssée est un conte pour enfant, une histoire à dormir debout. Comment imaginer qu'un aristocrate ayant sous ses ordres douze navires, des marins et originaire d'une île soit incapable de naviguer correctement ou d'engager un pilote mais mette dix ans pour revenir chez lui ? Tout ce roman cousu de fil blanc autour de son aventure ne résisterait pas à une enquête policière de dix minutes. Ne voit-on pas qu'un chef de guerre ayant navires et marins à disposition va s'engager dans la piraterie48 pour accroître son butin et diminuer les parts à partager ? Toujours est-il qu'il revient (comme certains pirates du XVIII eme siècle) « tout seul et incognito » dans sa patrie ; certainement bien incapable de justifier la disparition – sans témoin - de ses compagnons à leurs parents et amis impatients de les revoir... ou de désigner la localisation d'un trésor de guerre qui offrirait une juste compensation à toutes ces disparitions ! Que le héros légendaire soit un mythomane ou un grand navigateur49 n'est pas le fond de la question. Mais n'est-il pas instructif qu'il soit pris de colère meurtrière50 jusque dans sa propre maison, échappant ainsi à toute réclamation ?

Le fait est que tous les achéens n'ont pas pris part à l'aventure troyenne, on voit même Ulysse simuler la folie et d'autres héros du Cycle se faire prier ou décliner la proposition de rejoindre l'armée. Il ne faut pas sous-estimer la possibilité d'un parti neutre voir pro-troyen dans l'élite mycénienne. Les «prétendants de Pénélope»51 sont des nobles qui se sont abstenus de prendre parti dans cette affaire : ils constituent une opposition politique dont la valeur est sous-évaluée.
On dit qu'ils se nourrissent des troupeaux d'Ulysse, qu'ils festoient dans son palais et qu'ils envisagent ensemble de prendre le contrôle politique de l’île. Outre le biais culturel qui provoque notre indignation, ces éléments sont significatifs : car dans la culture minoenne le palais est le lieu de dépôt des productions de tout le territoire, il est aussi un lieu de rassemblement et de festivité et enfin un lieu de décision pluraliste et consensuelle qui associe les savants, les magistrats et autres spécialistes de l'urbanisme, de l'artisanat, du commerce maritime, etc. Ulysse représentant de la culture achéenne militaire, hiérarchique et clanique - engagé dans des activités de piraterie - ne voit pas l’intérêt d'une telle profusion de compétences, ni le potentiel d'une diversité complémentaire des activités en vue de la stabilité et la prospérité de la Principauté - considérée comme propriété patrimoniale et non comme État-. D'ailleurs l'élimination52 de cette faction sera vue comme une prolongation, une suite logique de la guerre de Troie, tant la situation dans le Palais-forteresse d'Ithaque ressemble à celle rencontrée dans la Cité-état ennemie53.
Pour qu'Ulysse fût un chef d’État encore eut-il fallu qu'il soit aussi un magistrat intègre et qu'il engageât une réforme d’État. Ce à quoi toute son éducation, son expérience, ses prétentions et ses abus l'opposait. Triste fin d'un cycle qui annonce l’effondrement mycénien tout entier.

Ce que l'on constate sur cette période c'est que les historiens ont longtemps surévalué l'importance de la culture mycénienne sur la base du récit homérique pendant qu'ils négligeaient une civilisation plus ancienne , complexe et magnifique. Les récentes découvertes indiquent d'ailleurs que le palais-forteresse d'Agamemnon à Mycènes n’était que l'ombre du splendide palais de Minos à Cnossos.
L'attitude ambivalente des achéens à l'égard de l'héritage minoen se manifeste - entre attraction et répulsion - de plusieurs façon mais ne semble jamais vraiment disposé à saisir l'opportunité formidable d'apprentissage et d'imitation d'un modèle exemplaire sous beaucoup d'aspects. Ils perdront pendant des siècles les routes commerciales, le raffinement artistique, la science administrative, la capacité d'établir la prospérité par la coopération, la répartition des richesses et la paix civile. Quelques bribes de cette culture contribueront vraisemblablement à susciter le renouveau de la Grèce classique et partant de là une chance de progrès pour la civilisation occidentale. Pourtant n'était-ce pas là cet âge d'or et cet Atlantide que l'on cherche encore et toujours ?

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1 Si elle vient à être vérifiée sur le plan d'une cohérence interne et externe, le mystère de la civilisation serait enfin dévoilé. L'idée formulé est que la société est complexe, animée d'une série d'interactions de facteurs et des cycles que l'on peut prévenir et réguler par effet de levier.

2 Le rôle de régulation systémique d'une institution sociale légitime son existence. C'est cette efficacité propre qui lui permet de perdurer, de se développer tout en perfectionnant ses méthodes. Enfin lorsqu'un élément ou plusieurs facteurs interviennent : soit imprévisibles ou dont le risque a été mal identifié ; liés a des erreurs de choix stratégique ; ou une trop grande complexité de gestion : une instabilité aggravée par l'inertie conduit à sa ruine, la condamne à ne laisser que des traces diffuses de sa présence et de son influence.

3 Voir Cartes de l'Europe néolithique http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/yyy.htm

4 . Hérodote déclare que le premier nom de la Grèce était Pélasgie (Πελασγία) et donne une origine pélasgique aux Arcadiens, aux Athéniens ou encore aux Argiens. Argos est d'ailleurs appelée « pélasgique » par Homère, et Dodone, en Épire, vénère Zeus Pélasgique. Certaines constructions, comme les murs cyclopéens d'Athènes, sont qualifiées également de pélasgiques. D'un autre point de vue, suivant les traductions d'Hérodote qui cite Hécatée de Milet, les Athéniens ne sont pas pélasgiques, mais ont chassé les Pélasges des terres basses qu'ils occupaient encore aux pieds de l'Acropole, parce que sur l'Acropole rien ne poussait et ils n'avaient rien à manger : les Athéniens auraient initialement laissé aux Pélasges ces basses terres formées des marécages du Céphise qu'ils croyaient stériles, en dessous de l'Hymette, avant de s'apercevoir qu'en fait elles donnaient d'abondantes récoltes. Ils en chassèrent alors les Pélasges. Il n'en restera plus que sur l'île de Lemnos, qui furent aussi chassés plus tard par Miltiade fils de Cimon. http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9lasges

5 http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Dimini Notons que les Pelasges seraient originairement plus liés à la culture de Mureybet http://fr.wikipedia.org/wiki/Mureybet que de Sumer dont ils reçurent probablement ensuite l'influence. « Les villages contiennent un grand bâtiment communautaire rond enterré. Dedans se trouve une pièce centrale trapézoïdale, entourée de banquettes et de cellules de stockage des céréales. Ce batiment peut aussi servir pour le culte des dieux (présence de statuettes). Comme tous les Asianiques, les Mureybetiens adoraient la grosse déesse de la fertilité […] et introduisirent le culte du dieu-taureau, maître des animaux (on a retrouvé des statuettes de taureau, des cornes étaient fixées dans les murs) » Les mureybetiens http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/x6.htm D'autre part Sumer constitue première civilisation véritablement urbaine et marque la fin de la Préhistoire au Moyen-Orient. http://fr.wikipedia.org/wiki/Sumer «Durant la période d'Uruk (IVe millénaire ), surtout sa phase finale (v. 3400-3100 av. J.-C.), la complexification de la société entraîne l'apparition des premiers États et des premières villes. Les monuments dégagés à Uruk illustrent la richesse et la créativité de la Basse Mésopotamie de cette période, qui exerce un rayonnement important sur les régions voisines et peut-être une première forme d'impérialisme (l'« expansion urukéenne »). L'écriture apparaît également durant les derniers siècles de la période d'Uruk » 


7 « Puis, à la fin du 4ème millénaire av. J.-C., la culture des Cyclades se développa en mer Égée en conservant de fortes parentés avec les populations de DiminiTroieaurait été fondée dans ce mouvement, au xxxe siècle . » http://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_des_Cyclades

10  « les fouilles archéologiques ont démontré que Troie VII qui semble le mieux correspondre à la Troie d'Homère, datant de la dernière moitié de XIII A.C.N., a été détruite par une guerre, comme l'indiquent à l'évidence les traces d'incendie et de massacre qu'on y a trouvé. » Wikipédia (2013) http://fr.wikipedia.org/wiki/Troie

12 « Sir Arthur John Evans et la découverte de la civilisation minoenne » Audrey Caire (2011)

14 Une écriture hierographique linéaire à la période proto-palatiale et un Linéaire A plus récent qui aurait donné naissance au linéaire B Mycénien.

15 Voir Tableau : Éléments principaux ou topiques d'un système dynamique http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/sortir-de-la-recession-l-echec-du-126311

16 Plan du palais de Cnossos http://fr.wikipedia.org/wiki/Cnossos

17 Sortir de la recession : les modèles grec et romain antiques. La systémique comme méta-modèle (2012) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/sortir-de-la-recession-les-modeles-121854

19 Ainsi les produits dérivés (C) comme des couches de dépôts mêlant poteries, pierre ponce et foraminifères, des destructions indiquent « un dispositif » (B) de raz de marée dont les ressources (A) en énergie sont associées a un évènement tellurique.

20 Le site de Mureybet « remonte au Néolithique précéramique A (9000 à 8500 av. J.-C.), c'est-à-dire à la mise en place de l'agriculture avant même l'utilisation de la céramique. » Mureybet http://fr.wikipedia.org/wiki/Mureybet

21 « Ils introduisirent le culte du dieu-taureau, maître des animaux (on a retrouvé des statuettes de taureau et, dans les maisons, des bucranes étaient installés sur des banquettes d'argile servant d'autel alors que des cornes étaient fixées dans les murs » Culture de Mureybet http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/x6.htm

22 « Minos est le premier qui, à notre connaissance, ait possédé une flotte. Il étendit sa domination sur la majeure partie de la mer qu’on appelle aujourd’hui hellénique et régna sur les Cyclades. C’est lui qui, dans la plupart d’entre elles, établit les premières colonies organisées, après en avoir chassé les Cariens. Il en confia le gouvernement à ses fils. Et pour mieux assurer la rentrée de ses revenus, il fit naturellement tout ce qu’il put pour débarrasser la mer des pirates. » Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, 4.

23 « Beaucoup d'historiens avancent que les Minoens étaient très impliqués dans le commerce de l'étain qui était très important lors à l'âge de bronze. Ils exportent le safran, l'huile d'olive et le vin vers l'Égypte. En échange, ils importent des tissus, des perles d'ambre, de l'or, du lapis-lazuli et des esclaves. C'est la flotte Minoenne qui transporte du Liban vers l'Égypte, à l'époque du Roi Thoutmôsis III (1479-1425), le bois de cèdre nécessaire à la construction des temples et de la flotte. Des textes du palais de Mari (Mésopotamie) mentionnent l'arrivée de Minoens venus jusqu'à Ougarit pour acheter de l'étain. » http://antikforever.com/Grece/Minoens/les_minoens.htm

24 Sceaux, Bijoux et Intailles minoens https://sites.google.com/site/disquephaistos/contexte-historique/intailles

25 On comprend mieux pourquoi Socrate se flattait d'avoir des origines pélasges.

26 Ainsi Alexandre de Macédoine brûlera Persépolis (en -331) « un lieu conçu pour exprimer la domination perse et la Pax persica »

27 Civilisation mycénienne « s'étendant de 1650 à 1100 av. J.-C. environ, dont l'apogée se situe environ entre 1400 et 1200 av. J.-C. Elle se répand progressivement à partir du sud de la Grèce continentale sur le monde égéen dans son ensemble, qui connaît pour la première fois une certaine unité culturelle. Cette civilisation est notamment caractérisée par ses palais-forteresses, ses différents types de poterie peinte que l'on retrouve tout autour de la mer Égée, ainsi que son écriture, le Linéaire B, la plus ancienne écriture connue transcrivant du grec » https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_myc%C3%A9nienne

28 « Les grands centres urbains n'étaient pas fortifiés, seulement placés sur des positions naturelles avantageuses. Les fresques, vases ou bas-reliefs ne figuraient pas de guerriers ou de scènes guerrières. Pas de traces non plus d'armures ou de quantités d'armes significatives. Les armes retrouvées servaient apparemment pour les sacrifices. Cependant, ils possédaient des bateaux à caractère militaire, qui pouvaient être tout simplement des navires de cérémonie, ni marchands, ni militaires. On parle donc de la « pax minoanica ». Or, Platon rapporte que sur l'île d'Atlantide,la paix et la prospérité régnaient. Les ports étaient fréquentés par des navires qui provenaient de tous les coins du monde et qui apportaient aux habitants tous les biens de la terre. Il s'agit bien là d'un peuple pacifique développant le commerce maritime. Ceci est confirmé par les références à la Crête et à l'Égypte retrouvées sur les fresques de Théra. Les recherches archéologiques mettent en évidence le fait suivant : l'île représentait un point de rencontre pour les peuples de la Méditerranée orientale, un lieu d'échange de produits artisanaux et industriels. » http://theforgottenatlantis.e-monsite.com/pages/tpe/ii-la-civilisation-minoenne.html

29 «  Diodore le présente avec Minos comme un héros civilisateur, régnant sur un vaste territoire dont il dicte les lois : « Il tenait sous sa domination de grandes îles et presque toutes les côtes de l'Asie qui s'étaient données volontairement à lui sur la réputation de sa probité. » Parmi ces lois, on compte celle qui autorise l'emploi de la force pour vaincre un agresseur mais aussi la loi du talion. http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhadamanthe

31 « Mais une autre découverte faite à Knossos jette le froid, voire l’effroi, parmi les archéologues. Il s’agit d’ossements de jeunes gens portant des traces de cannibalisme. Leur analyse indique que les victimes ont été littéralement taillées en pièces, comme de la viande débitée sur l’étal du boucher. Pour Sandy MacGillivray, ces pratiques anthropophages expliquent très probablement l’origine du mythe Grec du Minotaure, qui serait une transposition du mélange de dégoût et de peur que les envahisseurs Mycéniens éprouvèrent à l’égard de ces Minoens cannibales. Et c’est sous cet habillage mythologique tissé dans la monstruosité la plus primitive que les derniers échos de la civilisation Minoenne se propagèrent à travers l’histoire, tandis que tout le reste sombrait dans l’oubli » http://www.mystere-tv.com/civilisation-minoenne-une-apocalypse-antique-v2169.html

32 « Nous avons aussitôt en mémoire le sacrifice d’Isaac (Gn 22); les commentateurs s’attardent beaucoup plus au drame psychologique et à l’épreuve de foi du sacrificateur qu’à l’histoire et à l’intention d’un tel sacrifice, qu’Abraham se croit obligé d’offrir, sans doute pour se conformer à une coutume de son monde environnant. Dieu accepte l’offrande jusqu’à un certain point, puisque la victime humaine est remplacée par une victime animale. On se souvient peut-être de la loi du code de l’alliance qui stipule qu’on doit donner au Seigneur son premier-né (Ex 22,28-29); une autre loi vient préciser que ce don (sacrifice?) peut être suspendu par le rachat de ce premier-né par l’offrande d’un animal (Ex 13,11-1534,19-20). Ces deux lois sont étudiées, en général, dans le contexte du sacrifice des premiers-nés, pratique qui prend ainsi une forme de substitution. L’intention première des rites, sacrifice et rachat, est une action de grâces à la divinité qui a assuré la fécondité de la famille et du troupeau. » Guy Couturier Parabole x/4 (1988) http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2008/arc_080314.html

33 «  En effet, le culte de Moloch aurait parfois été pratiqué en Israël, notamment sous le règne d'Achaz et Manassé, rois de Juda, qui, dit-on, lui sacrifièrent leurs fils. Ce dieu terrible apparaît traditionnellement sous la forme d'un être à corps humain et à tête de taureau. Il est aussi parfois doté d'ailes. » « Dans le Lévitique (18 : 21) il est dit en outre : "Tu ne donneras aucun de tes enfants pour le faire passer par le feu en l'honneur de Moloch, et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu. Je suis Yahweh." (Crampon) Moloch-Baal, le roi du sacrifice Eric Timmermans (2011) http://atheisme.free.fr/Contributions/Moloch.htm

36 « A l'origine les diverses bourgades de l'Attique, tout en ayant le sentiment d'appartenir à une même nation, ne formaient pas un corps politique unifié, chacune se gouvernait à sa façon. Thésée organisa un pouvoir central établi dans l'Acropole, fit disparaître ces autonomies locales et fonda la cité unique pour toute l'Attique.
Une fête appelée synoecisme consacra le souvenir de l'installation à Athènes du gouvernement (mi-juillet). On entend aussi par synoecisme, la fondation d'une ville généralement fortifiée pour y réunir des habitants jusque-là épars dans la campagne : c'est le passage de la vie rurale à la vie urbaine. [...] On appelle bourg ou dème une division territoriale et administrative un peu analogue à nos communes. Il y en avait environ 160 au Ve siècle. Les assemblées des dèmes, dont les questions municipales sont plus à la portée des électeurs, étaient plus suivies que l'ecclésia d'Athènes, assemblée politique. » Notes 138 et 141 http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#137a

37 Thucydide Histoire de la guerre du Péloponnèse. Attique : évacuation des habitants derrière les longs murs en prévision de l'offensive lacédémonienne (mai) XV http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#160

38 Dispositif décisionnel et régulateur de gestion civile proche du Conseil ou assemblée militaire des Achéens que l'on voit siéger près de la flotte au siège de Troie.

39 Des Pélasges participent à la fortification de la Cité-État : « De fait, Strabon nous apprend (IX, 2, 3) qu'ils vinrent en Attique lorsqu'ils furent chassés de Béotie par l'arrivée des Béotiens ; arrivée que Thucydide donne comme de vingt ans antérieure au Retour des Héraclides. Si ces Pélasges obtinrent des terres en Attique à condition de construire le mur de l'Acropole, comme le précise Hérodote, cette construction doit avoir été faite au début de leur court séjour, soit dans les deux décades qui précèdent le Retour des Héraclides. En conséquence, l'incendie de Mycènes vers 1200-1190 et la destruction d'autres établissements mycéniens du Péloponèse au même moment qui, l'archéologie nous l'apprend, se situent aussitôt après la construction du mur pélasgique, doivent être considérés comme l'effet du Retour des Héraclides, c'est-à-dire de l'invasion dorienne. [...] Vers la fin de l'époque mycénienne, au moment même où Mycènes et Tirynthe renforçaient leurs enceintes et assuraient leur approvisionnement en eau en prévision d'un siège à soutenir, et fort peu de temps avant que Mycènes et Tirynthe ne succombassent avec les autres établissements mycéniens du Péloponèse, Athènes de son côté réalisa un vaste plan de fortification de son Acropole. Le mur pélasgique fut alors construit pour remplacer une muraille plus ancienne beaucoup moins puissante. Dans cette nouvelle enceinte la porte nord fut supprimée ; mais l'accès de la grande porte de l'Ouest fut solidement défendu par un ouvrage avancé. Au même moment un escalier souterrain fut construit pour conduire à une source utilisable en cas de siège ; mais cet escalier trop abrupt s'effondra bientôt. Le fait que les maisons bâties sur la pente nord en dehors de l'enceinte ne furent pas reconstruites et réoccupées après avoir été soudainement abandonnées et détruites, semble indiquer que, même pour Athènes, la menace fut alors effective et sérieuse. » 
 Bérard Jean. Le mur pélasgique de l'Acropole et la date de la descente dorienne. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 94e année, N. 1, 1950. pp. 117-121.  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1950_num_94_1_78511

40 « les Athéniens auraient initialement laissé aux Pélasges ces basses terres formées des marécages du Céphise qu'ils croyaient stériles, en dessous de l'Hymette, avant de s'apercevoir qu'en fait elles donnaient d'abondantes récoltes. Ils en chassèrent alors les Pélasges. Il n'en restera plus que sur l'île de Lemnos, qui furent aussi chassés plus tard par Miltiade fils de Cimon » http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9lasges

41 Le palais d’Ulysse, héros homérique de l’Odyssée, retrouvé en Grèce? (aout 2010)

42 A ce Prince « aux mille tours» de l'Antiquité (il est Ulysse polutropos, « Ulysse aux mille tours », c'est-à-dire aux mille ruses, qui surpasse en ingéniosité, en prudence et en ruse tous les autres héros) fait écho le Prince de Machiavel, le seigneur féodal et superficiellement christianisé usant de ruse, de dissimulation et d'assassinat pour parvenir à ses fins politiques ou vénales.

43  Il faudrait dire en quoi Ulysse ait pu être favori d'Athéna alors qu'à cette époque la cité d’Athènes est placée sous l'égide et la protection de la déesse avec une réorganisation administrative et une politique de cohabitation avec les Pélasges. Une divergence fondamentale d'avec l'autoritarisme et le bellicisme féodal mycénien que représente Ulysse et que le mythe semble vouloir compenser ou effacer.

45  Homère - L'Iliade II - trad. Leconte de Lisle (1866) http://www.mediterranees.net/mythes/troie/iliade/chant2.html#Thersite

46  « Thersite est un personnage énigmatique à maints égards : les commentateurs modernes ont souvent vu en lui un représentant du δημος, un porte-parole des simples soldats, rudoyé par Ulysse, comme l’ont été précédemment les gens du peuple dans l’épisode de la peira. Thersite pourtant se vante des prisonniers troyens qu’il a capturés, comme s’il comptait au nombre des promachoi, qui sont des aristocrates. Dans les poèmes du Cycle, le personnage est d’ailleurs doté d’une généalogie prestigieuse, puisqu’il est donné pour membre de la famille royale d’Étolie, fils d’Agrios, cousin de Méléagre et parent de Diomède » PDF Thersite, une figure de la démesure ? Corinne Jouanno
Université de Caen Basse-Normandie
voir aussi : Thersite ou la liberté de parler http://www.portique.net/spip.php?article209

47   William Shakespeare lui fait dire dans Troïlus et Cressida : « Il y a Ulysse et le vieux Nestor, dont l'esprit était moisi avant que vos grands-pères eussent des ongles à leurs orteils..., qui vous accouplent au joug comme deux bœufs de charrue, et vous font labourer cette guerre »

48   « Ulysse  relate à Alcinoos son départ avec une flotte de douze navires ; les vents les poussent vers Ismare, la cité des Cicones, qui ont participé à la guerre de Troie aux côtés des Troyens. Ulysse et ses compagnons prennent la ville par surprise et la mettent à sac. Peu empressés de repartir le même soir, ils sont attaqués par les Cicones, qui sont allés chercher de l'aide chez des voisins, et doivent s'enfuir à la hâte. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Odyss%C3%A9e

49   « Les errances d'Ulysse expliquées comme une circumnavigation de l’Afrique » Anton Krichenbauer
        www.utqueant.org/net/pdf/carkriulysse.pdf

50   «  À la suite d'Homère , le Petit Larousse des mythologies rattache le nom Ulysse au verbe ὀδύσσομαι/odússomai (« être irrité », « se fâcher »). Ainsi, au chant XIX de l’Odyssée, Autolycos est invité à choisir un nom pour son petit-fils qui vient de naître, et déclare : « Comme j'arrive ici fâché contre beaucoup de gens, hommes et femmes sur la terre qui nourrit les hommes, Que cet enfant se nomme Le Fâché » http://fr.wikipedia.org/wiki/Ulysse

52   L'Aède Phèmios pendant anti-achéen d'Homère ( il apparaît au chant I, au cours d'un banquet pour les prétendants : « Au milieu d'eux chantait l'aède illustre, et tous, assis,/L'écoutaient en silence. Il chantait le retour de Troie/Et les malheurs infligés par Pallas aux Achéens. »Il déclare sous la menace : « Ulysse, je suis à tes genoux et tu me dois respect et pitié. D’ailleurs tu te réserves à toi-même bien du chagrin si tu m’abats, moi l’aède qui chante pour les dieux ainsi que pour les hommes. Mais je suis autodidaktos, nonobstant un dieu a implanté dans mon esprit des voies multiples de composition, et je suis enclin à chanter à tes côtés comme pour un dieu. Ne brûle donc pas de m’égorger. » http://www.cairn.info/revue-de-philologie-litterature-et-histoire-anciennes-2001-1-page-7.htm) est épargné par l'intervention de Télémaque mais chassé du palais. Alors que même les « prétendants modérés » Léiôdès et Amphinomos, « respectueux des usages » sont massacrés par Ulysse ou Télémaque comme les autres.

53  « Cet épisode est appelé la « Mnèsthérophonie » (« meurtre des prétendants »). Après leur massacre, les âmes des prétendants sont guidées vers l'Hadès par Hermès et y rejoignent les morts de la guerre de Troie »