Nous avons
arbitrairement désigné ces pôles fonctionnels sous les termes de
modèle social, culturel, économique et politique. L’intérêt
d'une telle approche analytique est triple : nous pouvons tenter
de déterminer quels sont les facteurs qui favorisent la phase de
croissance sociale ; de stabilité et de déstabilisation.
Les archéologues ont longtemps cru après la découverte de Troie par
H. Schliemann à un âge d'or mycénien... Mais la persévérance dans la recherche, l'intuition qu'il n'y a pas de génération spontanée a permis de découvrir un précurseur à Age du Bronze, une civilisation supérieure Minoenne. Mycènes en serait la pâle copie et l'accompagne dans un déclin vers les « ages obscurs ». Alors que la poésie homérique se révèle une véritable hagiographie de l'aristocratie mycénienne, évoquant des hauts faits de conquêtes, elle pousse à négliger le niveau réel de compétence de l'élite achéenne dans la gestion des affaires civiles. Ulysse illustre un cas peu glorieux d'activité de piraterie mycénienne en méditerranée. Et tandis qu’on valorise cette image du conquérant, on fait moins de cas du rôle d'administrateur et de négociateur de Thésée pourtant reconnu par les historiens athéniens classiques comme à l'origine de l'organisation de la cité-État et de son autorité politique.
Nous avons survolé
dans un article précédent le moment de la rencontre entre l'invasion achéenne et la
civilisation minoenne sans véritablement insister sur la valeur de
l'ancien modèle minoen et les raisons de la faillite du nouveau
modèle mycénien. Or, il était nécessaire – afin de justifier
cet échec et révéler les interactions systémiques sous-jacentes -
de mettre en évidence la complexité et la stabilité du système
palatial et les vices profonds du modèle mycénien qui l'ont rendu
inapte à reproduire les conditions de paix sociale et de prospérité
économique après la conquête du territoire et l'usurpation
mycénienne.
Cette relecture
systémique permet la déconstruction d'un mythe de l'aristocratie
achéenne ou mycénienne qui a été transmis jusqu'à nous,
notamment par les poèmes homériques, et qui, bien qu’ayant
longtemps imprégné la culture occidentale, ne résiste pas
longtemps à l'analyse.
Le système palatial
minoen
Nous avons déjà vu
que la civilisation minoenne sur l’île de Crète s’avère fort
ancienne. Elle a bénéficié des progrès culturels d'un fond de
peuplement néolithique égéen qui maîtrisait l'agriculture,
l'élevage, l'artisanat, et bénéficiait d'un réseau étendu
d'échanges commerciaux. Ce fond de peuplement est apparenté sinon
ethniquement du moins culturellement à la poussée migratoire
anatolienne3
entre 7500 et 3500 av. JC - génératrice des Cardiaux, Seskliens et
Pelasges - qui propagera la culture du Néolithique vers l'Italie, la
France, l'Espagne, la plaine du Danube, etc..
On retrouve chez les
Pelasges Diminiens4
qui occupent le territoire à l'age du Bronze « une facture
préhellénique suggérant d’ailleurs des affinités avec
le sumérien »5
Les chercheurs
s'entendent sur la coexistence de trois civilisations apparentées
aux Pelasges diminiens6
à l'âge du Bronze : le Cycladique7,
l'Helladique8
et le Minoen.
La mythologie grecque a
servi de support aux recherches archéologiques. Ainsi Heinrich
Schliemann9
se lance dans une campagne de fouille à la recherche de la
légendaire ville de Troie10
puis de Mycènes11
connue pour être la cité du roi Agamemnon dans la poésie
homérique.
«La « préhistoire
grecque » devient un centre d’intérêt pour les savants qui
redécouvrent ce qu’ils pensent être le monde d’Homère. Une
nouvelle civilisation, baptisée « mycénienne », est
alors mise en lumière par H. Schliemann, mais de nombreuses
questions se posent encore et les esprits se tournent vers la Crète,
une île représentée dans la mythologie grecque par le légendaire
roi Minos ou encore par Idoménée, compagnon d’Agamemnon. En effet
l’importance mythologique de la Crète conduit certains savants à
penser que l’origine de la civilisation mycénienne est à chercher
dans cette île. C’est ce qui pousse un archéologue, parmi les
plus charismatiques du XXe siècle, le britannique
Sir Arthur John Evans, à entreprendre les fouilles du
site de Cnossos. Ces fouilles marquent l’histoire de l’archéologie
avec la découverte d’une nouvelle civilisation, baptisée
« minoenne » par A. Evans, mais aussi des écritures
égéennes qui permettent aux historiens et aux archéologues
d’entrevoir l’histoire du monde égéen à l’âge du bronze, et
de lui donner une place nouvelle dans les études grecques. »12
Loin d'une civilisation
primitive et grossière qui aurait précédé le « miracle
grec », on s’aperçoit alors – au contraire - que l'Age du
Bronze minoen13
représente une civilisation beaucoup plus brillante. Les recherches
mettent à jour d'immenses palais, constitués d’innombrables
chambres, construits sur plusieurs étages et décorés de splendides
fresques colorées.
Cueilleuse de safran, Palais de Théra. Détail de fresque
« Ces palais
étaient construits en pierre, mais les Crétois intercalaient dans
les murs des poutres en bois, plus élastiques en cas de tremblements
de terre. Les colonnes étaient en bois également, et plus étroites
à la base qu'au sommet. Des puits de lumière permettaient
d'éclairer toutes les pièces. Le plus remarquable, c'étaient les
installations d'eau courante (captée à partir des sources voisines)
et les égouts. »
Le Palais de Cnossos
s’étend sur 30.000 m2 autour d'une place centrale, il comprend des
magasins, des ateliers, des salles de cultes et sanctuaires, des
appartements, etc. Il est doté d'un système d’approvisionnement
d'eau courante et d'évacuation d'eau de pluie et des eaux usées. On
découvre alors des objets précieux liés au culte ou à l'autorité,
tels que des sceptres en or gravé, des sceaux, des tablettes ornées
de signes scripturaux anciens et indéchiffrables.14
On a pu ainsi déterminer qu’à cette époque la Crète dispose
d'un réseau d'échanges commerciaux qui s'étend de l’Égypte
jusqu'à l'Espagne dans toute la méditerranée.
Vue d'artiste du palais
de Cnossos
« Se basant sur
ses découvertes, Evans théorise l’organisation de la
civilisation minoenne autour de la notion de « système
palatial ». En effet les palais seraient au cœur de
l’organisation sociale, politique, et religieuse de la Crète au
deuxième millénaire avant notre ère. Le palais semble s’imposer
non seulement par sa taille et la richesse de ses décors, mais
également par la sacralité qui s’en dégage. Pour Evans l’homme
à la tête du palais serait un « prêtre-roi », une
sorte de Juge suprême comme l’est Minos dans les Enfers, selon la
mythologie grecque. »
Ce qui nous intéresse
ici c'est la notion de système palatial. Il s'agit manifestement
d'un type d'appareil d'Etat qui va permettre la régulation des flux
d'approvisionnement et de distribution via un processus complexe de
production, de contrôle de l'approvisionnement et de la
distribution.
Dès lors qu'il y a
identification d'un système, nous pouvons le schématiser sous la
forme d'un dispositif auquel sont associés des flux entrants,
sortants et une boucle de rétroaction visant à stabiliser un
processus finalisé (c'est a dire doté en toute autonomie d'une
finalité et d'objectifs intermédiaires). Une caractérisation plus
évoluée peut être faite selon les critères d'identification d'un
système.15
Ici le Palais-cité de
Cnossos est représenté par un plan des fouilles laissant apparaître
les murs, les communications et les chambres autour d'une place
centrale.16
Il est défini comme un dispositif principal (B) destinataire d'un
flux de ressources (A) et à l »origine d'un flux (C) régulé
par une boucle de rétro-action selon un schéma systémique de type
« boite blanche »17.
Par exemple le flux
entrant (A) peut-être un approvisionnement saisonnier en céréales,
qui va être stocké à l’intérieur du dispositif (B) dans une
chambre de réserve (On a retrouvé des jarres géantes pithoï pour
conserver l'huile, le grain, le vin, le miel18)
et distribué (C) en cas de pénurie selon un débit rationné en
fonction des besoins et des réserves (régulation).
Mais le Palais minoen
semble plus complexe qu'un simple entrepôt – outre qu'il a pu
éventuellement servir à la production artisanale à l'image des
temples égyptiens - il est surtout un centre culturel (et cultuel),
politique et administratif.
On se concentre ici sur
quelques aspects du système palatial mais une description plus
complète intégrerait les relations avec d'autres sous-systèmes ou
systèmes. Par exemple avec le territoire rural, les relations entre
palais-cités de Crète ou plus distantes comme Théra, avec les
autres cités pélasges diminiennes comme Mycènes, Troie en Anatolie
ou celles avec les autres civilisations : les débouchés
égyptiens, libanais, ouest-méditerranéens, les tribus achéennes,
etc.
On notera aussi
l'interaction forte de la civilisation minoenne avec le système
géologique régional puisque qu'une série d’événements
telluriques (tremblements, éruptions volcaniques, raz de marée)
détruiront nombres de palais vers -1700 (éruption explosive du
Santorin vers 1600 avant J.-C. et destruction de Palaikastro) qui
seront reconstruits au-début du néo-palatial (-1700/-1400) selon
certaines précautions et techniques antisismiques.
L'intérêt de cette
présentation systémique est multiple : elle permet une
représentation cohérente et fonctionnelle selon un langage
pluridisciplinaire, la possibilité de modélisation des interactions
et de formulation des processus ; donne la possibilité
d'identifier et de d'expliciter une problématique dans
l'organisation et le fonctionnement, de localiser un
dysfonctionnement et proposer ou supposer des préconisations
d'ajustement ; de compléter les lacunes des sources et des
témoignages historiques puisqu'on doit associer à un produit :
un dispositif, des ressources et une supervision et vice versa. Ceci
dans un contexte d'interaction avec d'autres systèmes humains ou
naturels (géologique, climatique, etc.19).
Ainsi à un niveau de
civilisation humaine donné, on entrevoit un ensemble complexe
d'interactions et d'institutions qui permettent d’esquisser un
modèle culturel, social, économique ou politique. Des modèles a
priori évolutifs qui permettent d'assurer autonomie, stabilité et
prospérité d'une société.
Dans le cas minoen on
entrevoit l’épanouissement, la permanence sur une longue période
puis la désorganisation d'un haut niveau de civilisation. Un
processus qu'il s'agit d'analyser par l'effet de synergie d'un
ensemble de modèles fonctionnels.
Le modèle social
trouve ses sources dans un héritage ancestral. Le peuplement
Pelasque - on l'a vu plus tôt - est rattaché ethniquement et/ou
culturellement aux Mureybetiens. Ceux-ci sont au Moyen-orient des
précurseurs du néolithique.20
Cette société de cultivateurs semble déjà dotée de fortes
traditions de solidarité communautaire : « Les villages
contiennent un grand bâtiment communautaire rond enterré. A
l’intérieur se trouve une pièce centrale trapézoïdale, entourée
de banquettes et de cellules de stockage des céréales (adoption des
vases en pierre). Ce bâtiment peut aussi servir pour le culte des
dieux (présence de statuettes) ou des morts (début du culte des
cranes).»21
On retrouve ici non seulement une forme archaïque du palais minoen
mais aussi ses fonctions traditionnelles comme lieu de stockage, de
culte ou de délibération. On observe également une permanence du
modèle culturel avec les mêmes objets de culte : la
Déesse-mère de la fécondité ; et le Dieu-taureau maître des
animaux.
A l’époque du Palais
minoen se retrouveront donc ces petits sanctuaires, ces anciennes
idoles, des fêtes tauromachiques mais bien sûr également une série
d’innovations correspondant à une nouvelle échelle d'évolution
culturelle. Il s'agit non seulement d'un nouvel urbanisme et de
normes sanitaires (eau courante, égouts, évacuation des eaux de
pluies) mais d'administration d'un vaste territoire, de gestion de
flux diversifiés de ressources, d'organisation22
de routes commerciales23
et d'aménagement de points de rupture de charges, de collecte et de
distribution (ports, comptoirs, marchés) ; de négociation
d'accords d'échanges et de droits. Tout ceci induit un modèle
d'administration complexe : une écriture ; des sceaux24 ;
une hiérarchie bureaucratique (conseillers, comptables,
secrétaires, inspecteurs, diplomates, etc.) ; des procédures
d'évaluation et d'attribution des compétences ; des érudits25
et un cycle d'éducation supérieure entre -2000 et -1400 av-JC
!
Cette civilisation
urbaine et pacifique basée sur l'agriculture et le commerce va
traverser une série de calamités. Pour les anciens, la colère des
éléments relève certainement d'un jugement divin. Les tremblements
de terre dévastateurs et l'irruption des guerriers achéens
sembleront une punition pour les mœurs impies ou dépravées des
habitants des palais. Une licence que l'on peut deviner du fait de
l'imbrication des activités dans un espace clos, d'une promiscuité
permanente, d'une abondance luxueuse.
Thésée et Ulysse :
la récupération mycénienne de l'héritage minoen
Les tribus hellènes
indo-européennes en mouvement depuis le nord-est de l'Europe
déferlent en plusieurs vagues sur les côtes méditerranéennes. Les
Achéens ont déjà conquis sur le continent les places diminiennes
d'Athenes, Mycènes et Tirynthe lorsqu'elles se tournent vers la
luxuriante Crète minoenne.
On imagine la
stupéfaction des cavaliers et guerriers achéens faisant irruption
dans ces immenses palais minoens. Le mythe du minotaure dans son
dédale de couloirs et de chambres imprègne durablement les esprits.
Il reflète bien cette impression de confusion et d'univers
labyrinthique (kafkaïen avant l'heure) que des hommes rudes ou peu
informés éprouvent dans un complexe administratif moderne.
Leur premier mouvement
sera de prendre possession des lieux et de s’étaler sur les trônes
des magistrats pour se partager avidement les richesses découvertes
de chambres en chambres. Ils vont ensuite prendre possession des
navires, des ateliers dont ils découvrent les splendeurs. Ils leur
reste à partager le butin humain, les filles et fils de courtisans,
les artisans pour les attacher à leur service.
Ensuite on peut penser
que la colère de la population locale exaspérée par l’incompétence
des nouveaux maîtres à répondre aux nécessités d'une
administration complexe ou le simple calcul militaire26,
conduit à l'incendie et la destruction des palais.
Mais curieusement, la
civilisation Mycénienne27
ne survivra pas longtemps à l'effondrement Minoen. La simultanéité
relative entre la destruction de Mycènes et des palais crétois peut
faire penser qu'ils ont été les victimes d'une nouvelle vague
d'invasion hellène par les tribus doriennes. Une époque sombre
succède à cet âge d'or : ce sont les « âges obscurs »
durant lesquels la Grèce perd tout rayonnement culturel, toute
influence politique.
Deux figures de
l'épopée mycénienne semblent révélatrices et déterminantes dans
l'interaction avec le système minoen : Celle de Thésée et
d'Ulysse. Il s'agit, à travers la déformation du mythe archaïque,
de retrouver la piste d'une cohérence factuelle compatible avec
l'analyse systémique.
Dans le mythe, Thésée
fait partie d'une famille aristocratique d’Athènes, il est le fils
naturel du roi Egée. Athènes comme tribut doit envoyer chaque année
sept jeunes hommes et sept jeunes femmes à Minos le roi de Crète.
Thésée s'embarque avec les autres jeunes gens sur un navire qui
fait voile sans encombre vers la grande île et va présenter à
Minos son souhait de combattre le Minotaure dans le dédale. Il sera
soutenu dans son défi par Ariane la fille de Minos, amoureuse du
héros athénien. La légende dit que son père Égée attend son
retour avec impatience.
Rien dans ce récit
légendaire ne contredit la réalité historique. On y retrouve une
description de la puissance minoenne et la figure d'une autorité
politique incontestée. Le Dédale est aujourd'hui considéré comme
une représentation du palais-cité de Cnossos et le Minotaure à la
fois comme une divinité antique du Dieu-taureau « maître des
animaux » et l'animal à affronter dans les jeux tauromachiques
traditionnels pour mesurer le courage et l'adresse des jeunes hommes.
D'ailleurs Thésée est réputé pour avoir déjà participé à ces
jeux à Marathon.
Ce qui est gênant
c'est qu'on a pris cette aventure pour argumenter sur la violence
tyrannique de l'empire minoen, sur la barbarie d'un sacrifice de la
jeunesse athénienne, sur la nécessité de l'action décisive d'un
jeune héros pour la libération nationale. Pourtant rien n'indique
– outre la lutte contre la piraterie sur leurs routes commerciales
- que les minoens se soient lancés dans la quête d'une hégémonie
tyrannique. On sait que les minoens sont plutôt pacifiques28 ;
les armes ne sont pas le point fort de leur industrie et l'image du
guerrier rarement représentée ou valorisée dans leur culture.
D'ailleurs Minos est unanimement célébré pour son sens de la
justice : « De son règne reste l'image d'un souverain
juste et bon, que son père prenait souvent comme conseiller ou
confident. Après sa mort, il devient juge
des Enfers avec Rhadamanthe29 et Éaque.
Il s'occupe tout spécialement des gens qui ont été faussement
accusés. »30
Il semble que l'on ait retrouvé chez eux (à Cnossos) des traces de
sacrifices humains,31
(voire d'anthropophagie?). Mais dans l'état des recherches il
s'agirait plutôt d'un cas isolé, bien que l'Ancien Testament
rapporte des cas de sacrifices rituels dans la région32,
notamment autour du culte de Moloch-Baal33.
En situant cette
légende dans son contexte : Thésée a déjà pratiqué des
jeux tauromachiques, il est libre d'aller et venir chez les Minoens,
communique avec l'autorité et parvient à séduire la fille du Roi.
Il est attendu chez lui par son père, etc. ; on pourrait croire
qu'il ne s'agisse que d'une épreuve mi-sportive, mi-religieuse comme
les jeux de Marathon qui témoigne de relations de bon voisinage
comme celles avec la cité de Troie d'avant la guerre homérique.
Il est donc possible
que les cités Pelasges aient envisagé une politique de coexistence
pacifique dans le cadre d'une « pax minoanica ». Une
sorte de politique d'échange culturel qui se justifie par le fait
qu'une partie de la Grèce continentale, occupée par les achéens
mycéniens, reste peuplée de Pelasges apparentés aux Crétois et
Troyens. Cette cohabitation imposerait d’elle-même une politique
de conciliation et de compromis. Ceci d'autant plus que la
civilisation minoenne sort affaiblie et traumatisée de l’éruption
cataclysmique du Santorin (vers -1600).34
Outre cette expérience
mouvementée, Thésée devient un éminent réformateur d'Athènes.
« Les origines du mythe
remontent au VIIe siècle , notamment d'une épopée
archaïque appelée la Théséïde, transmise de manière orale,
et dont les appositions par écrits ont été perdus. [...] C'est
dans le courant du Ve siècle que le personnage de Thésée
est récupéré par l'idéologie civique athénienne, qui fait de lui
le fondateur de la cité, de son calendrier, de ses fêtes
religieuses, et même de la démocratie. »35
« Sa réforme appelée synœcisme,
c'est-à-dire réunir tous les peuples attiques en une entité politique unique, et organiser un pouvoir central établi sur
l'Acropole, divisa les territoires contigus ainsi que la répartition
du peuple en trois classes : les nobles, les artisans et les
cultivateurs (selon Thucydide).
Ce faisant, les royautés locales furent abolies, puis une réaction
contre cette nouvelle forme de pouvoir populaire valut à Thésée
d'être frappé d'ostracisme, banni, victime de sa loi.» Thucydide
rapporte : « En effet, au temps de Cécrops et des
premiers rois jusqu'à Thésée, les habitants de l'Attique étaient
répartis par bourgades, dont chacune avait son prytanée et ses
archontes. En dehors des périodes critiques, on ne se réunissait
pas pour délibérer aux côtés du roi ; chaque bourgade
s'administrait et prenait des décisions séparément. On en vit même
faire la guerre aux rois, comme il arriva aux gens d'Eleusis conduits
par Eumolpos contre Erechthée. Mais quand Thésée fut devenu roi,
quand par son habileté il eut conquis le pouvoir, entre autres
améliorations il supprima les consuls et les magistratures des
bourgades36
; les concentra dans la ville actuelle où il fonda un conseil et un
prytanée uniques et forma avec tous les citoyens une seule cité.
Pour ceux qui continuèrent comme avant à cultiver leurs terres, il
les contraignit à n'avoir que cette cité. Tout dépendant
d'Athènes, la ville se trouva considérablement agrandie, quand
Thésée la transmit à ses successeurs. La fête du syncecisme
date de ce moment et les Athéniens maintenant encore la célèbrent
aux frais de l'État en l'honneur de la déesse. »37
La réforme attribuée à Thésée n'est pas
innocente ; elle vise à établir un système d’État urbain
organisé contre l'éclatement rural ou la décentralisation de
l'autorité plus favorable aux potentats locaux et propriétaires
fonciers. Cette réforme tend à effacer clivage et rivalité entre
communautés et à réaliser une synergie des moyens humains et matériels. La « fête de la fédération » organisée par
la nouvelle Cité-Etat démontre qu'elle dispose dès lors de
ressources, d'un budget : qu'elle devient un système autonome
orienté par objectifs et projets et contrôlé par une magistrature,
un dispositif de régulation par conseil ou assemblée38.
Si on peut supposer dans ce travail de réforme sociale et politique
à Athènes l'influence culturelle minoenne, il faut admettre une
réaction contraire de la part d’une aristocratie mycénienne
opposée à l'adoption d'un modèle politique évolué. Cette
réaction est probablement à l'origine d'un mouvement xénophobe qui
provoque la guerre de Troie et finalement l'expulsion des Pélasges
de la péninsule ou leur asservissement. À Athènes cependant, une
coexistence précaire permet la coopération entre Achéens et
Pélasges. Ceux-ci semblent exceller entre autre dans les travaux
d'urbanisme39
et d'agriculture40.
Une instabilité sociale et politique consécutive à la guerre de
Troie et contemporaine d'une violente incursion dorienne ou « le
retour des Héraclides » va conduire à la destruction des
principaux Palais-forteresses Mycéniens ; plonger la
civilisation hellène dans les « Ages obscurs » avec la
perte de l'écrit et l'appauvrissement de la production artisanale.
Ces événements concomitants semblent également provoquer une
réaction en chaîne dans tout le monde méditerranéen par la
migration de peuplement des Pelasges ou « peuple de la mer ».
En effet, a contrario
du réformateur Thésée, Ulysse d'Ithaque - palais-forteresse
mycénienne41
- propose une expérience contraire. De l'ambivalence entre
fascination et répulsion avec le monde minoen c'est le second terme
qui l'emporte. Le cas Ulysse illustre à merveille une rupture de
coexistence entre Pelasges diminiens et l'influence d'une
aristocratie mycénienne belliqueuse plus soucieuse de gloire et de
rapines pour accroître ses privilèges et son patrimoine que de
stabilité économique et sociale.
Il est significatif à
ce titre que la valorisation de son statut héroïque et de son
épopée mythique se soit perpétuée dans le monde occidental.42
Car le personnage et son parcours ne résistent pas à l'analyse
rationnelle et n'ont pu être entretenus comme références que par
un récit pro-aristocratique, une propagande grotesque destinée à
des populations maintenues dans l'ignorance et la crédulité sous la
tutelle féodale.
Ce que nous savons sur
Ulysse, c'est qu'il est roi d'Ithaque mais pas seulement :
« Chaque fois qu'Homère évoque le royaume d'Ulysse, il nomme
toujours un archipel composé de quatre îles, et qui correspond à
l'archipel actuel des îles
ioniennes : Ithaque, Doulichion qu'on
peut identifier à l'actuelle Leucade,
Samé, aujourd'hui Céphalonie,
etZakynthos.
[…] Dans l’Iliade,
il est représenté comme un roi sage, favori d'Athéna43,
et habile orateur ; il prit part à la guerre à la tête de
douze nefs. Il occupe de ce fait une place d'honneur dans le
Conseil des
rois. »44
C'est là que se place son premier haut-fait : « Agamemnon
veut mettre à l'épreuve les Grecs et leur volonté de combattre ;
à cette fin, il propose à l'assemblée des chefs grecs d'arrêter
la guerre, qui jusque là est restée vaine. Le projet échoue, car
plutôt que de résister comme attendu, les Grecs se précipitent aux
navires pour rentrer chez eux. C'est avec peine qu'Ulysse,
qui a attrapé le sceptre d'Agamemnon,
les ramène au camp, convainquant les chefs, frappant les simples
soldats avec le sceptre :
« Mais quand il
rencontrait quelque guerrier obscur et plein de clameurs, il le
frappait du sceptre et le réprimait par de rudes paroles : - Arrête,
misérable ! Écoute ceux qui te sont supérieurs, lâche et sans
force, toi qui n'as aucun rang ni dans le combat ni dans le conseil.
Certes, tous les Akhaiens ne seront point Rois ici. La multitude des
maîtres ne vaut rien. Il ne faut qu'un chef, un seul Roi, à qui le
fils de Kronos empli de ruses a remis le sceptre et les lois, afin
qu'il règne sur tous. »45
L'assemblée se
poursuit mais un incident révélateur se produit immédiatement :
« Et, seul, Thersitès/ Thersite46
poursuivait ses clameurs. Il abondait en paroles insolentes et
outrageantes, même contre les Rois, et parlait sans mesure, afin
d'exciter le rire des Argiens.
« […] il
outrageait ainsi Agamemnôn : - Atréide, que te faut-il encore, et
que veux-tu ? Tes tentes sont pleines d'airain [les minoens se servaient de plaques métalliques de bronze ou de cuivre comme unité de valeur dans leurs échanges commerciaux] et de nombreuses
femmes fort belles que nous te donnons d'abord, nous, Akhaiens, quand
nous prenons une ville. As-tu besoin de l'or qu'un Troien dompteur de
chevaux t'apportera pour l'affranchissement de son fils que j'aurai
amené enchaîné, ou qu'un autre Akhaien aura dompté ? Te faut-il
une jeune femme que tu possèdes et que tu ne quittes plus ? Il ne
convient point qu'un chef accable de maux les Akhaiens. O lâches !
opprobres vivants ! Akhaiens et non Akhaiens ! Retournons dans nos
demeures avec les nefs ; laissons-le, seul devant Troiè, amasser des
dépouilles, et qu'il sache si nous lui étions nécessaires ou non.
N'a-t-il point outragé Akhilleus, meilleur guerrier que lui, et
enlevé sa récompense ? Certes, Akhilleus n'a point de colère dans
l'âme, car c'eût été, Atréide, ta dernière insolence ! »47
En exigeant le silence
de Therside et le frappant, Ulysse vise non seulement à restaurer
l'autorité politique royale et le despotisme des chefs militaires
mais aussi à taire le prétexte fallacieux du casus belli et
surtout la question des buts de guerre de ces derniers. Car si les
achéens sont devant Troie - cité pélasge parente de Cnossos –
c'est bien sûr pour détruire une puissance qui non seulement impose
les termes d'une coexistence pacifique et par-là prive le monde
mycénien d'une place hégémonique mais plus vénalement renferme
des trésors à piller. Des trésors tant convoités dus à une
administration régulière des ressources dont les achéens-mycéniens
ignorent largement les principes systémiques et applications
pratiques en vue d'une stabilité sociale. La cité-état de Troie
renvoie aux chefs mycéniens l'image de leur propre barbarie. Ils
sont fauteurs d'une guerre injuste et détruisent une civilisation
brillante dont le monde grec (et indo-européen) aurait eu beaucoup à
apprendre.
Il n'est pas
anecdotique que dès le pillage du palais de Troie et la prise de
butin de jeunes femmes et esclaves, les chefs achéens se séparent
et retournent à leur foyer sans sacrifier aux dieux, les
mains souillées de sang et les âmes dévastées d'un sentiment
d'indignité.
Pour le reste l'errance
d'Ulysse dans l'Odyssée est un conte pour enfant, une histoire à
dormir debout. Comment imaginer qu'un aristocrate ayant sous ses
ordres douze navires, des marins et originaire d'une île soit
incapable de naviguer correctement ou d'engager un pilote mais mette
dix ans pour revenir chez lui ? Tout ce roman cousu de fil blanc
autour de son aventure ne résisterait pas à une enquête policière
de dix minutes. Ne voit-on pas qu'un chef de guerre ayant navires et
marins à disposition va s'engager dans la piraterie48
pour accroître son butin et diminuer les parts à partager ?
Toujours est-il qu'il revient (comme certains pirates du XVIII eme
siècle) « tout seul et incognito » dans sa
patrie ; certainement bien incapable de justifier la disparition
– sans témoin - de ses compagnons à leurs parents et amis
impatients de les revoir... ou de désigner la localisation d'un
trésor de guerre qui offrirait une juste compensation à toutes ces
disparitions ! Que le héros légendaire soit un mythomane ou un
grand navigateur49
n'est pas le fond de la question. Mais n'est-il pas instructif qu'il
soit pris de colère meurtrière50
jusque dans sa propre maison, échappant ainsi à toute réclamation ?
Le fait est que tous
les achéens n'ont pas pris part à l'aventure troyenne, on voit
même Ulysse simuler la folie et d'autres héros du Cycle se faire
prier ou décliner la proposition de rejoindre l'armée. Il ne faut
pas sous-estimer la possibilité d'un parti neutre voir pro-troyen
dans l'élite mycénienne. Les «prétendants de Pénélope»51
sont des nobles qui se sont abstenus de prendre parti dans cette
affaire : ils constituent une opposition politique dont la
valeur est sous-évaluée.
On dit qu'ils se
nourrissent des troupeaux d'Ulysse, qu'ils festoient dans son palais
et qu'ils envisagent ensemble de prendre le contrôle politique de
l’île. Outre le biais culturel qui provoque notre indignation, ces
éléments sont significatifs : car dans la culture minoenne
le palais est le lieu de dépôt des productions de tout le
territoire, il est aussi un lieu de rassemblement et de festivité et
enfin un lieu de décision pluraliste et consensuelle qui associe les
savants, les magistrats et autres spécialistes de l'urbanisme, de
l'artisanat, du commerce maritime, etc. Ulysse représentant de la
culture achéenne militaire, hiérarchique et clanique - engagé dans
des activités de piraterie - ne voit pas l’intérêt d'une telle
profusion de compétences, ni le potentiel d'une diversité
complémentaire des activités en vue de la stabilité et la
prospérité de la Principauté - considérée comme propriété
patrimoniale et non comme État-. D'ailleurs l'élimination52
de cette faction sera vue comme une prolongation, une suite logique
de la guerre de Troie, tant la situation dans le Palais-forteresse
d'Ithaque ressemble à celle rencontrée dans la Cité-état
ennemie53.
Pour qu'Ulysse fût un
chef d’État encore eut-il fallu qu'il soit aussi un magistrat
intègre et qu'il engageât une réforme d’État. Ce à quoi toute
son éducation, son expérience, ses prétentions et ses abus
l'opposait. Triste fin d'un cycle
qui annonce l’effondrement mycénien tout entier.
Ce que l'on constate sur cette période c'est que les historiens ont longtemps surévalué
l'importance de la culture mycénienne sur la base du récit
homérique pendant qu'ils négligeaient une civilisation plus
ancienne , complexe et magnifique. Les récentes découvertes
indiquent d'ailleurs que le palais-forteresse d'Agamemnon à Mycènes
n’était que l'ombre du splendide palais de Minos à Cnossos.
L'attitude ambivalente
des achéens à l'égard de l'héritage minoen se manifeste - entre
attraction et répulsion - de plusieurs façon mais ne semble jamais
vraiment disposé à saisir l'opportunité formidable
d'apprentissage et d'imitation d'un modèle exemplaire sous beaucoup
d'aspects. Ils perdront pendant des siècles les routes commerciales,
le raffinement artistique, la science administrative, la capacité
d'établir la prospérité par la coopération, la répartition des
richesses et la paix civile. Quelques bribes de cette culture
contribueront vraisemblablement à susciter le renouveau de la Grèce
classique et partant de là une chance de progrès pour la
civilisation occidentale. Pourtant n'était-ce pas là cet âge d'or
et cet Atlantide que l'on cherche encore et toujours ?
---
1
Si elle vient à être vérifiée sur le plan d'une
cohérence interne et externe, le mystère de la civilisation serait
enfin dévoilé. L'idée formulé est que la société est complexe, animée d'une série d'interactions de facteurs et des cycles que l'on peut
prévenir et réguler par effet de levier.
2
Le rôle de régulation systémique d'une institution
sociale légitime son existence. C'est cette efficacité propre qui
lui permet de perdurer, de se développer tout en perfectionnant ses
méthodes. Enfin lorsqu'un élément ou plusieurs facteurs
interviennent : soit imprévisibles ou dont le risque a été
mal identifié ; liés a des erreurs de choix stratégique ; ou
une trop grande complexité de gestion : une instabilité aggravée
par l'inertie conduit à sa ruine, la condamne à ne laisser que des traces diffuses de
sa présence et de son influence.
3
Voir Cartes de l'Europe néolithique
http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/yyy.htm
4 .
Hérodote déclare
que le premier nom de la Grèce était Pélasgie (Πελασγία)
et donne une origine pélasgique aux Arcadiens,
aux Athéniens ou
encore aux Argiens.
Argos est d'ailleurs appelée « pélasgique »
par Homère,
et Dodone,
en Épire,
vénère Zeus Pélasgique.
Certaines constructions, comme les murs cyclopéens d'Athènes, sont
qualifiées également de pélasgiques. D'un autre point de vue,
suivant les traductions d'Hérodote qui
cite Hécatée
de Milet, les Athéniens ne sont pas pélasgiques,
mais ont chassé les Pélasges des terres basses qu'ils occupaient
encore aux pieds de l'Acropole,
parce que sur l'Acropole rien ne poussait et ils n'avaient rien à
manger : les Athéniens auraient initialement laissé aux
Pélasges ces basses terres formées des marécages
du Céphise qu'ils
croyaient stériles, en dessous de l'Hymette,
avant de s'apercevoir qu'en fait elles donnaient d'abondantes
récoltes. Ils en chassèrent alors les Pélasges. Il n'en restera
plus que sur l'île de Lemnos,
qui furent aussi chassés plus tard par Miltiade fils
de Cimon. http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9lasges
5
http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_Dimini
Notons que les Pelasges seraient originairement plus liés à la
culture de Mureybet http://fr.wikipedia.org/wiki/Mureybet
que de Sumer dont ils reçurent probablement ensuite l'influence.
« Les villages contiennent un grand bâtiment communautaire
rond enterré. Dedans se trouve une pièce centrale trapézoïdale,
entourée de banquettes et de cellules de stockage des céréales.
Ce batiment peut aussi servir pour le culte des dieux (présence de
statuettes). Comme tous les Asianiques, les Mureybetiens adoraient
la grosse déesse de la fertilité […] et introduisirent le culte
du dieu-taureau, maître des animaux (on a retrouvé des statuettes
de taureau, des cornes étaient fixées dans les murs) » Les
mureybetiens http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/x6.htm
D'autre part Sumer constitue première civilisation véritablement
urbaine et marque la fin de la Préhistoire au Moyen-Orient.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sumer
«Durant la période
d'Uruk (IVe millénaire ),
surtout sa phase finale (v. 3400-3100 av. J.-C.), la
complexification de la société entraîne l'apparition des premiers
États et des premières villes. Les monuments dégagés
à Uruk illustrent
la richesse et la créativité de la Basse Mésopotamie de cette
période, qui exerce un rayonnement important sur les régions
voisines et peut-être une première forme d'impérialisme
(l'« expansion urukéenne »). L'écriture apparaît
également durant les derniers siècles de la période d'Uruk »
6
http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/xxx.htm
Pelasges diminiens : http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/y18.htm
7 « Puis, à la fin du 4ème millénaire av. J.-C., la culture des Cyclades se développa en mer Égée en conservant de fortes parentés avec les populations de Dimini. Troieaurait été fondée dans ce mouvement, au xxxe siècle . » http://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_des_Cyclades
9 Heinrich Schliemann http://fr.wikipedia.org/wiki/Schliemann
10 « les fouilles archéologiques ont démontré que Troie VII qui semble le mieux correspondre à la Troie d'Homère, datant de la dernière moitié de XIII A.C.N., a été détruite par une guerre, comme l'indiquent à l'évidence les traces d'incendie et de massacre qu'on y a trouvé. » Wikipédia (2013) http://fr.wikipedia.org/wiki/Troie
12 « Sir Arthur John Evans et la découverte de la civilisation minoenne » Audrey Caire (2011)
13 Civilisation minoenne http://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_minoenne
14 Une écriture hierographique linéaire à la période proto-palatiale et un Linéaire A plus récent qui aurait donné naissance au linéaire B Mycénien.
15 Voir Tableau : Éléments principaux ou topiques d'un système dynamique http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/sortir-de-la-recession-l-echec-du-126311
16 Plan du palais de Cnossos http://fr.wikipedia.org/wiki/Cnossos
17 Sortir de la recession : les modèles grec et romain antiques. La systémique comme méta-modèle (2012) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/sortir-de-la-recession-les-modeles-121854
19 Ainsi les produits dérivés (C) comme des couches de dépôts mêlant poteries, pierre ponce et foraminifères, des destructions indiquent « un dispositif » (B) de raz de marée dont les ressources (A) en énergie sont associées a un évènement tellurique.
20 Le site de Mureybet « remonte au Néolithique précéramique A (9000 à 8500 av. J.-C.), c'est-à-dire à la mise en place de l'agriculture avant même l'utilisation de la céramique. » Mureybet http://fr.wikipedia.org/wiki/Mureybet
21 « Ils introduisirent le culte du dieu-taureau, maître des animaux (on a retrouvé des statuettes de taureau et, dans les maisons, des bucranes étaient installés sur des banquettes d'argile servant d'autel alors que des cornes étaient fixées dans les murs » Culture de Mureybet http://atil.pagesperso-orange.fr/atil/x6.htm
22 « Minos est le premier qui, à notre connaissance, ait possédé une flotte. Il étendit sa domination sur la majeure partie de la mer qu’on appelle aujourd’hui hellénique et régna sur les Cyclades. C’est lui qui, dans la plupart d’entre elles, établit les premières colonies organisées, après en avoir chassé les Cariens. Il en confia le gouvernement à ses fils. Et pour mieux assurer la rentrée de ses revenus, il fit naturellement tout ce qu’il put pour débarrasser la mer des pirates. » Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, 4.
23 « Beaucoup d'historiens avancent que les Minoens étaient très impliqués dans le commerce de l'étain qui était très important lors à l'âge de bronze. Ils exportent le safran, l'huile d'olive et le vin vers l'Égypte. En échange, ils importent des tissus, des perles d'ambre, de l'or, du lapis-lazuli et des esclaves. C'est la flotte Minoenne qui transporte du Liban vers l'Égypte, à l'époque du Roi Thoutmôsis III (1479-1425), le bois de cèdre nécessaire à la construction des temples et de la flotte. Des textes du palais de Mari (Mésopotamie) mentionnent l'arrivée de Minoens venus jusqu'à Ougarit pour acheter de l'étain. » http://antikforever.com/Grece/Minoens/les_minoens.htm
24 Sceaux, Bijoux et Intailles minoens https://sites.google.com/site/disquephaistos/contexte-historique/intailles
25 On
comprend mieux pourquoi Socrate se flattait d'avoir des origines
pélasges.
26 Ainsi Alexandre de Macédoine brûlera Persépolis (en -331) « un lieu conçu pour exprimer la domination perse et la Pax persica »
27 Civilisation mycénienne « s'étendant de 1650 à 1100 av. J.-C. environ, dont l'apogée se situe environ entre 1400 et 1200 av. J.-C. Elle se répand progressivement à partir du sud de la Grèce continentale sur le monde égéen dans son ensemble, qui connaît pour la première fois une certaine unité culturelle. Cette civilisation est notamment caractérisée par ses palais-forteresses, ses différents types de poterie peinte que l'on retrouve tout autour de la mer Égée, ainsi que son écriture, le Linéaire B, la plus ancienne écriture connue transcrivant du grec » https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_myc%C3%A9nienne
28 « Les grands centres urbains n'étaient pas fortifiés, seulement placés sur des positions naturelles avantageuses. Les fresques, vases ou bas-reliefs ne figuraient pas de guerriers ou de scènes guerrières. Pas de traces non plus d'armures ou de quantités d'armes significatives. Les armes retrouvées servaient apparemment pour les sacrifices. Cependant, ils possédaient des bateaux à caractère militaire, qui pouvaient être tout simplement des navires de cérémonie, ni marchands, ni militaires. On parle donc de la « pax minoanica ». Or, Platon rapporte que sur l'île d'Atlantide,la paix et la prospérité régnaient. Les ports étaient fréquentés par des navires qui provenaient de tous les coins du monde et qui apportaient aux habitants tous les biens de la terre. Il s'agit bien là d'un peuple pacifique développant le commerce maritime. Ceci est confirmé par les références à la Crête et à l'Égypte retrouvées sur les fresques de Théra. Les recherches archéologiques mettent en évidence le fait suivant : l'île représentait un point de rencontre pour les peuples de la Méditerranée orientale, un lieu d'échange de produits artisanaux et industriels. » http://theforgottenatlantis.e-monsite.com/pages/tpe/ii-la-civilisation-minoenne.html
29 « Diodore le présente avec Minos comme un héros civilisateur, régnant sur un vaste territoire dont il dicte les lois : « Il tenait sous sa domination de grandes îles et presque toutes les côtes de l'Asie qui s'étaient données volontairement à lui sur la réputation de sa probité. » Parmi ces lois, on compte celle qui autorise l'emploi de la force pour vaincre un agresseur mais aussi la loi du talion. http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhadamanthe
31 « Mais une autre découverte faite à Knossos jette le froid, voire l’effroi, parmi les archéologues. Il s’agit d’ossements de jeunes gens portant des traces de cannibalisme. Leur analyse indique que les victimes ont été littéralement taillées en pièces, comme de la viande débitée sur l’étal du boucher. Pour Sandy MacGillivray, ces pratiques anthropophages expliquent très probablement l’origine du mythe Grec du Minotaure, qui serait une transposition du mélange de dégoût et de peur que les envahisseurs Mycéniens éprouvèrent à l’égard de ces Minoens cannibales. Et c’est sous cet habillage mythologique tissé dans la monstruosité la plus primitive que les derniers échos de la civilisation Minoenne se propagèrent à travers l’histoire, tandis que tout le reste sombrait dans l’oubli » http://www.mystere-tv.com/civilisation-minoenne-une-apocalypse-antique-v2169.html
32 « Nous avons aussitôt en mémoire le sacrifice d’Isaac (Gn 22); les commentateurs s’attardent beaucoup plus au drame psychologique et à l’épreuve de foi du sacrificateur qu’à l’histoire et à l’intention d’un tel sacrifice, qu’Abraham se croit obligé d’offrir, sans doute pour se conformer à une coutume de son monde environnant. Dieu accepte l’offrande jusqu’à un certain point, puisque la victime humaine est remplacée par une victime animale. On se souvient peut-être de la loi du code de l’alliance qui stipule qu’on doit donner au Seigneur son premier-né (Ex 22,28-29); une autre loi vient préciser que ce don (sacrifice?) peut être suspendu par le rachat de ce premier-né par l’offrande d’un animal (Ex 13,11-15; 34,19-20). Ces deux lois sont étudiées, en général, dans le contexte du sacrifice des premiers-nés, pratique qui prend ainsi une forme de substitution. L’intention première des rites, sacrifice et rachat, est une action de grâces à la divinité qui a assuré la fécondité de la famille et du troupeau. » Guy Couturier Parabole x/4 (1988) http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2008/arc_080314.html
33 « En effet, le culte de Moloch aurait parfois été pratiqué en Israël, notamment sous le règne d'Achaz et Manassé, rois de Juda, qui, dit-on, lui sacrifièrent leurs fils. Ce dieu terrible apparaît traditionnellement sous la forme d'un être à corps humain et à tête de taureau. Il est aussi parfois doté d'ailes. » « Dans le Lévitique (18 : 21) il est dit en outre : "Tu ne donneras aucun de tes enfants pour le faire passer par le feu en l'honneur de Moloch, et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu. Je suis Yahweh." (Crampon) Moloch-Baal, le roi du sacrifice Eric Timmermans (2011) http://atheisme.free.fr/Contributions/Moloch.htm
34 Voir videos. La civilisation minoenne : une apocalypse antique http://www.dailymotion.com/video/xd3q2d_la-civilisation-engloutie-minoenne_webcam Théra : le volcan de l'apocalypse http://documystere.com/histoires-legendes/thera-le-volcan-de-lapocalypse/
36 « A l'origine les diverses bourgades de l'Attique, tout en ayant le sentiment d'appartenir à une même nation, ne formaient pas un corps politique unifié, chacune se gouvernait à sa façon. Thésée organisa un pouvoir central établi dans l'Acropole, fit disparaître ces autonomies locales et fonda la cité unique pour toute l'Attique.
Une fête appelée synoecisme consacra le
souvenir de l'installation à Athènes du gouvernement (mi-juillet).
On entend aussi par synoecisme, la fondation d'une ville
généralement fortifiée pour y réunir des habitants jusque-là
épars dans la campagne : c'est le passage de la vie rurale à la
vie urbaine. [...] On appelle bourg ou dème une division
territoriale et administrative un peu analogue à nos communes. Il y
en avait environ 160 au Ve siècle. Les assemblées des dèmes, dont
les questions municipales sont plus à la portée des électeurs,
étaient plus suivies que l'ecclésia d'Athènes, assemblée
politique. » Notes 138 et 141
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#137a
37 Thucydide Histoire de la guerre du Péloponnèse. Attique : évacuation des habitants derrière les longs murs en prévision de l'offensive lacédémonienne (mai) XV http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre2.htm#160
38 Dispositif décisionnel et régulateur de gestion civile proche du Conseil ou assemblée militaire des Achéens que l'on voit siéger près de la flotte au siège de Troie.
39 Des Pélasges participent à la fortification de la Cité-État : « De fait, Strabon nous apprend (IX, 2, 3) qu'ils vinrent en Attique lorsqu'ils furent chassés de Béotie par l'arrivée des Béotiens ; arrivée que Thucydide donne comme de vingt ans antérieure au Retour des Héraclides. Si ces Pélasges obtinrent des terres en Attique à condition de construire le mur de l'Acropole, comme le précise Hérodote, cette construction doit avoir été faite au début de leur court séjour, soit dans les deux décades qui précèdent le Retour des Héraclides. En conséquence, l'incendie de Mycènes vers 1200-1190 et la destruction d'autres établissements mycéniens du Péloponèse au même moment qui, l'archéologie nous l'apprend, se situent aussitôt après la construction du mur pélasgique, doivent être considérés comme l'effet du Retour des Héraclides, c'est-à-dire de l'invasion dorienne. [...] Vers la fin de l'époque mycénienne, au moment même où Mycènes et Tirynthe renforçaient leurs enceintes et assuraient leur approvisionnement en eau en prévision d'un siège à soutenir, et fort peu de temps avant que Mycènes et Tirynthe ne succombassent avec les autres établissements mycéniens du Péloponèse, Athènes de son côté réalisa un vaste plan de fortification de son Acropole. Le mur pélasgique fut alors construit pour remplacer une muraille plus ancienne beaucoup moins puissante. Dans cette nouvelle enceinte la porte nord fut supprimée ; mais l'accès de la grande porte de l'Ouest fut solidement défendu par un ouvrage avancé. Au même moment un escalier souterrain fut construit pour conduire à une source utilisable en cas de siège ; mais cet escalier trop abrupt s'effondra bientôt. Le fait que les maisons bâties sur la pente nord en dehors de l'enceinte ne furent pas reconstruites et réoccupées après avoir été soudainement abandonnées et détruites, semble indiquer que, même pour Athènes, la menace fut alors effective et sérieuse. »
Bérard Jean. Le mur pélasgique de l'Acropole et la date de la descente dorienne. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 94e année, N. 1, 1950. pp. 117-121. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1950_num_94_1_78511
40 « les
Athéniens auraient initialement laissé aux Pélasges ces basses
terres formées des marécages du Céphise qu'ils
croyaient stériles, en dessous de l'Hymette,
avant de s'apercevoir qu'en fait elles donnaient d'abondantes
récoltes. Ils en chassèrent alors les Pélasges. Il n'en restera
plus que sur l'île de Lemnos,
qui furent aussi chassés plus tard par Miltiade fils
de Cimon » http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9lasges
41 Le palais d’Ulysse, héros homérique de l’Odyssée, retrouvé en Grèce? (aout 2010)
http://www.obiwi.fr/voyage-decouvertes/carnets-de-route/87611-le-palais-d-ulysse-heros-homerique-de-l-odyssee retrouve-en-grece
voir : http://www.friendsofhomer.gr/
42 A ce Prince « aux mille tours» de l'Antiquité (il est Ulysse polutropos, « Ulysse aux mille tours », c'est-à-dire aux mille ruses, qui surpasse en ingéniosité, en prudence et en ruse tous les autres héros) fait écho le Prince de Machiavel, le seigneur féodal et superficiellement christianisé usant de ruse, de dissimulation et d'assassinat pour parvenir à ses fins politiques ou vénales.
43 Il faudrait dire en quoi Ulysse ait pu être favori d'Athéna alors qu'à cette époque la cité d’Athènes est placée sous l'égide et la protection de la déesse avec une réorganisation administrative et une politique de cohabitation avec les Pélasges. Une divergence fondamentale d'avec l'autoritarisme et le bellicisme féodal mycénien que représente Ulysse et que le mythe semble vouloir compenser ou effacer.
45 Homère - L'Iliade II - trad. Leconte de Lisle (1866) http://www.mediterranees.net/mythes/troie/iliade/chant2.html#Thersite
46 « Thersite est un personnage énigmatique à maints égards : les commentateurs modernes ont souvent vu en lui un représentant du δημος, un porte-parole des simples soldats, rudoyé par Ulysse, comme l’ont été précédemment les gens du peuple dans l’épisode de la peira. Thersite pourtant se vante des prisonniers troyens qu’il a capturés, comme s’il comptait au nombre des promachoi, qui sont des aristocrates. Dans les poèmes du Cycle, le personnage est d’ailleurs doté d’une généalogie prestigieuse, puisqu’il est donné pour membre de la famille royale d’Étolie, fils d’Agrios, cousin de Méléagre et parent de Diomède » PDF Thersite, une figure de la démesure ? Corinne Jouanno
Université de Caen Basse-Normandie
voir aussi : Thersite ou la liberté de parler
http://www.portique.net/spip.php?article209
47 William Shakespeare lui fait dire dans Troïlus et Cressida : « Il y a Ulysse et le vieux Nestor, dont l'esprit était moisi avant que vos grands-pères eussent des ongles à leurs orteils..., qui vous accouplent au joug comme deux bœufs de charrue, et vous font labourer cette guerre »
48 « Ulysse
relate à Alcinoos son départ avec une flotte de douze
navires ; les vents les poussent vers Ismare,
la cité des Cicones,
qui ont participé à la guerre de Troie aux côtés des Troyens.
Ulysse et ses compagnons prennent la ville par surprise et la
mettent à sac. Peu empressés de repartir le même soir, ils sont
attaqués par les Cicones, qui sont allés chercher de l'aide chez
des voisins, et doivent s'enfuir à la hâte. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Odyss%C3%A9e
49 « Les
errances d'Ulysse expliquées comme une circumnavigation de l’Afrique » Anton Krichenbauer
www.utqueant.org/net/pdf/carkriulysse.pdf
50 « À la suite d'Homère , le Petit Larousse
des mythologies rattache le nom Ulysse au verbe
ὀδύσσομαι/odússomai (« être irrité », « se
fâcher »). Ainsi, au chant XIX de l’Odyssée, Autolycos est
invité à choisir un nom pour son petit-fils qui vient de naître,
et déclare : « Comme j'arrive ici
fâché contre beaucoup de gens, hommes et femmes sur la terre
qui nourrit les hommes, Que cet enfant se nomme Le Fâché »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ulysse
51 Les
Prétendants de Pénélope
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9tendants_de_P%C3%A9n%C3%A9lope
52 L'Aède
Phèmios pendant anti-achéen d'Homère ( il
apparaît au chant I, au cours d'un banquet pour les prétendants :
« Au milieu d'eux chantait l'aède illustre, et tous,
assis,/L'écoutaient en silence. Il chantait le retour de Troie/Et
les malheurs infligés par Pallas aux Achéens. »Il déclare
sous la menace : « Ulysse, je suis
à tes genoux et tu me dois respect et pitié. D’ailleurs tu te
réserves à toi-même bien du chagrin si tu m’abats, moi l’aède
qui chante pour les dieux ainsi que pour les hommes. Mais je
suis autodidaktos,
nonobstant un dieu a implanté dans mon esprit des voies multiples
de composition, et je suis enclin à chanter à tes côtés comme
pour un dieu. Ne brûle donc pas de m’égorger. »
http://www.cairn.info/revue-de-philologie-litterature-et-histoire-anciennes-2001-1-page-7.htm)
est épargné par l'intervention de Télémaque mais chassé du
palais. Alors que même les « prétendants modérés »
Léiôdès et Amphinomos,
« respectueux des usages » sont massacrés par Ulysse ou
Télémaque comme les autres.
53 « Cet
épisode est appelé la « Mnèsthérophonie » (« meurtre
des prétendants »). Après leur massacre, les âmes des
prétendants sont guidées vers l'Hadès par Hermès et
y rejoignent les morts de la guerre
de Troie »
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