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05 novembre 2006

Un déficit commercial est-il forcément pénalisant?

Avec la notion de déficit (ou d'excédent) commercial on touche au coeur de la question d'Economie politique.

C'est ici que vont se trouver vérifiées ou sanctionnées les théories & politiques économiques.
C'est ici que l'on mesure la prospérité ou la ruine d'une nation.

Ricardo dans son interprétation fautive de l'essai d'Adam Smith "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations" (1776) cherche a justifier les intérêts des marchands en s'attaquant au protectionisme et en évoquant une théorie des "avantages comparatifs" :

"L'importation du blé, interdit par des lois protectionnistes (les « Corn Laws »), semble être une solution à la restauration des profits (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital). De fait, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra leur abrogation en 1846.

Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations." (1)

Mais pour vérifier si ces idées sont justes il faut un repère technique ou indicateur, une balance commerciale qui puisse déterminer si la nation sort gagnante ou perdante - n'en déplaise aux adeptes illuminés du mythe de l'échange commercial gagnant-gagnant - au cours d'une période déterminée d'un ensemble d'échanges commerciaux (produits bruts ou manufacturés, services ou actifs financiers, etc.).

Or cet indicateur c'est le solde de la balance commerciale qu'il soit
en excédent ou en déficit.

On comprend dés lors la gène des Antoine Belgodère et autre Ab, partisans échevelés d'une économie sans indicateurs et sans objet politique ; d'un ensemble d'échanges qui ne trouverait sa justification qu'en lui-même... débarrassé de toute astreinte politique, voir scientifique.
Pour ceux-ci reconnaitre que le déficit commercial ait des conscéquences réelles, qu'il aboutirait à l'appauvrissement de la nation voir à son endettement ou sa ruine, serait une remise en cause si fondamentale de la doctrine du libéralisme auto-régulateur et de la main invisible des marchés comme "loi naturelle" de l'économie qu'elle en est inacceptable.

Dire que le deficit commercial n'est pas "pénalisant" pour une nation donnée et pour une peridode déterminée c'est bientot dire que l'indicateur de balance commerciale en lui-même n'a aucune valeur et enfin, apres avoir cassé le thermometre, prétendre que les échanges formant un tout mondial ; qu'il s'agit d'un équilibre général dont les crises et déséquilibres ponctuels représentent les signes du dynamisme... ou mieux encore souligneraient des "réajustements" nécessaires !

Mais finalement pour nous "les anti-modernistes" la question reste classique : le liberalisme est-il supérieur au protectionisme raisonné pour assurer la prospérité nationale ? Les emplois délocalisés en Chine seront-ils compensés par les profits marchands en France ? L'importationisme en vogue depuis les années 80 serait-il responsable du déficit abyssal du budget national aujourd'hui ?

Et finalement quel est l'intérêt pour le peuple francais d'adopter une mode commerciale qui le ruine et remet en cause l'équilibre social et la liberté démocratique elle-même par la désorganisation progressive (en théorie comme en pratique) de l'action publique ?

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