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20 décembre 2006

Le dialogue des sourds : réflexions sur les aspects positifs et négatifs du marché

Sur Usenet un message intitulé : "La Ponction publique" oppose des points de vues contradictoires. L'un des intervenants écrit : "Vous posez comme première condition qu'une entreprise doit être placée d'emblée sous le contrôle de financiers.
Et là je ne suis pas d'accord.
Le rôle des entreprises est de produire de la richesse et non de créer des emplois. Et son devoir est bien de produire cette richesse, mais pour la population: et non pour des financiers."
Et ceci correspondrait à la définition de l'Economie qui précise : "...afin de satisfaire les besoins des Hommes"

A cela son interlocuteur répond : " Moi je me demande toujours pourquoi on est si opposé à l'entreprise en France, alors qu'on lui doit tout.
Le besoin des hommes, il est défini par la demande. C'est le client de l'entreprise qui exprime ses besoins. S'il achète c'est qu'il a besoin de ce qu'il achête. C'est d'ailleurs là que le travail de marketing est indispensable, qui permet de savoir si le produit sera acheté ou non.
Les intérêts financiers ne s'écartent en rien de la loi de l'offre et de la demande laquelle n'est elle même aucunement perverse. Le financier a tout intérêt à ce que le produit se vende, figurez-vous!
Le système est génial et tout se corrobore. C'est pourquoi ça a si bien marché."

Ce dernier point de vue est légitime mais reste limité à des considérations partielles sinon partiales.

En effet l'initiative/entreprise privée est un élément important de l'activité économique.
Renault ou Berliet ont commencé leur activité dans un garage et par leur génie propre - créativité et enthousiasme - avec l'aide et le travail soutenu de quelques techniciens et ouvriers, par la qualité de leur produits qu'ils sont parvenus a vendre sur le marché, ils ont réussit à agrandir leurs ateliers, à développer leur industrie.

Ici on peut évoquer la théorie de Smith sur la nécessité d'un marché où selon la loi de l'offre et la demande, les artisans et producteurs peuvent vendre des produits qui en terme de qualité et de prix correspondent à une attente, à un besoin solvable qui se traduit par une transaction commerciale et à une circulation monétaire.

Ensuite il faut se poser la question de cette circulation monétaire.
Sur la possibilité d'un enrichissement permanent des uns et des autres, les travailleurs par leur salaires et les investisseurs par les bénéfices et les dividendes. Est-ce que cette opération économique caractérisée par la circulation de monnaie est reproductible à l'identique cycles après cycles ?

C'est là que les libéraux arrêtent leur réflexion par des généralités et où toutes leur théories restent à l'état d'ébauche sans éclairer ni conclure la question.

Adam Smith lui-même imagine que plus l'activité industrielle se développe, plus le capital s'investit dans de nouvelles machines qui exigeront l'emploi de d'avantage de travailleurs. Par la répartition équilibrée par le marché des richesses produites entre le capital et le travail un cycle vertueux de travail et de prospérité doit "théoriquement" s'imposer.

Or dans la pratique ce n'est pas le cas :

1. L'extension de l'influence du marché sur tous les domaines de la société donne la priorité aux activités les plus lucratives sur les autres. L'industrie devient plus rentable que l'agriculture qui était elle-même plus rentable que le travail forcé pour la refection des routes royales. Le commerce se retrouve ainsi plus profitable que l'industrie et à terme l'activité financière finit par drainer les ressources de tous les autres domaines ;

2. Les petites entreprises familiales ou artisanales sont concurrencées sur le marché par des entreprises de plus grosse taille qui peuvent dégager des économies d'échelle et baisser leur seuil de rentabilité, mais à leur tour celles-ci finissent ruinées par les ententes commerciales de monopole et la concurence des importations étrangères ;

3. La mécanisation et les gains de productivité n'assurent nullement l'emploi de d'avantage de travailleurs. Au contraire l'offre d'emploi tend plutot à se réduire à volume de production constant et pire encore en cas de sur-production puisqu'on aboutit à un chomage de masse ;

4. La répartition de la richesse produite par l'activité économique (agricole, industrielle, commerciale ou financière) n'est pas symétrique. Donc il s'ensuit que les travailleurs verront en fait leur salaire et leur pouvoir d'achat se réduire a mesure que la masse monétaire se concentre dans le patrimoine de quelques familles.
Ces familles s'assurent la pérennité du système qui a fait leur fortune par la conquête du pouvoir politique. Un pouvoir politique qui ne réside pas uniquement dans la fonction de gouvernement qui est la résultante d'une influence culturelle et de la prédominance d'un certain discours. Il est révélateur a ce titre que les grandes fortunes investissent systématiquement dans l'édition et le journalisme et d'autre part que l'on puisse déplorer le phénomène de "pensée unique", la rareté des forums citoyens et la pauvreté du débat public écrasé par une logique de propagande commerciale ou favorable aux intérêts commerciaux.

Le résultat d'une telle spirale provoquée par cette logique du marché est qu'on délaissera le secteur agricole et les unités de production industrielle pour institutionnaliser un vaste système commercial et financier qui, aprés avoir engloutit l'essentiel de la masse monétaire et bloqué toute l'activité économique de base, agricole, artisanale, l'industrie locale, etc. en laissant le marché aux mains de monopoles inamovibles, de "champions économiques" favorisés mais asphysiants leurs sous-traitants , finit par fonctionner à vide sur un mode purement spéculatif.

C'est en étudiant le scénario répétitif de ces crises libérales que des auteurs tels que Marx ou Keynes proposeront des alternatives.
L'un avec la politique du pire pour justement aboutir a une révolution politique et un nouveau système social, l'autre avec un esprit pragmatique cherche à relancer l'activité économique du marché en régulant le cycle monétaire par la redistribution du pouvoir d'achat via une politique sociale de hausse des salaires et de services publics.
Il n'est pas inutile d'associer ces deux auteurs puisqu'ils semblent jouer au plan de la pensée économique le même rôle connu du bon et du méchant policier... l'un persuadant par la raison ce que l'autre propose d'obtenir par la violence.

Vous pouvez penser encore que "Le système [de marché par la loi de l'offre et la demande] est génial et tout se corrobore. C'est pourquoi ça a si bien marché"... Mais en plus d'un dialogue de sourds il faudrait faire l'hypothèse nécessaire qu'au moins une des parties est aveugle.
Il est compréhensible que l'on puisse affirmer que le système marxiste ou le système keynésien ne fonctionne pas. Mais négliger d'évoquer les raisons pour lesquelles un systeme économique ne fonctionne pas, revient ici à refuser d'observer les causes et les résultats du dysfonctionnemt d'un autre.
Faire du marché le modèle social de référence c'est imposer l'idée fausse que l'intérêt général n'est que la somme d'intérêts privés et égoïstes plutot que l'ambition courageuse de réaliser un projet social selon l'idéal d'une vision humaniste et fraternelle.

En bref sur cette question il faudrait peut-être commencer par distinguer ce qu'est la société et la nation dont on cherche la prospérité économique. Dire si cette nation est souveraine en matière de politique économique et monétaire et quel est le fondement de cette souveraineté si ce n'est le gouvernement du peuple par lui-même.
Ensuite si il y a trop de fonctionnaires, trop de monopoles, trop d'inflation ou trop de chômeurs il s'agit de redéfinir le rôle des moyens techniques du marché, de la planification, de la protection douanière, de la redistribution monétaire pour déterminer quelles sont les réformes d'economie politique à mettre en oeuvre.
Dans le cas contraire le marché - libre de tout controle -, loin de jouer le role de régulateur équitable des échanges qu'on lui prête, loin de répondre à la promesse de prospérité qui a justifié son existence, devient l'instrument puissant de l'égoïsme et ne fait que détruire la société.

De la démagogie à la tyrannie : détails sur la stratégie subversive des adeptes du libéralisme commercial (1)

Les projets les plus farfelus sont mis à l'essai, d'autres offres encore plus alléchantes sont lancées comme en surenchère sur le "marché électoral" : L'un prétend imposer un "bouclier fiscal", l'autre de "payer plus celui qui travail plus", celui-ci prépare un statut fiscal dérogatoire pour l'île de St. Barthélemy, un autre encore ose lancer l'idée d'une "année blanche" où l'Etat renoncerait d'imposer les revenus pour une année...

Toutes ses promesses mises bout à bout et déplacées hors du contexte, sans informations exactes et précises sur la situation et l'environnement de la France... donnent pour le moins l'impression d'une situation économique et financière florissante, d'une liberté de manoeuvre que seule permettrait une croissance à deux chiffres de la production nationale.

Or il n'en est rien. Non seulement les cadeaux fiscaux que proposent ces administrateurs irresponsables sont impossibles à équilibrer dans le budget mais de plus les avantages supposés de ces privilèges, proches des dérogations aussi inutiles ou amorales que nuisibles de l'Ancien Régime, ne sont qu'hypothétiques et invérifiables. Cette politique fiscale d'allègement des impôts n'est aucunement basée sur une étude pragmatique, sur des faits réels et observables. Il s'agit une vision d'économiste de salon, d'une propagande d'opportuniste.

Mais il y a plus grave ! Et nous tenterons de démontrer qu'il s'agit d'une étape d'une vaste entreprise de déstabilisation menée par des intérêts financiers et commerciaux extrêmement puissants.
Une opération subversive qui vise premièrement à remettre en cause les valeurs fondatrices de la République et saper l'esprit du devoir civique inscrit dans l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : " Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés."
Une remise en cause des valeurs facile à réaliser en flattant l'intérêt égoïste du particulier pour ensuite endormir son sens du devoir, le détourner du service de l'intérêt général en stigmatisant les gaspillages et autres dépenses plus ou moins justifiées des deniers publics.
Deuxièmement en supprimant des recettes fiscales cette subversion atteint son but de mettre l'Etat en situation de banqueroute, hors de capacité à équilibrer son budget et répondre à ses engagements et obligations sans le recours a de nouveaux emprunts à des taux toujours plus relevés.

C'est cette folle logique, qui vient ruiner l'intérêt général au profit de quelques intérêts particuliers et - au nom d'une liberté sans limite - fouler aux pieds les liens sacrés du contrat social qui unissent les citoyens d'une même République, dont il s'agit de dénoncer les mensonges et de réprimer les tentatives.

21 novembre 2006

L'Internationale libérale et Télévision : Ces longues couleuvres qu'on avale...

Ces dernières semaines le débat semble toujours verrouillé au sujet de la crise économique et des dégats provoqués par l'ouverture commerciale et financière de France.

Or une petite exception peut-être notée. Sur les ondes de la télévision française - aussi bien controlée qu'à l'époque de l'ORTF - quelques instants le couvercle a été soulevé sur le désastre économique et l'incompétence des responsables.

D'abord le 16 novembre sur le plateau de l’émission politique de France 2 avec Arlette Chabot “A vous de juger” ,
se retrouvent face à Patrick Devedjian et Arnaud Montebourg, Jean-Marie Le Pen et François Bayrou. (1)
Une phrase de Montebourg déplace le débat du baratin politicien vers les questions sérieuses : "Il y a eu au pouvoir des fanatiques du marché, qui pensaient que le marché pouvait régler tous nos problemes et bien maintenant nous en payons les pots cassés et les conscéquences..."

Quelques citoyens invités tels : Sylvie 44 ans, bac+4 au chomage, qui se demande si elle appartient au "Peuple" ou au "sous-Peuple" et demande aux politiciens "qui font entre eux de bons mots" ce qu'ils connaissent de la vie quotidienne que subisse les français.
Alors que Montebourg se plaint de la faiblesse des instruments de défense des salaires et du pouvoir d'achat face aux intérêts capitalistes. Devedjian met en cause dans le chomage français l'absence de coordination des pays européens, "12 politiques économiques différentes et contradictoires qui fait que la croissance en Europe est tres faible", sans que soit rappellé l'ingérence de la politique libérale de Bruxelles ni que nous discernions ici le rapport supposé entre la croissance et l'emploi (ou le niveau de vie des français). Le Pen assure alors "qu'll n'y a pas de thérapeutique sans un bon diagnostic". La cause du chomage réside dans l'ouverture sans controle de la France à la concurence de pays qui n'ont pas de politique sociale et de ce fait des couts de revient pour leurs marchandises plus compétitifs. 2 millions d'emplois perdus dans l'industrie et 1,5 dans l'agriculture : il faut "rétablir un filtre pour défendre le travail".

Sauveur, restaurateur obligé de vendre sa maison pour supporter et financer son activité économique, se plaint de la ponction fiscale, de l'impossibilité d'embaucher et de s'enrichir par son travail.

Charles, ouvrier dans une entreprise de mécanique automobile rachetée par le groupe américain Catalino. Départ des "investisseurs" apres vente du patrimoine et transfert des capitaux vers d'autres "investissements" aux Etats-Unis. Au bout de 15 jours, apres manifestations et le blocage de la Préfecture, 350 CRS et gendarmes puis une "médiatrice" sont envoyés par le gouvernement. "La priorité c'est avoir un emploi. Je demande au gouvernement une vrai politique industrielle..." "j'ai toujours vécu dans les Ardennes, j'ai ma maison et mes enfants je ne veut pas partir !"

Montebourg "Il y a 2 questions les patrons voyoux et l'absence de poursuite judiciaires et la question des délocalisations, la politique sociale et environnement. "On ne peut pas être pour le libre échange absolu" mais en soumettant l'activité à des normes sociales et environementales.

Devedjian "Il faut injecter des capitaux pour une vraie ré-industrialisation des Ardennes. Ce qui nous, je le crois volontiers, manque c'est une vraie politique industrielle. Dans l'industrie automobile on n'a pas prévu de changement.... Nicolas Sarkosy propose dans son programme 1 an de crédit formation..."

Le Pen " Le public doit savoir que pour ce trimestre nous avons une croissance zéro. Sans croissance, ni politique industrielle et ni politique sociale possible. Il faut retrouver les moyens de la souveraineté économique"... "il faut travailler surtout" interrompt Devedjian, "Nous ne pouvons pas le faire" lui répond Le Pen.
"Il faut concentrer nos efforts en nous occupant des francais sans vouloir révolutionner la charité publique dans le monde entier. Beaucoup de francais sont dans la misere et le désespoir, nos gouvernements surfent sur cette question assez confortablement".

Mr Bayrou... "Je ne sais pas si en 30mn personne ne peut répondre a cette question... Y aura toujours des entreprises qui ouvriront et d'autres qui fermeront. Ne riez pas ! On est en train de décrire un pays qui est dans la misere noire, il est pour partie dans la misère, mais il y a d'autre secteurs qui marchent bien... Dans ma circonscription il y a une entreprise qui fabrique 2 sur 3 moteurs d'hélicoptere qui volent dans le monde. Turboméca s'appelle cette usine. Si on ferme les frontières cette entreprise a 3 000 personnes qui y travaillent. Si ont dit que les frontières sont fermées... On vient de gagner le marché de tous les hélicoptèires des garde-cotes américains", "On exporte 25% de la production" place Devedjian . "Ca veut dire qu'une personne sur quatre travaille pour cette exportation là." aventure Bayrou.

Or le cas Turboméca outre l'intérêt de flater le sentiment de fierté française - prete semble t'il a tous les sacrifices jusqu'à la perte de sa souveraineté et son indépendance économique pour garder sa gloriole - peut être le mauvais exemple à citer.

Si M. Bayrou avait jeté un coup d'oeil aux dernieres informations il aurait appris :

1. Que l'entreprise Safran-Turboméca va doubler ses effectifs aux Etats-Unis (2)
2. Que Safran annonce la création d'une entreprise en joint-venture entre Turbomeca et AVIC II en Chine.
"Safran annonce que sa filiale Turbomeca a signé un contrat ' joint venture ' avec Beijing Changkong Machinery (AVIC II) lors du salon aéronautique Air Show China, portant sur la création de la première entreprise joint-venture entre Turbomeca et une société d'AVIC II.
Celle-ci s'appelle Beijing Turbomeca Changkong Aero-engine Control Equipment Co.
Cette joint-venture assurera le montage et les essais des ensembles hydromécaniques pour les turbomoteurs de Turbomeca et de Bejing Changkong, pour leurs marchés respectifs ', explique un communiqué du groupe. ' Elle sera située à 50 km au nord de Bejing sur le nouveau site du partenaire chinois, dans un parc d'activités de haute technologie. " (3)

Faut-il sacrifier l'industrie et l'economie francaise des 75% des travailleurs au bénéfice d'une minorité exportatrice de 25 % alors qu'à terme ces dernieres confronté à la concurence ne peuvent poursuivre leur activité qu'avec les méthodes libérales de recherche des plus bas couts fiscaux et sociaux, par les licenciements et la délocalisation ?


Ensuite dans l'émission européiste France-Europe-Express le 19 novembre dans "Les femmes au pouvoir" avec comme invitée : Christine Lagarde, championne du monde de nage synchronisée et ballet aquatique, ministre déléguée au commerce extérieur.
Au dela du papotage de commères joyeusement animée par l'inutile Christine Ockrent sur la "parité"; les "compétences" et "le réalisme" supposé des femmes nous avons pendant 10 secondes l'évocation par allusion de la question économique. Une déclaration du ministre délégué restera dans les annales à la place qu'elle mérite : "Efforcons-nous que les voix des femmes soient entendues sur des sujets réels, qui sont l'environnement, qui sont l'éducation, la question de savoir où on met la France dans le monde (la géographie?), et de quelle manière on s'ouvre ou on se ferme. Et j'espère qu'on s'ouvrira."

Tout un programme... Mais aucun chiffre n'a été avancé, aucun argument raisonable discuté et défendu. Il est clair que l'intervention du ministre du commerce extérieur a été négociée de manière à éviter les sujets qui fachent telle la question malheureuse de l'augmentation de 9,2% des importations ou des 26,4 milliards E de déficit commercial en 2005 (5). Heureusement donc qu'il y a des femmes compétentes et réalistes pour faire de la politique !

Le mot de l'émission revient donc à un homme : Serge July, qui dit a propos de la similitude entre le programme social-libéral de Ségolène Royal et de libéralisme appliqué à la société française de Nicolas Sarkozy : "...mais personne n'est dupe !".

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05 novembre 2006

Un déficit commercial est-il forcément pénalisant?

Avec la notion de déficit (ou d'excédent) commercial on touche au coeur de la question d'Economie politique.

C'est ici que vont se trouver vérifiées ou sanctionnées les théories & politiques économiques.
C'est ici que l'on mesure la prospérité ou la ruine d'une nation.

Ricardo dans son interprétation fautive de l'essai d'Adam Smith "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations" (1776) cherche a justifier les intérêts des marchands en s'attaquant au protectionisme et en évoquant une théorie des "avantages comparatifs" :

"L'importation du blé, interdit par des lois protectionnistes (les « Corn Laws »), semble être une solution à la restauration des profits (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital). De fait, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra leur abrogation en 1846.

Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations." (1)

Mais pour vérifier si ces idées sont justes il faut un repère technique ou indicateur, une balance commerciale qui puisse déterminer si la nation sort gagnante ou perdante - n'en déplaise aux adeptes illuminés du mythe de l'échange commercial gagnant-gagnant - au cours d'une période déterminée d'un ensemble d'échanges commerciaux (produits bruts ou manufacturés, services ou actifs financiers, etc.).

Or cet indicateur c'est le solde de la balance commerciale qu'il soit
en excédent ou en déficit.

On comprend dés lors la gène des Antoine Belgodère et autre Ab, partisans échevelés d'une économie sans indicateurs et sans objet politique ; d'un ensemble d'échanges qui ne trouverait sa justification qu'en lui-même... débarrassé de toute astreinte politique, voir scientifique.
Pour ceux-ci reconnaitre que le déficit commercial ait des conscéquences réelles, qu'il aboutirait à l'appauvrissement de la nation voir à son endettement ou sa ruine, serait une remise en cause si fondamentale de la doctrine du libéralisme auto-régulateur et de la main invisible des marchés comme "loi naturelle" de l'économie qu'elle en est inacceptable.

Dire que le deficit commercial n'est pas "pénalisant" pour une nation donnée et pour une peridode déterminée c'est bientot dire que l'indicateur de balance commerciale en lui-même n'a aucune valeur et enfin, apres avoir cassé le thermometre, prétendre que les échanges formant un tout mondial ; qu'il s'agit d'un équilibre général dont les crises et déséquilibres ponctuels représentent les signes du dynamisme... ou mieux encore souligneraient des "réajustements" nécessaires !

Mais finalement pour nous "les anti-modernistes" la question reste classique : le liberalisme est-il supérieur au protectionisme raisonné pour assurer la prospérité nationale ? Les emplois délocalisés en Chine seront-ils compensés par les profits marchands en France ? L'importationisme en vogue depuis les années 80 serait-il responsable du déficit abyssal du budget national aujourd'hui ?

Et finalement quel est l'intérêt pour le peuple francais d'adopter une mode commerciale qui le ruine et remet en cause l'équilibre social et la liberté démocratique elle-même par la désorganisation progressive (en théorie comme en pratique) de l'action publique ?

06 septembre 2006

Pour qui roule "le Cercle des économistes" ?

Un petit jeu interressant serait de dessiner quelques pistes (en vue d'investigations plus complètes) pour éclairer les motivations inavouables des "économistes" du Monde et de Paris-Dauphine.
En clair pour qui roulent t'ils ? Quels sont les gros intérêts financiers dont ils défendent les gains ? Bref d'ou viendront les bout de gras qu'ils mettront dans leur soupe demain ? A ce stade de notre enquête nous n'écarterons aucune hypothèse...
bien entendu !

Pour cela il suffit de regarder de plus pres leurs "comptes rendus" et y retrouver le rédactionnel en faveur de tels ou tels "projet d'entreprise"...
Plus loin on pourra toujours dénoncer la méthode qui passe "naturellement" par l'escamotage du processus démocratique !

Sur le site du "think tank" dénomé Le Cercle des Economistes
nous trouverons certainement ce qu'il nous faut. C'est à dire nous y découvrirons certainement le moment de cette glissade du discours économique a vocation scientifique et universelle vers le "publi-rédactionel" en faveur des stratégies de développement des entreprises "partenaires"...

Tiens ! Comme c'est amusant ! Sur la page d'accueil nous trouvons le titre "Le Cercle et Euronext" : "Chaque année, Euronext organise, en liaison avec le Cercle des économistes, une grande manifestation à l’Université Paris-Dauphine à l'occasion de l'édition des interventions faites par les membres du Cercle sur Radio Classique [LVMH]."



Nous avons même un lien direct avec le site internet de l'entreprise financière : http://www.euronext.com... Bonne pioche !

En progressant dans notre enquête nous ouvrons une page au hasard... "Actualités du Cercle des Economistes" sur un colloque tenu à Aix-en-Provence en juillet 2006.

Dans le domaine de la déclaration d'ordre général on lit :

"La rareté est de retour. Elle change de forme. Contrairement à ce que suggère la conjoncture, notamment pétrolière, cette rareté n’est pas exclusivement celle de l’énergie, mais plus encore celle de l’eau, des ressources agro-alimentaires, de la santé ou de l’environnement. Elle appelle un renouveau de la gouvernance mondiale et du multilatéralisme.

La transition démographique à venir pourrait relâcher la pression sur les ressources, mais elle ne doit pas être un prétexte à sous-estimer les tensions actuelles et à venir. A court terme, même si la croissance économique mondiale reste exceptionnellement forte, et même si elle n’est pas immédiatement en danger, les Rencontres 2006 du Cercle des Economistes à Aix-en-Provence ont permis de souligner à quel point, elle révèle et exacerbe des raretés qui, à leur tour, multiplient risques et inégalités. Les mécanismes de marché et les politiques de redistribution nationales ne suffiront pas à lisser les évolutions brutales de prix, à corriger les rigidités durables, à produire des externalités positives ni même à échapper aux risques de conflits, y compris diplomatiques et militaires.

Un Monde de ressources rares exige des progrès de la régulation. Au rythme où le monde en croissance consomme ses ressources physiques et immatérielles, la gouvernance adéquate des systèmes de production et de répartition est elle-même devenue une rareté. Il faut décidément produire une nouvelle gouvernance pour le monde de 2050."

Jusque là... rien a redire à moins de contester l'aveu d'impuissance "des politiques de redistribution" associées aux "mécanismes de marchés". Car il semble que cette formulation ne soit pas heureuse puisqu'elle efface le lien systémique de cause à effet entre la renonciation au role régulateur de l'Etat au bénéfice de la doctrine de spéculation régulatrice (cette fameuse "main invisible") et contribue à "noyer le poisson"... Tout en révellant l'impuissance du systeme néo-libéral à : "lisser les évolutions brutales de prix, à corriger les rigidités durables, à produire des externalités positives [et] même à échapper aux risques de conflits [...] diplomatiques et militaires".

Au delà du constat sur un soi-disant "multilatéralisme" ou des "raretés énergétiques " (aveu d'impuissance du système économique à soutenir sa propre croissance et son autonomie certainement dûe aux carences de la planification économique et d'investissement public) ; on envisage de "développer les ressources de la recherche" (quelle recherche ? à Paris-Dauphine ?!!) et de "l’éducation" (pas de bourrage de crane au moins ?!)...

Enfin nous arrivons au sous-titre "Nos orientations et nos propositions d’action" et qu'y trouverons nous ?

Bingo !

"L’Europe doit trouver dans le défi de la gestion des ressources rares l’occasion de rebondir, d’affirmer et d’afficher sa cohérence, d’améliorer sa propre gouvernance."

Le Cercle des Economistes semble apporter son soutien à Bruxelles et à "l'éducation des esprits" en faveur de la "construction européenne" et au détriment de la souveraineté de la France en matière du libre choix de sa politique économique. Ici il y a quelque chose qui mérite de larges subventions de la Commission ou du Parlement européen... et s'ils ne sont pas des ingrats quelques postes seront même disponibles pour employer de si gentils garçons !

"La réponse aux nouvelles raretés n’implique donc pas de renoncer à la croissance, au contraire." Ah bon ? Et limiter la spéculation et les délocalisations par des mesures protectionistes se serait "renoncer à la croissance" bien sûr ! En tout cas dommageable à l'entreprise Euronext-Clearstream qui sait ce que veut dire "la croissance sans l'emploi"...

" Elle impose, par exemple, d’accepter le renouveau du nucléaire et le développement d’OGM"

Bon et bien tout est dit !


Areva/Cogema


Monsanto



Bayer




Pioneer Hi Bred International




Syngenta


Novartis



Aventis


du Pont de Nemours

"Le Cercle des Economistes" ne nous parle pas beaucoup d'économie, ni de démocratie d'ailleurs puisqu'il faut "accepter" sans débat, mais plutot sur l'art de se faire des amis bien placés. Une leçon à méditer...

05 septembre 2006

Les spin-doctors du libéralisme économique

Selon l'Encyclopédie Wikipédia on nomme spin-doctor un conseiller en communication et marketing politique agissant pour le compte d'un homme ou d'une femme politique, le plus souvent lors de campagnes électorales en vue d'une élection."

Le "spin-doctor" est chargé de prendre en charge la vision médiatique de tel aspect de la vie ou des projets d'un personnage public dans le but d'influencer l'opinion et de susciter l'adhésion des masses populaires.

Mais nous n'avions pas encore clairement envisagé que ces "faiseurs d'opinion" soient au service non d'un homme ou d'un parti mais d'une idéologie au sens large.

Grace à un article de Mathias Reymond et Grégory Rzepski, publié le lundi 4 septembre par Acrimed, portant le titre "Présidentielle 2007 : Le Monde veut encadrer le débat économique"; nous assistons ";en direct" à la fabrique d'un discours standardisé et au choix de politique économique orienté par des "éminences grises"; du néo-libéralisme.

Cette méthode rappelle à s'y méprendre les grandes heures du communisme stalinien lorsque "la ligne politique" du parti unique était définie par le Comité exécutif du Soviet Suprême.

Gageons que l'on ne parlera pas dans cette campagne électoral du rapport de la CNUCED(pdf), bras séculier de l'ONU pour le développement économique, puisque soupçonnée d'être "le think-tank des pays en voie de développement"

En effet la Cnuced dénonce l'échec des réformes libérales, prônées depuis plus de vingt-cinq ans par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui n'ont ni permis de « stimuler la croissance, ni fait reculer la pauvreté ».

Selon ses économistes "Aucun développement industriel ne s'est fait sans politiques d'accompagnement macroéconomiques" et ils préconisent désormais des méthodes plus musclées de l'interventionnisme protéger les entreprises de la mondialisation : « les gouvernements devraient recourir aux subventions et aux droits de douanes, le temps de pouvoir affronter la concurrence internationale."

De plus les économistes onusiens préviennent que, bien que la situation économique mondiale soit en expansion, les risques de crises pouvant être déclenchés par les déséquilibres monétaires et financiers internationaux sont réels...

Ce changement de stratégie économique de la CNUCED me fait penser au post Usenet/f.s.e de décembre 2000 : "Contre la (tiers)mondialisation de la France".

Allez savoir pourquoi !