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15 avril 2007

De la demagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy (2)

Introduction

En démocratie le débat public est nécessaire.
Lorsqu'une décision doit être prise concernant les affaires, lorsqu'une voie nouvelle doit être ouverte dans le processus de l'expérience sociale : une délibération éclairée et un large consentement permet un engagement et une action raisonnable car conforme à un intérêt commun bien compris.

Or le point faible de l'institution démocratique réside dans sa force même : la liberté d'expression.
Tant que le discours reste sincère et désintéressé, il peut utilement servir à la communauté et l'aider dans ses choix. Mais au contraire en devenant mensonger et manipulateur, il ne peut que lui nuire.
Dés qu'un homme politique se fait l'avocat de causes particulières, voir utilise ces causes privées pour satisfaire l'ambition personnelle d'accéder au pouvoir, en devenant l'ami de quelque uns et par eux le serviteur de sa propre cause : il devient l'ennemi de chacun et de tous.
Sous prétexte de servir la communauté, il réussit subtilement à mettre la communauté à son propre service et il lui est facile ensuite de susciter les troubles et les peurs pour se poser ensuite - par la promulgation de lois d'exception, de mesures iniques et oppressives - en protecteur !

N'est-il pas du devoir des citoyens avertis d'exprimer publiquement leur opinion, de dénoncer et d'écarter les discours les plus dangereux pour la Nation ?
Aujourd'hui nous sommes en mesure de démontrer avec des arguments sérieux et vérifiables que le contenu de ce que nous désignons comme "la doctrine Sarkozy", tant dans ses préjugés que dans les aberrations proposées sur le plan pratique, constitue une anthologie de la démagogie : la route la plus directe vers la guerre civile et la servitude de la France.

Certes, il parait fastidieux au premier abord de relever les aberrations d'un discours politique aussi profus que confus tant M. Nicolas Sarkozy semble s'attacher à occuper le centre du débat public, à multiplier les déclarations les plus irréfléchies et les initiatives les plus inconséquentes.
Mais quelques tendances se détachent nettement et permettent de définir dans cette nouvelle doctrine politique ce qui tient des préjugés d'un milieu culturellement sous-développé, de ce qui se traduit dans les projets décousus d'une sorte d'aventurisme néo-libéral, d'un nouveau despotisme sans l'éclair de la lucidité ni les lumières de la raison.

Les préjugés

Dans ce chapitre nous tenterons donc d'ouvrir des pistes, d'offrir des éléments de compréhension de ce qui forme la trame ; ces influences néfastes voir démoniaques, ces lubies ou "opinions fausses et présomptueuses" (2) qui sous-tendent la "doctrine Sarkozy".

Au premier plan de ces préjugés il faut évoquer ce qui tient des origines culturelles.

Issu de cette aristocratie hongroise, véritable machine de guerre de la Maison d'Autriche (3), responsable des principaux conflits européens jusqu'à son abolition en 1918, le doctrinaire sera certainement marqué par la haine de la France et des idées nouvelles des philosophes et affecté par le système de Metternich qui ne conçoit ni le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ni n'admet le droit de résistance contre l'oppression, contre l'arbitraire administratif ou policier. L'Etat est ici avant tout le domaine réservé et intouchable de quelques puissantes familles et l'instrument de défense de privilèges. Mais rarement, voir jamais, redevable devant les citoyens du respect de leur droits et garant du consensus général autour du contrat social et de la Loi. Ici le modèle politique de référence n'est que l'expression la plus pure du despotisme absolu, de l'oppression naturelle des plus forts sur les plus faibles.

Des lors on comprend mieux comment, devenu membre du Barreau après quelques études de Droit, l'individu parle couramment de "droit-de-l'hommisme" pour manifester son mépris des sociétés de défense des droits humains fondamentaux, qu'il se permet régulièrement et avec une jubilation évidente des propos jugés inacceptables par les principaux syndicats de la Magistrature, qu'il se comporte en juge suprême en condamnant en public des suspects qui attendent depuis des années un jugement équitable, qu'il propose avec une constance qui touche l'obsession de nouvelles lois réductrices des libertés en offrant toujours de nouvelles opportunités pour étendre les prérogatives de la police, qu'il ose réduire constamment le principe de séparation des pouvoir et le rôle de la démocratie directe dans l'expression libre de la volonté générale au sujet des affaires de gouvernement : cette volonté de faire voter un nouveau traité européen par le Parlement en fait foi.

Mais ce qui semble l'enrager par-dessus tout ce sont ces actes de résistance quotidienne des citoyens : ces humbles français qui osent fournir un repas ou un toit à des réfugiés loin de chez eux, ces citoyens qui manifestent leur opposition au cours de l'arrestation arbitraire et l'expulsion de pacifiques étrangers, ces révoltes de jeunes qui explosent devant les corps mutilés de leurs camarades et les justifications les plus spécieuses des bavures policières.
Comme nous l'avons vu, ce droit de résistance à l'oppression ; inscrit au fronton de toutes les républiques ; fondateur du gouvernement du peuple par lui-même et d'une société plus juste, plus humaine : semble appartenir dans ce système de l'ordre de l'impensable, voir du sacrilège !

Ce rejet de l'héritage du siècle des Lumières et des idéaux humaniste de la révolution française, ce triomphe de la raison sur l'ignorance, traduit l'arriération culturelle d'une civilisation qui n'a connu ni les pages glorieuses de la République romaine et ses Cicéron qui ont compris que le juste était aussi le plus utile, ni les émotions parfaites des patriotes à l'annonce des victoires miraculeuses de la France contre l'Empire germanique, les prédateurs Anglo-Saxons et les séditieux de l'intérieur qui ont cherché sa ruine, ni les merveilleuses découvertes en Orient et Outre-mer, ni les trésors de la littérature, la science mathématique, les inventions diverses et variées qui ont surprit le monde et donné la fierté légitime "d'être français".

La conséquence d'un tel handicap intellectuel se traduit sur le plan des alternatives proposées. Il n'est nulle part question de faire confiance au génie français, à une méthodologie scientifique, pragmatique pour la recherche patiente de solutions adaptées et appliquées par le moyen d'un large consensus. Mais "il faut", "il suffit de" bassement copier, suivre tel ou tel modèle et d'en imposer les solutions tronquées - c'est à dire sans considération du contexte ou de la validité du propos au vu des perspectives et circonstances réelles - par la ruse ou de force. On voit ainsi dans le corpus sarkosien apparaître et disparaître des références idéales : l'Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, Israël, etc. au gré de tours d'illusionnisme dont beaucoup sont les dupes.

A vrai dire la plupart des tours de magie, des remèdes-miracles avancés dans la doctrine Sarkozy semblent être tirés des déclarations à l'emporte-pièce dupliquées à volonté dans les rapports du FMI et de la Banque mondiale. Des déclarations confuses, des mesures hypothétiques martelées par les médias au titre de la "pédagogie" mais dont l'efficacité réelle en terme de développement et de prospérité nationale n'est vérifiée nulle part mais qui sont contestées partout par les économistes et les chercheurs les plus attentifs.

Mais le doctrinaire est sourd à toutes critiques, surtout aux plus constructives puisqu'il peut plus facilement stigmatiser et dénigrer les autres.
Pour faciliter l'effet de suivisme qu'il cherche à provoquer autour de lui, il lui faut des slogans faciles à dire et répéter. Foin des analyses systémiques, des tableaux synoptiques, des études complexes de mécanismes complexes : il lui faut des formules simplistes, des constats superficiels, des amalgames absurdes, des mots clés répétés à l'envie suivant la capacité moyenne d'entendement d'un large public qui doit entendre ce qui le flatte et qui le berce dans des certitudes confuses. Pour cela il suffit d'offrir un écho amplifié des opinions les plus courantes, voir de dire quelques vérités mais surtout : sans pour autant que les principes entraînent des conséquences, sans que les promesses soient suivies d'effet... C'est là tout le secret du succès.

Puisque l'effet recherché n'est pas d'agir en fonction des principes les plus justes, ni de répondre aux besoins du plus grand nombre, mais seulement de flatter les sentiments les plus grossiers, d'offrir à tous le miroir des ambitions personnelles et égoïstes, de satisfaire le fantasme de la foule d'être artisan de son propre bonheur, de sa propre libération... Mais a une seule petite condition nécessaire et suffisante : qui est d'offrir a son héro populaire, son protecteur fidèle, son vaillant chevalier, une chose indispensable et pourtant presque une simple formalité ... il s'agit seulement des pleins pouvoirs, du pouvoir politique suprême !

Oui il s'agit simplement de remettre les pleins pouvoirs en échange d'un show médiatique, de promesses faites en l'air et impossible à tenir tant elles sont nombreuses, contradictoires et terriblement coûteuses.
Mais qu'importe le doctrinaire parait sûr de lui et tellement énergique... A tel point qu'il semble parfois plutôt agité et fébrile, certainement velléitaire, plus que vraiment volontaire... Mais qu'importe !

Pourquoi ne pas le jouer ce coup de dés, tenter une partie de "roulette russe" avec ce personnage dont la rigueur morale ne semble pas dépasser celle de ses amis politiques, les Chirac, les Balladur et les Pasqua ? Avec lesquels il semble avoir tout appris sur la politique spectacle à l'américaine et la paralysie de la Justice pour permettre par la corruption de ménager quelques intérêts personnels, en même temps que ceux de gros promoteurs immobiliers et autres nouveaux féodaux de la presse, de l'industrie et de la finance ?

Le médiocre n'aurait t'il pas, lui aussi, le droit de réussir et d'écraser ceux qui subissent son influence ?
Une influence malheureuse qui se manifeste surtout par ces projets hasardeux et incohérents dont il serait intéressant de dévoiler toute l'absurdité.

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suite du propos : De la démagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy
(3) - Des projets décousus

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