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15 avril 2007

De la demagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy (2)

Introduction

En démocratie le débat public est nécessaire.
Lorsqu'une décision doit être prise concernant les affaires, lorsqu'une voie nouvelle doit être ouverte dans le processus de l'expérience sociale : une délibération éclairée et un large consentement permet un engagement et une action raisonnable car conforme à un intérêt commun bien compris.

Or le point faible de l'institution démocratique réside dans sa force même : la liberté d'expression.
Tant que le discours reste sincère et désintéressé, il peut utilement servir à la communauté et l'aider dans ses choix. Mais au contraire en devenant mensonger et manipulateur, il ne peut que lui nuire.
Dés qu'un homme politique se fait l'avocat de causes particulières, voir utilise ces causes privées pour satisfaire l'ambition personnelle d'accéder au pouvoir, en devenant l'ami de quelque uns et par eux le serviteur de sa propre cause : il devient l'ennemi de chacun et de tous.
Sous prétexte de servir la communauté, il réussit subtilement à mettre la communauté à son propre service et il lui est facile ensuite de susciter les troubles et les peurs pour se poser ensuite - par la promulgation de lois d'exception, de mesures iniques et oppressives - en protecteur !

N'est-il pas du devoir des citoyens avertis d'exprimer publiquement leur opinion, de dénoncer et d'écarter les discours les plus dangereux pour la Nation ?
Aujourd'hui nous sommes en mesure de démontrer avec des arguments sérieux et vérifiables que le contenu de ce que nous désignons comme "la doctrine Sarkozy", tant dans ses préjugés que dans les aberrations proposées sur le plan pratique, constitue une anthologie de la démagogie : la route la plus directe vers la guerre civile et la servitude de la France.

Certes, il parait fastidieux au premier abord de relever les aberrations d'un discours politique aussi profus que confus tant M. Nicolas Sarkozy semble s'attacher à occuper le centre du débat public, à multiplier les déclarations les plus irréfléchies et les initiatives les plus inconséquentes.
Mais quelques tendances se détachent nettement et permettent de définir dans cette nouvelle doctrine politique ce qui tient des préjugés d'un milieu culturellement sous-développé, de ce qui se traduit dans les projets décousus d'une sorte d'aventurisme néo-libéral, d'un nouveau despotisme sans l'éclair de la lucidité ni les lumières de la raison.

Les préjugés

Dans ce chapitre nous tenterons donc d'ouvrir des pistes, d'offrir des éléments de compréhension de ce qui forme la trame ; ces influences néfastes voir démoniaques, ces lubies ou "opinions fausses et présomptueuses" (2) qui sous-tendent la "doctrine Sarkozy".

Au premier plan de ces préjugés il faut évoquer ce qui tient des origines culturelles.

Issu de cette aristocratie hongroise, véritable machine de guerre de la Maison d'Autriche (3), responsable des principaux conflits européens jusqu'à son abolition en 1918, le doctrinaire sera certainement marqué par la haine de la France et des idées nouvelles des philosophes et affecté par le système de Metternich qui ne conçoit ni le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ni n'admet le droit de résistance contre l'oppression, contre l'arbitraire administratif ou policier. L'Etat est ici avant tout le domaine réservé et intouchable de quelques puissantes familles et l'instrument de défense de privilèges. Mais rarement, voir jamais, redevable devant les citoyens du respect de leur droits et garant du consensus général autour du contrat social et de la Loi. Ici le modèle politique de référence n'est que l'expression la plus pure du despotisme absolu, de l'oppression naturelle des plus forts sur les plus faibles.

Des lors on comprend mieux comment, devenu membre du Barreau après quelques études de Droit, l'individu parle couramment de "droit-de-l'hommisme" pour manifester son mépris des sociétés de défense des droits humains fondamentaux, qu'il se permet régulièrement et avec une jubilation évidente des propos jugés inacceptables par les principaux syndicats de la Magistrature, qu'il se comporte en juge suprême en condamnant en public des suspects qui attendent depuis des années un jugement équitable, qu'il propose avec une constance qui touche l'obsession de nouvelles lois réductrices des libertés en offrant toujours de nouvelles opportunités pour étendre les prérogatives de la police, qu'il ose réduire constamment le principe de séparation des pouvoir et le rôle de la démocratie directe dans l'expression libre de la volonté générale au sujet des affaires de gouvernement : cette volonté de faire voter un nouveau traité européen par le Parlement en fait foi.

Mais ce qui semble l'enrager par-dessus tout ce sont ces actes de résistance quotidienne des citoyens : ces humbles français qui osent fournir un repas ou un toit à des réfugiés loin de chez eux, ces citoyens qui manifestent leur opposition au cours de l'arrestation arbitraire et l'expulsion de pacifiques étrangers, ces révoltes de jeunes qui explosent devant les corps mutilés de leurs camarades et les justifications les plus spécieuses des bavures policières.
Comme nous l'avons vu, ce droit de résistance à l'oppression ; inscrit au fronton de toutes les républiques ; fondateur du gouvernement du peuple par lui-même et d'une société plus juste, plus humaine : semble appartenir dans ce système de l'ordre de l'impensable, voir du sacrilège !

Ce rejet de l'héritage du siècle des Lumières et des idéaux humaniste de la révolution française, ce triomphe de la raison sur l'ignorance, traduit l'arriération culturelle d'une civilisation qui n'a connu ni les pages glorieuses de la République romaine et ses Cicéron qui ont compris que le juste était aussi le plus utile, ni les émotions parfaites des patriotes à l'annonce des victoires miraculeuses de la France contre l'Empire germanique, les prédateurs Anglo-Saxons et les séditieux de l'intérieur qui ont cherché sa ruine, ni les merveilleuses découvertes en Orient et Outre-mer, ni les trésors de la littérature, la science mathématique, les inventions diverses et variées qui ont surprit le monde et donné la fierté légitime "d'être français".

La conséquence d'un tel handicap intellectuel se traduit sur le plan des alternatives proposées. Il n'est nulle part question de faire confiance au génie français, à une méthodologie scientifique, pragmatique pour la recherche patiente de solutions adaptées et appliquées par le moyen d'un large consensus. Mais "il faut", "il suffit de" bassement copier, suivre tel ou tel modèle et d'en imposer les solutions tronquées - c'est à dire sans considération du contexte ou de la validité du propos au vu des perspectives et circonstances réelles - par la ruse ou de force. On voit ainsi dans le corpus sarkosien apparaître et disparaître des références idéales : l'Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, Israël, etc. au gré de tours d'illusionnisme dont beaucoup sont les dupes.

A vrai dire la plupart des tours de magie, des remèdes-miracles avancés dans la doctrine Sarkozy semblent être tirés des déclarations à l'emporte-pièce dupliquées à volonté dans les rapports du FMI et de la Banque mondiale. Des déclarations confuses, des mesures hypothétiques martelées par les médias au titre de la "pédagogie" mais dont l'efficacité réelle en terme de développement et de prospérité nationale n'est vérifiée nulle part mais qui sont contestées partout par les économistes et les chercheurs les plus attentifs.

Mais le doctrinaire est sourd à toutes critiques, surtout aux plus constructives puisqu'il peut plus facilement stigmatiser et dénigrer les autres.
Pour faciliter l'effet de suivisme qu'il cherche à provoquer autour de lui, il lui faut des slogans faciles à dire et répéter. Foin des analyses systémiques, des tableaux synoptiques, des études complexes de mécanismes complexes : il lui faut des formules simplistes, des constats superficiels, des amalgames absurdes, des mots clés répétés à l'envie suivant la capacité moyenne d'entendement d'un large public qui doit entendre ce qui le flatte et qui le berce dans des certitudes confuses. Pour cela il suffit d'offrir un écho amplifié des opinions les plus courantes, voir de dire quelques vérités mais surtout : sans pour autant que les principes entraînent des conséquences, sans que les promesses soient suivies d'effet... C'est là tout le secret du succès.

Puisque l'effet recherché n'est pas d'agir en fonction des principes les plus justes, ni de répondre aux besoins du plus grand nombre, mais seulement de flatter les sentiments les plus grossiers, d'offrir à tous le miroir des ambitions personnelles et égoïstes, de satisfaire le fantasme de la foule d'être artisan de son propre bonheur, de sa propre libération... Mais a une seule petite condition nécessaire et suffisante : qui est d'offrir a son héro populaire, son protecteur fidèle, son vaillant chevalier, une chose indispensable et pourtant presque une simple formalité ... il s'agit seulement des pleins pouvoirs, du pouvoir politique suprême !

Oui il s'agit simplement de remettre les pleins pouvoirs en échange d'un show médiatique, de promesses faites en l'air et impossible à tenir tant elles sont nombreuses, contradictoires et terriblement coûteuses.
Mais qu'importe le doctrinaire parait sûr de lui et tellement énergique... A tel point qu'il semble parfois plutôt agité et fébrile, certainement velléitaire, plus que vraiment volontaire... Mais qu'importe !

Pourquoi ne pas le jouer ce coup de dés, tenter une partie de "roulette russe" avec ce personnage dont la rigueur morale ne semble pas dépasser celle de ses amis politiques, les Chirac, les Balladur et les Pasqua ? Avec lesquels il semble avoir tout appris sur la politique spectacle à l'américaine et la paralysie de la Justice pour permettre par la corruption de ménager quelques intérêts personnels, en même temps que ceux de gros promoteurs immobiliers et autres nouveaux féodaux de la presse, de l'industrie et de la finance ?

Le médiocre n'aurait t'il pas, lui aussi, le droit de réussir et d'écraser ceux qui subissent son influence ?
Une influence malheureuse qui se manifeste surtout par ces projets hasardeux et incohérents dont il serait intéressant de dévoiler toute l'absurdité.

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suite du propos : De la démagogie à la tyrannie : la doctrine Sarkozy
(3) - Des projets décousus

04 mars 2007

Le FMI et la Mondialisation : La fin du projet humaniste dans l'Economie politique ?

Des l'origine basé sur les principes de la coopération internationale pour relever les défis du développement à nos jours selon le nouveau credo de la concurrence des marchés spéculatifs : comment expliquer l'échec moral et la subordination aux intérêts financiers de l'autorité internationale ? Quel est le plan d'organisation financière qui aurait évité l'effondrement dans la crise néo-libérale ?

Introduction

"Durant les années 1930, les grandes économies du monde se sont trouvées aux prises avec des taux de change instables et des politiques commerciales restrictives. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, les économies européennes durement touchées ont nécessité une forte injection de fonds provenant de l’extérieur pour les aider dans leurs activités de reconstruction et de développement. La coopération internationale s’imposait d’urgence pour relever ces défis." (1)

Or nous verrons comment par le glissement sur le régime monétaire et l'adoption du système de "spéculation régulative", nous sommes passés de la politique de coopération internationale à la situation de guerre économique. Quelles sont les réformes à mettre en place et les nouvelles perspectives économiques ?

Origines et fonctionnement du FMI

"Les accords de Bretton Woods furent signés le 22 juillet 1944 au Mount Washington Hotel, à Bretton Woods, suite à trois semaines de débats entre 730 délégués représentant l’ensemble des 44 nations Alliées. Ils ont dessiné les grandes lignes du système financier international de l'après-guerre. Leur objectif principal fut de mettre en place les bases de la politique monétaire mondiale et de favoriser la reconstruction et le développement économique des pays touchés par la Seconde Guerre mondiale.

Ils furent principalement préparés par John Maynard Keynes, qui dirigeait la délégation britannique, et Harry Dexter White, assistant au secrétaire au Trésor américain. La France y était représentée par Pierre Mendès France; il y avait aussi un observateur soviétique. Le plan Keynes fut ébauché dès 1941, et préparait un véritable système monétaire mondial (le bancor). La partie américaine, construite à partir de 1942, proposait plutôt de créer un fonds de stabilisation, construit sur les dépôts des États membres, et une banque de reconstruction pour l'après guerre."(2)

Ce "fonds de stabilisation monétaire" ou Fonds monétaire international (FMI) est donc créé afin de promouvoir la coopération monétaire à l’échelle internationale, de favoriser la stabilité des taux de change et de fournir une aide financière temporaire aux pays membres ayant de la difficulté à équilibrer leur balance des paiements.

Aujourd’hui, 184 pays sont membres du FMI. Chaque pays membre est représenté par un gouverneur au sein du Conseil des gouverneurs du FMI, qui prend les grandes décisions de l’organisme; dans la plupart des cas, plusieurs pays sont représentés par un même gouverneur. Le FMI est dirigé par un directeur général qui préside le Conseil des gouverneurs.

Chaque pays membre s’engage à verser au FMI, aux fins de la création d’un fonds commun, une souscription égale à sa quote‑part, laquelle détermine également son droit de vote. La quote‑part est fondée sur l’importance sur les plans économique et politique du pays dans le système commercial et financier international.

Ces quotes‑parts fournissent au FMI les ressources financières dont il a besoin pour venir en aide aux pays membres, et un pays membre peut emprunter, sous quelques contraintes, jusqu’à concurrence de la limite de la première tranche (les premiers 25 %) de sa quote‑part. Pour contracter un emprunt sur la valeur d’autres tranches, un pays doit satisfaire à d’autres conditions.

Pendant les 30 premières années de son existence ou presque, le FMI s’est préoccupé surtout de maintenir un système de taux de change fixe appelé le système des parités. Dans le cadre de ce système, les États‑Unis ont convenu de fixer le prix de l’or à 35 $US l’once. Les taux de change des devises des pays membres pouvaient être rajustés en fonction du dollar américain et dans des fourchettes déterminées.

L'abandon de Bretton-Woods

Au début des années 1970, le système de taux de change fixe de Bretton Woods, qui s’est révélé irréalisable pour des raisons politiques et économiques, a été remplacé par un système de taux de change flottant.

Les architectes de Bretton Woods avaient pour but premier d’assurer la stabilité des taux de change.
Le nouveau système donne une place prépondérante au dollar, et les autres monnaies voient leur cours indexé sur lui. C'est le système de l'étalon change-or ou Gold Exchange Standard. Seul le dollar était une monnaie suffisamment forte pour satisfaire la demande internationale croissante en liquidités. La force de l’économie américaine, le taux fixe du dollar par rapport à l’or (35$ l’once) et le fait que ce taux soit garanti par le gouvernement américain rendaient le dollar aussi attractif que l’or. En réalité il était même plus attractif car il produisait des intérêts et était plus flexible d’utilisation que l’or.
Les réserves des Banques Centrales doivent alors être constituées de devises et non plus d'or (En fait, il est théoriquement possible de gager une monnaie nationale sur l'or, mais seuls les États-Unis peuvent se le permettre. La tentative en ce sens de la Grande Bretagne a été un échec.).

Cependant, le système de l’étalon-or reposant sur des taux figés n’apparaissait plus adapté aux exigences de l’économie moderne. De plus la production mondiale d’or ne permettait plus de faire face aux besoins de l'économie liés à la croissance du commerce et de l’investissement.

"Dans L'or et la crise du dollar (1960), Robert Triffin note que le système de Bretton Woods induit que les États-Unis aient une balance des paiements déficitaire afin d'alimenter le monde en moyens de paiements internationaux. Toutefois, ce phénomène a un autre effet : il contribue à un affaiblissement progressif de la confiance des étrangers dans le dollar. Ainsi, les besoins importants de l'économie mondiale en une devise fiable, le dollar, contribuent paradoxalement à la perte de confiance en la fiabilité de cette monnaie." (2)

Une critique formulée à l’encontre du système mis en place par ces accords qui porte sur le fait qu’aucun contrôle n’avait été instauré sur la quantité de dollars émis, ce qui permettait aux Etats-Unis de faire tourner la planche à billets et ainsi de s’enrichir sur le dos du reste du monde obligé de subir l’inflation résultante.

Le 15 août 1971, Nixon abolit de fait la convertibilité du dollar, mettant ainsi fin aux différentes formes d'étalon-or. Les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar.

La contrebande du Dollar

L'érosion de la valeur du dollars US n'est pas étrangère a un trafic international illégal sur cette devise. La monnaie britannique qui avait été utilisée avant guerre pour seconder l’or, ne remplissait plus ce rôle, mais la City de Londres va redevenir la première place financière du monde, du fait de la convergence de plusieurs facteurs :

1. Des dollars sont utilisés en monnaie palpable (dollars papiers) par les firmes américaines investissant surtout dans l'Europe d'après-guerre ;

2. Une partie des réserves d’or mondiales était détenue par l’Union Soviétique qui ne participerait pas à un système capitaliste de régulation des changes. Dans les années 50, la place anglaise est favorisée par les autorités soviétiques comme lieu de dépôt de leurs avoirs en dollars, par crainte de voir ceux-ci bloqués si elles les confiaient à des banques américaines ;

3. Aux Etats-Unis La Regulation Q plafonne le taux de rémunération des dépôts bancaires à terme. N'étant pas conçue pour un univers inflationniste, elle a causé des déséquilibres importants dans le système financier américain dans les années 1960 et 1970 ;
4. Les agents financiers de la City ont eux-mêmes préparés leur revanche sur la domination de Wall Street et surtout sur la réglementation financière inter-étatique. Dans « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière" Gary Burne, de l'université du Sussex ecrit :
"la création du marché de l'Eurodollar dans la City à la fin des années 50 a été la conséquence directe de la détermination de l'élite financière britannique à rétablir un ordre de régulation qui soit largement indépendant de l'Etat. Car le contrôle de l'activité bancaire, initialement introduit par les demandes d'une banque privée [la Banque d'Angleterre] sous les ordres d'une élite à la City, était demeurée jusqu'à la crise de 1931 l'affaire privée de la Banque d'Angleterre et de la communauté bancaire des marchands de la City, ne relevant pas du domaine public, au parlement ou au gouvernement. Cela dit, l'effondrement du gold standard et de l'ordre financier international, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui mit le pays sur un pied de guerre financier, amena la Banque et la City sous le contrôle croissant du gouvernement, qui devait inévitablement se conclure par la nationalisation de la Banque en 1946."

« Il est généralement admis que l'année 1957 a vu l'apparition d'un nouveau marché international de l'argent à la City de Londres, le
marché de l'eurodollar, qui a marqué le début d'un tournant fondamental dans les relations financières internationales ; d'une
période orientée vers la perpétuation de différents régimes nationaux distincts d'accumulation, au sein d'un système qui était
presque entièrement régulé, à la période actuelle caractérisée par l'adaptation aux demandes de la spéculation globale avec un
système déréglementé pour l'essentiel (...) rétablissant l'hégémonie du marché financier international sur la souveraineté
économiques des Etats et minant dans ce processus leur capacité à gouverner.
« Le marché naissant des eurodollars en 1957 est la pierre angulaire du système financier international actuel ; il marque le commencement du retour à l'ordre libéral international du laisser-faire, entre les mains de banques privées et de banques centrales, qui s'était effondré dans l'ignominie en 1931 (.) Ainsi, avant même que ne soit effectivement opérationnel le système de Bretton Woods (1958), créé avec l'intention explicite de prévenir une réédition de 1931 en appelant au contrôle de tous les mouvements de capitaux internationaux afin de stopper l'étranglement du commerce international par les flux financiers spéculatifs, son esprit même était déjà détourné par les événements intervenus à la City. Le capital financier, subordonné au capital productif comme il l'était dans les débuts de l'après-guerre (...) était finalement libre à nouveau. "

"La Banque avait trouvé en Montagu Norman la personne idéale pour conduire la City dans ce qui était tout d'abord une bataille
idéologique. Il croyait en la primauté des marchés et son idée force, selon Emile Moreau (gouverneur de la Banque de France, 1926-30),
était que la stabilité dans les relations internationales ne pouvait être assurée que si les banques centrales parvenaient à "sortir les
problèmes économiques du champ politique". Le fait pour l'Angleterre d'être dans le gold standard, avant que n'éclate la Guerre de 14,
assurait que la politique monétaire restait hors du contrôle gouvernemental et ainsi techniquement "en dehors du politique". (3)

Ces dollars investis hors des Etats-Unis ou eurodollars sont utilisés par les banques non-américaines. "Ils sont négociés à des taux légèrement inférieurs aux taux du marché et cette aubaine a le don d'attirer les banques internationales qui les négocient progressivement en monnaie impalpable (dollars scripturaux).
Les eurodollars se multiplient alors mécaniquement (effet multiplicateur du crédit) par le jeu de prêts en chaîne entre banques du Nord (Société Générale, Crédit Lyonnais, Bank of America, etc.). Ce mécanisme est au départ développé dans le plus grand secret. Personne ne s'émeut de cette multiplication de dollars apatrides.
Au milieu des années 60 débute le développement des euro-obligations, c'est-à-dire des prêts octroyés par les banques en eurodollars, le tout en dehors de tout contrôle étatique : il s'agit d'un marché parallèle libre de toute règle.

Les eurodollars croissent alors de manière exponentielle et le phénomène débouche sur la "surliquidité" des banques. Ayant accumulé les dépôts en eurodollars sans trouver suffisamment d'emprunteurs, les banques du Nord vont alors prêter leurs surplus à des taux d'intérêt réels faibles, voire négatifs, aux pays du Tiers Monde." (a)


La mutation néo-libérale du FMI


Réuni à Kingston en Jamaïque, pays membre du Commonwealth depuis son indépendance en 1962, les 7 et 8 janvier 1976, le Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI) adopte des accords qui mettent un terme définitif au système monétaire de parités fixes mais ajustables. Il ne s'agit en fait que d'une régularisation, les monnaies étant flottantes depuis le 19 mars 1973.

Les accords de la Jamaïque s'appuient sur trois dispositions essentielles:
- l'abandon du système des taux de changes fixes et la légalisation du nouveau système : le régime des changes flottants
- rôle de surveillance attribué au FMI
- suspension de toute référence au Dollar et à l'or au sein du Système monétaire international et place prépondérante accordée aux droits de tirage spéciaux (DTS). Il s'agit d'une monnaie fictive ou plutôt d'un panier de monnaies telles que la Livre, le Dollar, et le Yen. (A titre d'information la Banque centrale européenne garde 40 millions d'euro en réserve dont 15% en or et 85% en dollars et en yens).

Le régime de change flottant est un système permettant de donner une valeur à la monnaie. Pour ce faire on ne se base pas sur une valeur étalon, il n'existe pas de parité officielle entre des monnaies. Le taux de change d'une monnaie varie librement sur le marché des changes en fonction de l'offre et de la demande pour cette monnaie. Le taux de change varie donc en principe selon la quantité de crédit émise par chaque pays. Une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises.
Sur le plan national il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette auprès des institutions financières. (4)

La soumission aux exigences de la finance spéculative

Le rôle de surveillance de la politique économique nationale par le FMI vient appuyer les nouvelles prétentions des pourvoyeurs de crédit.

"Par exemple, avant de consentir un prêt sur la valeur d’une deuxième ou d’une troisième tranche, le FMI peut s’entendre avec le pays membre sur un programme visant à maintenir son déficit budgétaire en deçà d’un certain pourcentage de son produit intérieur brut, ou à éliminer les obstacles à l’investissement à l’étranger."

Ici les conditions posées par le FMI en terme d'orthodoxie financière dans la gestion de la dépense publique et le conditionnement à des mesures de désengagement de l'état du secteur privé paraissent systématiquement favorable aux investissements étrangers par le maintien d'une parité élevé de la monnaie, la diminution des prélèvements fiscaux, la vente des secteurs économiques rentables à des intérêts privés, la déréglementation tarifaire pour les marchandises importées et la libre circulation des capitaux. Mais est-ce réellement les mesures nécessaires au développement économique du pays ?

Ces conditions qui paraissent tantôt utiles, tantôt contestables vont transformer le FMI en une machine infernale pour les économies du Tiers-monde.

Ainsi : "Dans la seconde moitié des années 70, les deux chocs pétroliers entraînent le développement des pétrodollars (les dollars issus du pétrole), venant s'ajouter aux eurodollars dans les caisses de banques de plus en plus "surliquides".

Alors que la crise au Nord se généralise et que les débouchés se contractent dangereusement, le recyclage des eurodollars et des pétrodollars des banques du Nord vers le Tiers Monde prend des proportions démesurées. Entre 1970 et 1980, le montant de la dette du Tiers Monde contractée auprès des banques internationales est multipliée par 33, alors que la dette contractée auprès des Etats et des institutions financières multilatérales (souvent pour financer les "éléphants blancs" et autres projets "clé sur porte" inadaptés aux besoins locaux et écologiquement destructeurs) n'est multipliée que par 5.
En 1979, les Etats-Unis décident unilatéralement d'augmenter de manière drastique leurs taux d'intérêt. Or, les taux des prêts octroyés au Tiers Monde par les banques "surliquides" étaient variables et directement déterminés par les taux américains. L'augmentation des taux américains aboutit ainsi à une explosion mécanique des remboursements de la dette du Tiers Monde et à la crise d'insolvabilité des années 80." (a)

Nous ne voulons pas ici créer de polémique sur l'origine de la dette du Tiers-monde dont la responsabilité repose aussi sur les autorités nationales. Mais il faut aussi mettre en cause l'activité de prédation financière qui s'est organisée sans que le FMI n'affiche d'autre réaction que symbolique. D'abord dans le laxisme face à la spéculation sur les eurodollards qui contribue à la dévaluation de la monnaie-étalon, ensuite sur l'endettement incontrollé des pays en voie de développement qui semblent avoir été les cibles de stratégie de déstabilisation financière. Enfin sur l'endettement croissant de la plupart des nations industrielles qui ont poursuivi après 1973 une politique fiscale et redistributrice qui n'était possible que dans le cadre de taux de change ajustables et d'une régulation économique stricte sur le plan des flux financiers, des protections tarifaires et des paiements internationaux.

Il faut donc reconnaître ici que le FMI a fait défaut dans toutes ses missions : que ce soit dans le maintien du régime de taux de change fixes de Bretton-Woods qui a permi un remarquable développement économique de 1945 à 1973, dans l'assistance aux pays contributeurs en vue de la stabilité et du développement économique national et enfin dans le cadre du régime des changes flottants en acceptant ce système de création monétaire par les institutions financières en échange de bons du Trésor ; système qui contribue à gonfler artificiellement la dette nationale à mesure du besoin de liquidités et la charge des intérêts a payer par les contribuables au bénéfice des financiers.

Un nouveau système monétaire


Ainsi aux excès des politiques inflationnistes des Etats qui avaient fait de l'émission monétaire un moyen de politique clienteliste répond
les excès d'une spéculation financière, rendue possible avec la complicité des banques centrales et des politiques monétaristes qui ont permis de détourner le droit régalien de création monétaire, dans le but d'organiser une pénurie de la contrepartie monétaire destinée à la production et l'échange des biens par les familles et les entreprises, de manipuler les marchés monétaires et d'augmenter les moyens financiers disponibles pour de nouvelles opérations financières spéculatives.

Dans la confusion de cette mondialisation de l'économie, basée sur la spéculation sur les devises et sur les créances des États, dont les principes fondamentaux concernant l'ouverture douanière et financière n'aboutissent finalement - en passant par l'endettement et la désinflation - qu'à une situation de concurrence et de guerre économique, c'est à dire à l'opposé du projet de coopération économique internationale : il est temps de fixer les objectifs et les moyens d'une réorganisation de l'économie. Une économie qui soit un moyen de développement et de désendettement au service de l'homme et des nations plutôt qu'un asservissement de l'un et une ruine programmée de l'autre.

Face à l'échec évident du système de "régulation spéculative" mis en place avec le régime de changes flottants, il nous faut donc revenir à l'étude du plan Keynes qui a été écarté au profit du projet White lors de la négociation de Bretton-Woods.

"Pour l’après-guerre, Keynes avait imaginé un système où les grandes nations ne seraient pas contraintes de placer le respect d’accords commerciaux au-dessus des objectifs de progrès social, notamment le plein emploi. Il y voyait coexister le libre-échange avec un système de protection généreux assuré par des institutions financières internationales. Celui-ci aurait été caractérisé avant tout par un dispositif d’« ajustement des créances » imposant des sanctions aux pays en excédent commercial, et non aux nations en déficit. Cela aurait contraint les premiers soit à accepter une discrimination à l’encontre de leurs ventes, soit à élargir leurs marchés intérieurs pour absorber plus d’importations. Parallèlement, chaque débiteur aurait eu droit à une ligne de crédit dans un système international de paiement, appuyé sur un mécanisme de compensation et une monnaie de réserve mondiale (le bancor)."

"Un tel ordre était inacceptable pour les États-Unis. Dans un monde dominé comme il l’était alors par la supériorité écrasante de leur industrie manufacturière, l’idéal américain était le laissez-faire économique et l’étalon-or. Un moyen de paiement international qui prenne en compte les intérêts des débiteurs était aussi étranger à la pensée de Wall Street que le serait, pour le commun des mortels, l’idée de confier la direction d’une prison aux détenus. Les dettes contractées devaient être remboursées le lendemain, coûte que coûte. Les finances de l’après-guerre devaient être gérées par les riches. Au bout du compte, les Etats-Unis acceptèrent un FMI et une Banque mondiale sur des bases beaucoup plus traditionnelles que ne l’avait espéré Keynes, malgré quelques concessions." (6)

Sur le plan national il est également nécessaire de restaurer la souveraineté nationale sur la politique monétaire en restaurant le droit d'émission monétaire par une banque nationale. Une institution qui sera responsable de la mise en circulation de la contrepartie monétaire des richesses produites. Et, a cet effet, chargée de superviser les investissements industriels en faveur du développement régional. Ainsi par divers moyens juridiques et techniques, par la Banque centrale qui régule la création monétaire en “encadrant” le crédit et les opérations de change : Les gouvernements doivent imposer la loi aux financiers. (7)

De plus il est souhaitable de mettre en place un système de crédit social. Ceci en plaçant sur des comptes de banques régionales, à la disposition des particuliers et des entreprises détentrices une ligne de crédit en fonction de leur besoin de solvabilité et secteur d'activité. (8)

Ces réformes salutaires nous permettront d'échapper aux affres de la guerre économique et sociale et de la spéculation sur la dette pour renouer avec les objectifs ambitieux et humanistes d'une économie comme moyen d'action au service de l'humanité et du développement durable.

--

(1) http://www.canadianeconomy.gc.ca/francais/economy/1944imf.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods
(3) « L'Etat, la City et l'euromarché » : comment l'oligarchie a créé la bulle financière par Gary Burne
(a) http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/eurodollars.htm
(4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Monnaie#Par_les_autorit.C3.A9s_financi.C3.A8res
(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9culation
(6) http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/GALBRAITH/10174
(7) http://economiedistributive.free.fr/spip.php?article975
(8) L'île des naufragés de Louis Even

18 février 2007

Dette Externe en France vu par la CIA.....

On 17 fév, 06:13, AB wrote:
> tijl.uilenspiegel wrote:
> > Ce qui est amusant c'est que ces adeptes du libéralisme s'aperçoivent avec
> > un choc que le capitalisme fonctionne avec des dettes.
>
> Gni? Les *vrais* liberaux sont opposes au gouvernement, alors un
> gouvernement endette...
>

Oui le gouvernement endette. Mais quel gouvernement au juste ?

1. "C'est le déficit budgétaire qui a provoqué l'augmentation de la dette publique en France." (1) Il faut rappeller que ce déficit budgétaire résulte de dépenses publiques non couvertes par des recettes fiscales.
Cette couverture est obligatoire dans certaines constitutions et interdit aux gouvernements de présenter des budgets déséquilibrés où les dépenses ne seraient pas réduites ou couvertes pas des recettes fiscales suplémentaires.

2. De fait en observant le tableau de la dette publique (2) vous constatez que ce sont les gouvernement de "vrais" libéraux ou adoptant des politiques néo-libérale de désarmement tarifaire, libre circulation des capitaux, privatisations, exonérations fiscales, etc. qui sont les champions de la dette.

"En consultant le rapport Pébereau, il est facile de constater que celui-ci a été contenu dans des limites raisonnables de 1981 à 1991 (Présidence Mitterand, tous les premiers ministres, jusqu'à Bérégovoy). Il atteignait alors entre 1,5 % et 2 % du Produit Intérieur Brut.
A partir de 1993, et surtout durant les années 1994 et 1995, le déficit a bondi jusqu'à 6 %, au mieux 5,4 % du PIB. C'était au temps de la première cohabitation, sous le Gouvernement Balladur.
Avec l'arrivée du Gouvernement Jospin en 1997, le déficit a été ramené à 3 %, puis à 1,5 % sur les années 1999, 2000 et 2001.
Avec l'élection de Chirac, sous les Gouvernements Raffarin et Villepin, le déficit est reparti de plus belle à partir de 2003, atteignant 4 % du PIB. Le déficit annoncé de 2006 n'est évidemment du qu'à des artifices comptables dus au tandem Breton/Copé (surtout ce dernier)." (1)

3. C'est ce qui vérifie l'idée selon laquelle le systeme de "mondialisation" néolibérale a besoin de la dette des Etats pour rendre possible la circulation de masses fianancières hors du circuit monétaire d'origine. Les flux financiers "off-shore" ne sont que la contre-partie de la dette nationale et l'accroissement de la dette nationale permet mécaniquement l'augmentation corrélative des masses financières spéculatives.
C'est ce qui permet d'expliquer pourquoi les gouvernements libéraux sont ceux qui laissent délibérément filer le déficit budgétaire et gonfler la dette publique pour alimenter le marché des fonds spéculatifs de leurs amis financiers et autres milliardaires prévoyants.

Il faut d'ailleurs noter l'anomalie suivante : 31% des 8.000 milliards $ de la dette US est détenue par des résidents du Japon, mais le Japon lui même connait le même probleme de dette publique détenue par d'autres non-résidents !

4. On apprend ainsi que le passage du "vrai" libéral Sarkozy au Budget entre 1993 et 1995 laisse ce pitoyable résultat : le triste record du deficit budgétaire de la 5ieme République (ce qui lui vaut certainement le titre mérité de "Mr Deficit").
Selon les chiffres du ministère de l'économie la dette publique est passée de 375 milliards d'Euros en 1993 (45,3% du Pib) à 496 milliards d'Euros en 1995 (54,6% du Pib). (3)
Avec les déficits records de 5,5 % du Pib en 1994 et en 1995

5. Je vous propose de contempler l'évidence fascinante de l'incompétence de nos politiciens (enarques ou non), tous adeptes illuminés de la "mondialisation", sur ce site : http://cluaran.free.fr/dette.html

6. Les laudateurs du libéralisme outre-atlantique pouront tirer quelques informations qui completeront utilement leurs connaissances en consultant ce tableau de l'évolution du montant de la dette nationale US par personne sur : http://mwhodges.home.att.net/debt.htm


Cette dette est relativement stable entre 1945 et 1971 c'est a dire dans toute la période du keynésianisme triomphant et le systeme de Bretton-Wood. Ensuite on passe au-dessus de la barre des 5.000 $ de dette fédérale par personne (1982) au tout début des années du "vrai libéral" Reagan (1981-1989) et on atteint les 20.000 $/personne à la fin de l'administration du "vrai libéral" Bush Sr. On observe une stabilisation a ce niveau sous l'administration démocrate Clinton et une reprise brutale de l'endettement sous les mandats du "vrai libéral" Bush Jr.

Sur ce même site une belle citation de Thomas Jefferson illustre le propos :" Je place l'économie parmi les premières et les plus importantes des vertues républicaines, et la dette publique comme le plus grand des dangers."

Ainsi selon Jefferson il nous faut compter au nombre des ennemis de la République francaise tous les politiciens qui ont contribué a creuser le deficit public par les depenses publiques non couvertes par des recettes fiscales appropriées, les ouvertures commerciales hasardeuses et autres exonérations fiscales permettant ainsi les diverses formes d'évasions monétaires et finalement le pillage et la banqueroute de la Nation.


> Essentiellement un gouvernement rembourse ses dettes par l'impot ou par
> l'emission de monnaie. Les deux sont du vol, un crediteur de l'Etat n'a
> donc legitimement aucun droit a recouvrir sa dette.


Si l'impot est consenti ce n'est pas du vol. Que la volonté générale soit exprimée indirectement par le vote des représentants du Peuple ou directement par le moyen du referendum.

Par contre il est pas sûr que ce qu'on appelle abusivement "l'impot indirect" (Tva, Taxes diverses, etc) soit conscenti si les prélevements sont décidés par le simple moyen d'un décret du Gouvernement.
Puisqu'il n'y a pas dans ce cas de vote des représentants du peuple et donc pas d'expression expresse du conscentement. Au lieu d'appeller ces prélèvements des "impots indirects" il faudrait plutot dire des "Taxes directes". Il s'agirait en fait d'un impot illégal n'étant pas décidé et organisé par une loi mais par une décision arbitraire de l'exécutif.
Faut-il signaler sur le plan historique que c'est ce genre de fantaisie qui a provoqué la révolution anglaise ?


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(1) http://help.berberber.com/forum-politique/19267-la-dette-publique-3.html

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France

(3) http://le.pingouin.dechaine.over-blog.com/categorie-1021696.html

20 décembre 2006

Le dialogue des sourds : réflexions sur les aspects positifs et négatifs du marché

Sur Usenet un message intitulé : "La Ponction publique" oppose des points de vues contradictoires. L'un des intervenants écrit : "Vous posez comme première condition qu'une entreprise doit être placée d'emblée sous le contrôle de financiers.
Et là je ne suis pas d'accord.
Le rôle des entreprises est de produire de la richesse et non de créer des emplois. Et son devoir est bien de produire cette richesse, mais pour la population: et non pour des financiers."
Et ceci correspondrait à la définition de l'Economie qui précise : "...afin de satisfaire les besoins des Hommes"

A cela son interlocuteur répond : " Moi je me demande toujours pourquoi on est si opposé à l'entreprise en France, alors qu'on lui doit tout.
Le besoin des hommes, il est défini par la demande. C'est le client de l'entreprise qui exprime ses besoins. S'il achète c'est qu'il a besoin de ce qu'il achête. C'est d'ailleurs là que le travail de marketing est indispensable, qui permet de savoir si le produit sera acheté ou non.
Les intérêts financiers ne s'écartent en rien de la loi de l'offre et de la demande laquelle n'est elle même aucunement perverse. Le financier a tout intérêt à ce que le produit se vende, figurez-vous!
Le système est génial et tout se corrobore. C'est pourquoi ça a si bien marché."

Ce dernier point de vue est légitime mais reste limité à des considérations partielles sinon partiales.

En effet l'initiative/entreprise privée est un élément important de l'activité économique.
Renault ou Berliet ont commencé leur activité dans un garage et par leur génie propre - créativité et enthousiasme - avec l'aide et le travail soutenu de quelques techniciens et ouvriers, par la qualité de leur produits qu'ils sont parvenus a vendre sur le marché, ils ont réussit à agrandir leurs ateliers, à développer leur industrie.

Ici on peut évoquer la théorie de Smith sur la nécessité d'un marché où selon la loi de l'offre et la demande, les artisans et producteurs peuvent vendre des produits qui en terme de qualité et de prix correspondent à une attente, à un besoin solvable qui se traduit par une transaction commerciale et à une circulation monétaire.

Ensuite il faut se poser la question de cette circulation monétaire.
Sur la possibilité d'un enrichissement permanent des uns et des autres, les travailleurs par leur salaires et les investisseurs par les bénéfices et les dividendes. Est-ce que cette opération économique caractérisée par la circulation de monnaie est reproductible à l'identique cycles après cycles ?

C'est là que les libéraux arrêtent leur réflexion par des généralités et où toutes leur théories restent à l'état d'ébauche sans éclairer ni conclure la question.

Adam Smith lui-même imagine que plus l'activité industrielle se développe, plus le capital s'investit dans de nouvelles machines qui exigeront l'emploi de d'avantage de travailleurs. Par la répartition équilibrée par le marché des richesses produites entre le capital et le travail un cycle vertueux de travail et de prospérité doit "théoriquement" s'imposer.

Or dans la pratique ce n'est pas le cas :

1. L'extension de l'influence du marché sur tous les domaines de la société donne la priorité aux activités les plus lucratives sur les autres. L'industrie devient plus rentable que l'agriculture qui était elle-même plus rentable que le travail forcé pour la refection des routes royales. Le commerce se retrouve ainsi plus profitable que l'industrie et à terme l'activité financière finit par drainer les ressources de tous les autres domaines ;

2. Les petites entreprises familiales ou artisanales sont concurrencées sur le marché par des entreprises de plus grosse taille qui peuvent dégager des économies d'échelle et baisser leur seuil de rentabilité, mais à leur tour celles-ci finissent ruinées par les ententes commerciales de monopole et la concurence des importations étrangères ;

3. La mécanisation et les gains de productivité n'assurent nullement l'emploi de d'avantage de travailleurs. Au contraire l'offre d'emploi tend plutot à se réduire à volume de production constant et pire encore en cas de sur-production puisqu'on aboutit à un chomage de masse ;

4. La répartition de la richesse produite par l'activité économique (agricole, industrielle, commerciale ou financière) n'est pas symétrique. Donc il s'ensuit que les travailleurs verront en fait leur salaire et leur pouvoir d'achat se réduire a mesure que la masse monétaire se concentre dans le patrimoine de quelques familles.
Ces familles s'assurent la pérennité du système qui a fait leur fortune par la conquête du pouvoir politique. Un pouvoir politique qui ne réside pas uniquement dans la fonction de gouvernement qui est la résultante d'une influence culturelle et de la prédominance d'un certain discours. Il est révélateur a ce titre que les grandes fortunes investissent systématiquement dans l'édition et le journalisme et d'autre part que l'on puisse déplorer le phénomène de "pensée unique", la rareté des forums citoyens et la pauvreté du débat public écrasé par une logique de propagande commerciale ou favorable aux intérêts commerciaux.

Le résultat d'une telle spirale provoquée par cette logique du marché est qu'on délaissera le secteur agricole et les unités de production industrielle pour institutionnaliser un vaste système commercial et financier qui, aprés avoir engloutit l'essentiel de la masse monétaire et bloqué toute l'activité économique de base, agricole, artisanale, l'industrie locale, etc. en laissant le marché aux mains de monopoles inamovibles, de "champions économiques" favorisés mais asphysiants leurs sous-traitants , finit par fonctionner à vide sur un mode purement spéculatif.

C'est en étudiant le scénario répétitif de ces crises libérales que des auteurs tels que Marx ou Keynes proposeront des alternatives.
L'un avec la politique du pire pour justement aboutir a une révolution politique et un nouveau système social, l'autre avec un esprit pragmatique cherche à relancer l'activité économique du marché en régulant le cycle monétaire par la redistribution du pouvoir d'achat via une politique sociale de hausse des salaires et de services publics.
Il n'est pas inutile d'associer ces deux auteurs puisqu'ils semblent jouer au plan de la pensée économique le même rôle connu du bon et du méchant policier... l'un persuadant par la raison ce que l'autre propose d'obtenir par la violence.

Vous pouvez penser encore que "Le système [de marché par la loi de l'offre et la demande] est génial et tout se corrobore. C'est pourquoi ça a si bien marché"... Mais en plus d'un dialogue de sourds il faudrait faire l'hypothèse nécessaire qu'au moins une des parties est aveugle.
Il est compréhensible que l'on puisse affirmer que le système marxiste ou le système keynésien ne fonctionne pas. Mais négliger d'évoquer les raisons pour lesquelles un systeme économique ne fonctionne pas, revient ici à refuser d'observer les causes et les résultats du dysfonctionnemt d'un autre.
Faire du marché le modèle social de référence c'est imposer l'idée fausse que l'intérêt général n'est que la somme d'intérêts privés et égoïstes plutot que l'ambition courageuse de réaliser un projet social selon l'idéal d'une vision humaniste et fraternelle.

En bref sur cette question il faudrait peut-être commencer par distinguer ce qu'est la société et la nation dont on cherche la prospérité économique. Dire si cette nation est souveraine en matière de politique économique et monétaire et quel est le fondement de cette souveraineté si ce n'est le gouvernement du peuple par lui-même.
Ensuite si il y a trop de fonctionnaires, trop de monopoles, trop d'inflation ou trop de chômeurs il s'agit de redéfinir le rôle des moyens techniques du marché, de la planification, de la protection douanière, de la redistribution monétaire pour déterminer quelles sont les réformes d'economie politique à mettre en oeuvre.
Dans le cas contraire le marché - libre de tout controle -, loin de jouer le role de régulateur équitable des échanges qu'on lui prête, loin de répondre à la promesse de prospérité qui a justifié son existence, devient l'instrument puissant de l'égoïsme et ne fait que détruire la société.

De la démagogie à la tyrannie : détails sur la stratégie subversive des adeptes du libéralisme commercial (1)

Les projets les plus farfelus sont mis à l'essai, d'autres offres encore plus alléchantes sont lancées comme en surenchère sur le "marché électoral" : L'un prétend imposer un "bouclier fiscal", l'autre de "payer plus celui qui travail plus", celui-ci prépare un statut fiscal dérogatoire pour l'île de St. Barthélemy, un autre encore ose lancer l'idée d'une "année blanche" où l'Etat renoncerait d'imposer les revenus pour une année...

Toutes ses promesses mises bout à bout et déplacées hors du contexte, sans informations exactes et précises sur la situation et l'environnement de la France... donnent pour le moins l'impression d'une situation économique et financière florissante, d'une liberté de manoeuvre que seule permettrait une croissance à deux chiffres de la production nationale.

Or il n'en est rien. Non seulement les cadeaux fiscaux que proposent ces administrateurs irresponsables sont impossibles à équilibrer dans le budget mais de plus les avantages supposés de ces privilèges, proches des dérogations aussi inutiles ou amorales que nuisibles de l'Ancien Régime, ne sont qu'hypothétiques et invérifiables. Cette politique fiscale d'allègement des impôts n'est aucunement basée sur une étude pragmatique, sur des faits réels et observables. Il s'agit une vision d'économiste de salon, d'une propagande d'opportuniste.

Mais il y a plus grave ! Et nous tenterons de démontrer qu'il s'agit d'une étape d'une vaste entreprise de déstabilisation menée par des intérêts financiers et commerciaux extrêmement puissants.
Une opération subversive qui vise premièrement à remettre en cause les valeurs fondatrices de la République et saper l'esprit du devoir civique inscrit dans l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : " Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés."
Une remise en cause des valeurs facile à réaliser en flattant l'intérêt égoïste du particulier pour ensuite endormir son sens du devoir, le détourner du service de l'intérêt général en stigmatisant les gaspillages et autres dépenses plus ou moins justifiées des deniers publics.
Deuxièmement en supprimant des recettes fiscales cette subversion atteint son but de mettre l'Etat en situation de banqueroute, hors de capacité à équilibrer son budget et répondre à ses engagements et obligations sans le recours a de nouveaux emprunts à des taux toujours plus relevés.

C'est cette folle logique, qui vient ruiner l'intérêt général au profit de quelques intérêts particuliers et - au nom d'une liberté sans limite - fouler aux pieds les liens sacrés du contrat social qui unissent les citoyens d'une même République, dont il s'agit de dénoncer les mensonges et de réprimer les tentatives.

21 novembre 2006

L'Internationale libérale et Télévision : Ces longues couleuvres qu'on avale...

Ces dernières semaines le débat semble toujours verrouillé au sujet de la crise économique et des dégats provoqués par l'ouverture commerciale et financière de France.

Or une petite exception peut-être notée. Sur les ondes de la télévision française - aussi bien controlée qu'à l'époque de l'ORTF - quelques instants le couvercle a été soulevé sur le désastre économique et l'incompétence des responsables.

D'abord le 16 novembre sur le plateau de l’émission politique de France 2 avec Arlette Chabot “A vous de juger” ,
se retrouvent face à Patrick Devedjian et Arnaud Montebourg, Jean-Marie Le Pen et François Bayrou. (1)
Une phrase de Montebourg déplace le débat du baratin politicien vers les questions sérieuses : "Il y a eu au pouvoir des fanatiques du marché, qui pensaient que le marché pouvait régler tous nos problemes et bien maintenant nous en payons les pots cassés et les conscéquences..."

Quelques citoyens invités tels : Sylvie 44 ans, bac+4 au chomage, qui se demande si elle appartient au "Peuple" ou au "sous-Peuple" et demande aux politiciens "qui font entre eux de bons mots" ce qu'ils connaissent de la vie quotidienne que subisse les français.
Alors que Montebourg se plaint de la faiblesse des instruments de défense des salaires et du pouvoir d'achat face aux intérêts capitalistes. Devedjian met en cause dans le chomage français l'absence de coordination des pays européens, "12 politiques économiques différentes et contradictoires qui fait que la croissance en Europe est tres faible", sans que soit rappellé l'ingérence de la politique libérale de Bruxelles ni que nous discernions ici le rapport supposé entre la croissance et l'emploi (ou le niveau de vie des français). Le Pen assure alors "qu'll n'y a pas de thérapeutique sans un bon diagnostic". La cause du chomage réside dans l'ouverture sans controle de la France à la concurence de pays qui n'ont pas de politique sociale et de ce fait des couts de revient pour leurs marchandises plus compétitifs. 2 millions d'emplois perdus dans l'industrie et 1,5 dans l'agriculture : il faut "rétablir un filtre pour défendre le travail".

Sauveur, restaurateur obligé de vendre sa maison pour supporter et financer son activité économique, se plaint de la ponction fiscale, de l'impossibilité d'embaucher et de s'enrichir par son travail.

Charles, ouvrier dans une entreprise de mécanique automobile rachetée par le groupe américain Catalino. Départ des "investisseurs" apres vente du patrimoine et transfert des capitaux vers d'autres "investissements" aux Etats-Unis. Au bout de 15 jours, apres manifestations et le blocage de la Préfecture, 350 CRS et gendarmes puis une "médiatrice" sont envoyés par le gouvernement. "La priorité c'est avoir un emploi. Je demande au gouvernement une vrai politique industrielle..." "j'ai toujours vécu dans les Ardennes, j'ai ma maison et mes enfants je ne veut pas partir !"

Montebourg "Il y a 2 questions les patrons voyoux et l'absence de poursuite judiciaires et la question des délocalisations, la politique sociale et environnement. "On ne peut pas être pour le libre échange absolu" mais en soumettant l'activité à des normes sociales et environementales.

Devedjian "Il faut injecter des capitaux pour une vraie ré-industrialisation des Ardennes. Ce qui nous, je le crois volontiers, manque c'est une vraie politique industrielle. Dans l'industrie automobile on n'a pas prévu de changement.... Nicolas Sarkosy propose dans son programme 1 an de crédit formation..."

Le Pen " Le public doit savoir que pour ce trimestre nous avons une croissance zéro. Sans croissance, ni politique industrielle et ni politique sociale possible. Il faut retrouver les moyens de la souveraineté économique"... "il faut travailler surtout" interrompt Devedjian, "Nous ne pouvons pas le faire" lui répond Le Pen.
"Il faut concentrer nos efforts en nous occupant des francais sans vouloir révolutionner la charité publique dans le monde entier. Beaucoup de francais sont dans la misere et le désespoir, nos gouvernements surfent sur cette question assez confortablement".

Mr Bayrou... "Je ne sais pas si en 30mn personne ne peut répondre a cette question... Y aura toujours des entreprises qui ouvriront et d'autres qui fermeront. Ne riez pas ! On est en train de décrire un pays qui est dans la misere noire, il est pour partie dans la misère, mais il y a d'autre secteurs qui marchent bien... Dans ma circonscription il y a une entreprise qui fabrique 2 sur 3 moteurs d'hélicoptere qui volent dans le monde. Turboméca s'appelle cette usine. Si on ferme les frontières cette entreprise a 3 000 personnes qui y travaillent. Si ont dit que les frontières sont fermées... On vient de gagner le marché de tous les hélicoptèires des garde-cotes américains", "On exporte 25% de la production" place Devedjian . "Ca veut dire qu'une personne sur quatre travaille pour cette exportation là." aventure Bayrou.

Or le cas Turboméca outre l'intérêt de flater le sentiment de fierté française - prete semble t'il a tous les sacrifices jusqu'à la perte de sa souveraineté et son indépendance économique pour garder sa gloriole - peut être le mauvais exemple à citer.

Si M. Bayrou avait jeté un coup d'oeil aux dernieres informations il aurait appris :

1. Que l'entreprise Safran-Turboméca va doubler ses effectifs aux Etats-Unis (2)
2. Que Safran annonce la création d'une entreprise en joint-venture entre Turbomeca et AVIC II en Chine.
"Safran annonce que sa filiale Turbomeca a signé un contrat ' joint venture ' avec Beijing Changkong Machinery (AVIC II) lors du salon aéronautique Air Show China, portant sur la création de la première entreprise joint-venture entre Turbomeca et une société d'AVIC II.
Celle-ci s'appelle Beijing Turbomeca Changkong Aero-engine Control Equipment Co.
Cette joint-venture assurera le montage et les essais des ensembles hydromécaniques pour les turbomoteurs de Turbomeca et de Bejing Changkong, pour leurs marchés respectifs ', explique un communiqué du groupe. ' Elle sera située à 50 km au nord de Bejing sur le nouveau site du partenaire chinois, dans un parc d'activités de haute technologie. " (3)

Faut-il sacrifier l'industrie et l'economie francaise des 75% des travailleurs au bénéfice d'une minorité exportatrice de 25 % alors qu'à terme ces dernieres confronté à la concurence ne peuvent poursuivre leur activité qu'avec les méthodes libérales de recherche des plus bas couts fiscaux et sociaux, par les licenciements et la délocalisation ?


Ensuite dans l'émission européiste France-Europe-Express le 19 novembre dans "Les femmes au pouvoir" avec comme invitée : Christine Lagarde, championne du monde de nage synchronisée et ballet aquatique, ministre déléguée au commerce extérieur.
Au dela du papotage de commères joyeusement animée par l'inutile Christine Ockrent sur la "parité"; les "compétences" et "le réalisme" supposé des femmes nous avons pendant 10 secondes l'évocation par allusion de la question économique. Une déclaration du ministre délégué restera dans les annales à la place qu'elle mérite : "Efforcons-nous que les voix des femmes soient entendues sur des sujets réels, qui sont l'environnement, qui sont l'éducation, la question de savoir où on met la France dans le monde (la géographie?), et de quelle manière on s'ouvre ou on se ferme. Et j'espère qu'on s'ouvrira."

Tout un programme... Mais aucun chiffre n'a été avancé, aucun argument raisonable discuté et défendu. Il est clair que l'intervention du ministre du commerce extérieur a été négociée de manière à éviter les sujets qui fachent telle la question malheureuse de l'augmentation de 9,2% des importations ou des 26,4 milliards E de déficit commercial en 2005 (5). Heureusement donc qu'il y a des femmes compétentes et réalistes pour faire de la politique !

Le mot de l'émission revient donc à un homme : Serge July, qui dit a propos de la similitude entre le programme social-libéral de Ségolène Royal et de libéralisme appliqué à la société française de Nicolas Sarkozy : "...mais personne n'est dupe !".

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05 novembre 2006

Un déficit commercial est-il forcément pénalisant?

Avec la notion de déficit (ou d'excédent) commercial on touche au coeur de la question d'Economie politique.

C'est ici que vont se trouver vérifiées ou sanctionnées les théories & politiques économiques.
C'est ici que l'on mesure la prospérité ou la ruine d'une nation.

Ricardo dans son interprétation fautive de l'essai d'Adam Smith "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations" (1776) cherche a justifier les intérêts des marchands en s'attaquant au protectionisme et en évoquant une théorie des "avantages comparatifs" :

"L'importation du blé, interdit par des lois protectionnistes (les « Corn Laws »), semble être une solution à la restauration des profits (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital). De fait, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra leur abrogation en 1846.

Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations." (1)

Mais pour vérifier si ces idées sont justes il faut un repère technique ou indicateur, une balance commerciale qui puisse déterminer si la nation sort gagnante ou perdante - n'en déplaise aux adeptes illuminés du mythe de l'échange commercial gagnant-gagnant - au cours d'une période déterminée d'un ensemble d'échanges commerciaux (produits bruts ou manufacturés, services ou actifs financiers, etc.).

Or cet indicateur c'est le solde de la balance commerciale qu'il soit
en excédent ou en déficit.

On comprend dés lors la gène des Antoine Belgodère et autre Ab, partisans échevelés d'une économie sans indicateurs et sans objet politique ; d'un ensemble d'échanges qui ne trouverait sa justification qu'en lui-même... débarrassé de toute astreinte politique, voir scientifique.
Pour ceux-ci reconnaitre que le déficit commercial ait des conscéquences réelles, qu'il aboutirait à l'appauvrissement de la nation voir à son endettement ou sa ruine, serait une remise en cause si fondamentale de la doctrine du libéralisme auto-régulateur et de la main invisible des marchés comme "loi naturelle" de l'économie qu'elle en est inacceptable.

Dire que le deficit commercial n'est pas "pénalisant" pour une nation donnée et pour une peridode déterminée c'est bientot dire que l'indicateur de balance commerciale en lui-même n'a aucune valeur et enfin, apres avoir cassé le thermometre, prétendre que les échanges formant un tout mondial ; qu'il s'agit d'un équilibre général dont les crises et déséquilibres ponctuels représentent les signes du dynamisme... ou mieux encore souligneraient des "réajustements" nécessaires !

Mais finalement pour nous "les anti-modernistes" la question reste classique : le liberalisme est-il supérieur au protectionisme raisonné pour assurer la prospérité nationale ? Les emplois délocalisés en Chine seront-ils compensés par les profits marchands en France ? L'importationisme en vogue depuis les années 80 serait-il responsable du déficit abyssal du budget national aujourd'hui ?

Et finalement quel est l'intérêt pour le peuple francais d'adopter une mode commerciale qui le ruine et remet en cause l'équilibre social et la liberté démocratique elle-même par la désorganisation progressive (en théorie comme en pratique) de l'action publique ?